Écrire ce test de Virginia, le jeu narratif conçu des mains du studio Variable State, va se révéler être une sacrée épreuve. En effet, rarement un jeu nous avait à la fois captivé à ce point et laissé dans un tel état d’incompréhension à la fin. Quoi de mieux alors, afin de démêler le sac de nœuds que représente notre ressenti, qu’une petite séance d’écriture afin de vous parler de cette expérience vidéoludique hors norme ?
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Toujours plus vite
Anna Tarver, jeune recrue du FBI, se voit remettre une double mission de la part de son supérieur à peine quelques jours après la remise de sa plaque officielle. Elle doit tout d’abord assister Maria Halperin, une agente chargée d’enquêter sur la disparition du jeune Lucas Fairfax. En parallèle, Tarver devra également remettre un compte rendu sur sa coéquipière aux affaires internes du FBI en surveillant ses faits et gestes.
À ce stade, nous vous conseillons de profiter des premières minutes de Virginia dont la narration reste relativement limpide. Car très vite, les événements vont se bousculer et les scènes font défiler plus vite que des luminaires sur l’autoroute.
En effet, l’originalité de Virginia, outre son absence totale de dialogues, est sa mise en scène. Oubliez les longues marches contemplatives de Firewatch car ici, à la manière d’un film, nous passerons d’une scène à une autre comme si notre histoire avait bénéficié d’un montage cinématographique. Le résultat obtenu est pour le moins surprenant puisque Virginia, malgré ses apparences de jeu qui prend son temps, va vite, très vite. Parfois même trop vite puisqu’il ne nous laissera que très rarement digérer les informations reçues.
Si nous pourrions percevoir cette précipitation comme une malheureuse maladresse, il n’en est pourtant rien tant la narration accélérée et parfois décousue de Virginia devient une véritable signature. Sa marque de fabrique en quelque sorte.
Un mystère pour les embrouiller tous
Alors que le générique de fin de Virginia défile devant nos yeux grands ouverts, nous ressentons le besoin impérial de relancer le jeu une seconde fois car pour être franc, nous ne sommes pas certain d’avoir tout saisi d’un scénario qui, contrairement à la majorité des productions actuelles, ne dévoile pas son intrigue à coup de gros indices peu subtiles mais par petites nuances discrètes.
De plus, étant donné que le récit auquel nous assistons mélange réalité, rêves et hallucinations, il est parfois malaisé de démêler le vrai du faux ainsi que le concret du symbolique. Résultat : nous pataugeons dans les spéculations à n’en plus finir. L’enquête sur la disparition de Lucas devient presque secondaire passé la première heure puisque deux autres fils conducteurs viennent s’y greffer : le passé de Maria Halperin et dans une moindre mesure, celui d’Anna Tarver.
Nous pourrions reprocher à Virginia d’être intentionnellement cryptique, de nous maintenir dans le désarroi sans nous laisser le temps de nous retourner sur les événements passés. Pourtant, avec le recul, Virginia nous apparaitre comme étant un jeu qui ne nous prends pas par la main et qui se veut riche en indices à interpréter. Chaque scène nous dévoile une minuscule pièce de l’énigme et il sera nécessaire de relancer le jeu une seconde voir une troisième fois afin de les assembler mentalement.
Pour toutes ces raisons, il est bien délicat de recommander Virginia. De notre point de vue, nous sommes ici en présence d’un titre qui, jeu narratif oblige, présente très peu d’éléments de gameplay. Pendant les 2 heures que dure l’aventure, vous allez vous contenter de marcher, fouiller et observer. Toutefois, il suffit de considérer que l’analyse des indices en vue de comprendre Virginia est en soi un élément de gameplay excepté qu’ici, ce n’est pas un boss particulièrement retors qui va vous empêcher d’atteindre la « vraie » fin mais un puzzle scénaristique.
Comments
Jeuvidéo.Com a mis un... 9/20 .
J'ai pas compris... ok, il est clairement imparfait et assez déroutant, mais c'est quant même ultra sévère !
Ce qui est sûr, c'est qu'il ne laisse personne indifférent Moi, mon choix est fait, dès que possible je l'essaye !
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Comme Fir3fly03, la démo m'a un peu barbouillé... mais l'univers déroutant et cette idée de montage cinématographique nous attirent tellement qu'il va bien falloir faire un effort.
Merci pour le test !
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J'ai de la peine à comprendre toutes les reviews positives que je lis sur ce jeu.
J'ai pour ma part été super ennuyé. J'ai aucun problème avec l'interactivité limitée, au contraire. Mais plus qu'un parti pris "original," pour moi ça doit servir le propos. Ce qui, jusqu'à présent dans ma session de jeu d'un peu plus d'une heure, n'a absolument pas été le cas. Pire, je trouve que les moments où le joueur a plus de liberté, ça casse le rythme et les intentions narratives. Je me suis retrouvé à plusieurs moments à vouloir regarder autour de moi, explorer là où il n'y avait rien. Si bien que je me suis senti comme l'acteur d'un film qui aurait mal appris son scénario.
Il y a plein de moments dans le jeu où il faut juste cliquer pour faire avancer la scène. C'est super artificiel, ça sonne comme un alibi pour dire "regardez, c'est un jeu".
Alors oui, le surréalisme quasi lynchien du scénario en général est franchement plaisant et rafraîchissant. Il en va de même pour l'aspect esthétique du jeu que je trouve franchement maîtrisé et intéressé. Entre le propos presque sombre et le rendu général assez doux, la dissonance qui en résulte est intrigante.
Dans le même genre, Thirty flights of loving est pour moi, BEAUCOUP mieux réussi. Plus concis, plus décomplexé quant à son rapport à une interactivité limitée, l'expérience qu'il délivre me paraît mieux maîtrisée.
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Merci beaucoup pour la comparaison avec Thirty Flights of Loving ! J'ai beaucoup aimé ce jeu, et je me demandais comment Virginia reprenait les concepts d'interactivités limité et de cut. Pas avec brio, donc.
Je jouerais tout de même à Virginia pour me faire un avis. Mais peut-être que je vais d'abord me lancer dans Quadilateral Robots en priorité !
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Il y a l'article de Kill Screen qui reprend ton argumentaire.
Même si Virginia est à moitié loupé, il vaut peut-être qu'on s'y intéresse ?
Etonnamment même la critique de Kill Screen, pourtant très négative, donne envie de s'y pencher. Elle suscite la curiosité.
Il y a quelque chose du fantasme dans Virginia. Qu'on en sorte déçu ou non n'est pas si important. Peut-être même que ça ne tient qu'à un fil...
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À un fil... ou des attentes.
J'avoue que les miennes étaient assez hautes, d'où peut-être le contrecoup.
Néanmoins je te rejoins, l'exercice reste intéressant et je ne regrette pas du tout de m'être penché dessus.
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Je suis ennuyé parce que j'ai l'impression d'avoir rater un truc xD
Mais il est très bien ton test! D'ailleurs je pense qu'effectivement le truc qui m'a manqué c'est de vouloir relier les différentes pièces du puzzle narratif pour en dégager le sens. Je vais sûrement le refaire et me conditionner pour avoir cet objectif en tête.
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