Test - Contrast, entre ombre et lumière

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Rédigé par MrDeriv, publié le 15/11/2013, modifié le 30/11/2013
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L'heure est venue de faire la lumière sur Contrast, le premier projet de Compulsion Games édité par Focus Interactive. Un jeu d'ombre et de lumière situé dans un univers surréaliste orchestré par l'ambiance très jazzy des années 20 d'une ville européenne imaginaire aux accents d'un Montmartre plongé dans la fumée émanant des cabarets.

Entre ombre et imaginaire

Didi est une petite fille attachante mais esseulée. Sa mère, pourtant pleine d'affection pour elle, est accaparée par son métier de chanteuse de cabaret. Voilà pourquoi très souvent le soir, elle se retrouve seule dans le petit appartement familiale sous les toits, attendant l'hypothétique retour d'un père absent, trop occupé à tenter de redresser leur situation financière en multipliant les affaires foireuses. Elle trouve son seul réconfort grâce à une amie imaginaire, une belle jeune femme aux cheveux courts et à l'accoutrement très vaudevillesque nommée Dawn. C'est ce personnage que Contrast propose d'incarner ; un être évoluant dans une réalité alternative seulement capable de voir Didi et les ombres des habitants de la ville. Ces mêmes ombres vont permettre à la trame scénaristique du jeu de se développer car les dialogues (en français), se dérouleront toujours à la manière de projections de silhouettes sur les murs.

On y apprend que le père de Didi est en train de monter un cirque afin de se refaire une santé financière. Malheureusement, ce dernier s'est associé à une bande de prêteurs d'argent crapuleux lui garantissant un triste sort si le spectacle venait à échouer. Didi va donc employer tous les talents d'acrobate de Dawn pour aider secrètement son père à réussir, un acte qui, elle l'espère, permettra de ressouder le cocon familiale.

Lumière sur les énigmes

Tout l'attrait du gameplay de Contrast réside dans la capacité de Dawn à pouvoir passer de l'état "physique" classique en 3D à celui d'ombre projetée sur les murs en 2D. Cette feature de gameplay n'est pas sans rappeler un certain A Shadow's Tale, titre énigmatique et poétique sorti en 2010 sur Wii qui, malgré de bonnes critiques, n'avait pas rencontré le succès escompté. La comparaison est évidente puisque les phases de plateforme et les énigmes en mode ombre utilisent bien souvent les mêmes ficelles. Toutefois, je ne crierai pas au plagiat ici puisque finalement, il semble assez logique de retrouver des similitudes entre deux jeux basés sur une idée universelle commune. Contrast parvient à se démarquer grâce à une atmosphère très jazzy ainsi qu'un bon travail sur son ambiance musicale non dénuée de charme.

Chaque chapitre du jeu sera l'occasion d'alterner entre l'ombre et la lumière afin de résoudre une série d'énigmes toujours accompagnées de plateforme. Les capacités spéciales de Dawn viendront peu à peu s'étoffer grâce à l'ajout d'un dash avant permettant de briser quelques éléments de décor ou encore de passer à travers certaines ombres peu épaisses. Plus tard, il sera même possible d'emporter quelques objets dans les ombres (des caisses et des boules). Toutefois, c'est ici que réside ici pour moi le plus gros point faible du jeu : à aucun moment, la structure des énigmes ne parvient a décoller et à atteindre l'exigence qu'un joueur serait en droit de demander au vue de l'ambiance sophistiquée du titre. La trop grande simplicité des casse-tête fait que l'on survole les niveaux en se demandant constamment à quel moment le titre prendra son envol pour enfin utiliser les jeux d'ombres de façon plus avancée. Seulement ce moment n'arrivera jamais. À peine Contrast a-t-il le eu temps de nous surprendre avec une phase sympathique de plateforme largement inspirée de Limbo que l'on retombe encore et toujours dans la même routine d'énigmes à savoir, déplacer un projecteur pour orienter les ombres dans la bonne direction, sauter dessus et passer à la suite. C'est dommage car des éléments comme les caisses et les boules à faire passer d'un monde à l'autre ou encore les quelques collectables à collectionner auraient pu permettre de relever le niveau des énigmes mais cela n'est jamais le cas.

Une ambiance mystérieuse qui peine à décoller

Autre point dommageable pour le jeu, sa finition. Autant graphiquement le titre s'en sort très bien, autant il m'est souvent arrivé de pester contre les imprécisions et les bugs de collision assez nombreux durant l'aventure. Je suis par exemple tombé plusieurs fois sous le décor et, comme vous pourrez le voir dans notre Indie Review, il arrive souvent que le personnage se coince dans quelques éléments du jeu. Ce manque de polish relève presque du gâchis car l'ambiance de Contrast avait largement de quoi lui permettre d'en faire un titre indépendant majeur et mémorable. Seulement voilà, l'aventure peine à décoller et le scénario, bien que distrayant, ne propose finalement que trop peu de surprises pour se révéler captivant. Saluons toutefois les nombreuses références au cinéma et à l'ambiance artistique de cette époque portée par de nombreuses affiches ou des scènes évoquant par exemple Casablanca ou encore Nosferatu. Je déplore néanmoins le manque d'explication de la plupart des éléments intrigants de Contrast. Pourquoi la ville flotte-t-elle dans le vide ? Où se situe le réel et l'imaginaire ? Comment Dawn peut-elle interagir sur le monde physique ? Tant de questions restant inexplicablement sans réponses, comme éludées par un impératif poétique qui malheureusement ici ne semble jamais véritablement nous faire oublier les défauts du jeu.

J'ai terminé le jeu en trois heures environ, ce qui est assez court et, même si je n'ai pas eu le temps de m'ennuyer, je ressort finalement de cette expérience avec plus de questions et de regrets qu'à mon arrivée. Contrast m'attirait, son univers, son ambiance embrumée par la fumée des cabarets, son héroïne pleine de charme, ses promesses de gameplay entre ombre et lumière...et pourtant, maintenant l'aventure bouclée, je n'en ressors pas grandi, peu émerveillé et trop peu surpris par un titre aux allures d'inachevé.

Une jolie déception
Contrast avait tout pour réussir, un univers jazzy accrocheur, un gameplay entre ombre et lumière permettant de créer une multitudes d'énigmes corsées et variées. Et pourtant, le sentiment éprouvé en bouclant l'aventure en à peine trois heures tient plus de l'inachevé que du mémorable. À aucun moment le titre ne parvient à faire décoller ses énigmes et ses mécaniques de jeu. Trop simple, il se survole de façon quasi machinale. Heureusement que l'ambiance globale parvient à tirer son épingle du jeu, mais cela ne nous semble pas suffisant pour en faire un jeu indépendant qui restera longtemps dans les mémoires. Disponible au prix de 19,99 € sur Steam, sur PS3/ Xbox 360 et sur la nouvelle PS4, il est à noter que le jeu est offert aux possesseurs d'un compte PS+ et que cela reste, à l'heure actuelle, peut être la meilleure façon de le découvrir en attendant les soldes.
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