Une maison déserte plongée dans l'obscurité, un orage grondant à l'extérieur, des pièces sans dessus dessous, tel est le décor de Gone Home, le premier titre de The Fullbright Company. Vu de cette façon, le jeu présenterait le cadre idéal d'un survival horror classique tel qu'il en pleut actuellement au pays des indés. Toutefois, il en va tout autrement puisque nous avons affaire à une histoire racontée avec beaucoup de tendresse et de nostalgie.
Hé ho, y'a quelqu'un ?
Gone home est a appréhender comme une nouvelle littéraire, un court essai dont le but serait de nous faire éprouver des émotions. Ne vous attendez pas à un gameplay de folie puisque le jeu ne propose aucune rencontre, aucun combat ni aucune énigme alambiquées telles qu'on en trouve habituellement dans les jeux d'exploration de ce type. La seule interaction possible avec l'environnement résidera simplement dans la possibilité de saisir de presque tous les objets de la maison afin de les inspecter. Dans la peau de Katie, une jeune étudiante américaine de retour chez ses parents après un séjour passé en Europe, le joueur sera confronté à une situation de départ d'une simplicité presque banale : point de parents à la maison et un étrange mot sur la porte laissé par sa petite soeur Sam lui demandant de ne pas tenter de la retrouver.
C'est donc dans une grande maison vide que débutera notre aventure. Au fil de l'exploration et des interactions avec le décor, on comprendra que l'histoire du jeu nous sera narrée par la lecture de divers documents familiaux répartis ici et là dans les nombreuses pièces de la maison. Toutefois attention, il n'est pas question d'horribles secrets et de découvertes macabres dans Gone Home, aucun horrible monstre ou fantôme ne viendra vous faire flipper ou sursauter au moindre embranchement de couloir. Le but est plutôt de plonger le joueur dans le quotidien intimiste et dramatique d'une famille américaine des années 90 tout en éveillant un fort sentiment nostalgique pour cette époque durant laquelle de nombreux joueurs d'aujourd'hui ont vécu leurs adolescences.
Nostalgie des années 90
Car si vous souhaitez jouer à Gone Home en étant né disons après 1995, vous risquez fort de louper un élément crucial de l'ambiance du jeu. Entre les multiples évocations de la culture pop de l'époque, les cassettes de X-Files trouvées sous les télés cathodiques, les cartouches de NES ou encore le sentiment de se retrouver à l'époque où internet et le tout connecté n'avaient pas encore bouleversé le cadre familiale, Gone Home sera un puissant outil de nostalgie pour les plus vieux d'entre nous (oui, tu as 25 ans donc tu es vieux !). Néanmoins, je ne cache pas que de nombreuses références pourront tomber à l'eau tant elles sont parfois ancrées dans la culture américaine. Un joueur français aura peut-être parfois du mal à s'identifier au passé de Katie faute de culture commune. Mais cet aspect est un réalité un faux problème tant le côté narratif et émotionnel prime sur le reste.
Nous ne pouvons pas vous en révéler plus sur le scénario car ce serait tuer l'émotion de la découverte des événements de la vie quotidienne de la famille Greenbriar. Sachez juste qu'entre les lettres poignantes disséminées un peu partout, les quelques petites énigmes à résoudre (trouver une clé, une combinaison de coffre etc.) et la tonne de chose à lire ou a observer, vous aurez de quoi plonger dans un scénario touchant d'une belle qualité d'écriture dont le déroulement sera laissé au bon vouloir des explorations du joueur.
You are so short !
Deux défauts viennent toutefois entacher ce Gone Home. Le premier réside dans son trop plein de lecture de texte en anglais et l'absence de sélection de langues dans le jeu de base. Si le joueur ne prend pas le temps d'aller récupérer le patch communautaire en français, puis d'aller l'installer via une méthode pas forcément à la portée du premier casual gamer venu, il devra se faire à l'idée de devoir lire des centaines des notes et de livres dans la langue de Shakespeare. Plus grave, le prix du jeu (18,99€ actuellement sur Steam) nous semble excessif au regard de sa faible durée de vie et de son manque total de rejouabilité. Comptez moins de deux heures pour le terminer la première fois et beaucoup moins si vous connaissez déjà les quelques "énigmes" du titre. Bref, d'un côté ces problèmes peuvent sembler bien terre à terre pour un jeu basé avant tout sur l'émotion, mais de l'autre, il nous semblait important de les mentionner.
Comments
Ya que moi que ça choque qu'un jeu qui met en avant la narration ne prend même pas la peine de définir dans quel pays d'Europe on se trouvait ???
Ça me fait vraiment rager ce genre de bourde typiquement américaine. Dans la tête d'une ricain moyen l'Europe découpé en pays, c'est l'équivalent des États unis découpés en...États.
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Bien vu ! Je suis un grand sensible et ce jeu m'a vraiment plu : touchant, il n'est pas très difficile de s'immerger dans la peau de la grande sœur inquiète, et tout devient alors beaucoup plus fort. Il faut aimer la lecture, et avoir quelques notions d'anglais (la traduction est incomplète, suffisante pour comprendre le scénario, mais pas si on veut découvrir toute l'histoire de cette famille).
Terminé en trois heures d'un trait. En prenant le temps de lire chaque document trouvé, et il y en a un paquet. Pourrait-on appeler ça un roman épistolaire vidéo-ludique ?
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Typiquement le genre de jeu qui gagne à être mis en avant ! =D
Il me fait de l'œil depuis sa sortie.^^ La narration me semble vraiment très intéressante : laisser le joueur explorer lui-même l'histoire, qu'il retrace lui-même les événements, pas forcément dans l'ordre… C'est le genre d'idées que j'apprécie. On est loin du "film interactif" : le jeu vidéo a un énorme potentiel pour raconter des histoires ! =)
(et dans le même genre de récit par le jeu-vidéo, j'attends beaucoup du prochain Stanley Parable)
Mais il reste tout de même plutôt cher. >< C'est triste, mais ça me bloque un peu. :/ Pour l'instant, je préfère attendre.
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