Il y a quelques mois, Kickstarter avait assoupli ses règles de soumission de projets sur sa plateforme. L'objectif à ce moment là était simple : soulager leurs managers vérifiant le sérieux des projets en les remplaçant par des "robots" et augmenter davantage le nombre de financements participatifs afin de garder une longueur d'avance sur Indiegogo.
Quand on touche au porte-feuille...
Avec ces règles de soumission allégées, il était alors possible pour n'importe qui de créer sa page, afin d'espérer récolter des fonds du moment que le robot analysait le contenu comme "pertinent". Les dérives moqueuses ont fait le buzz à ce moment là, avec la célèbre "salade de pommes de terre" ayant récolté quelques 56 000 dollars pour "la blague", avec d'autres salades variées surfant sur la vague du lolz et des contreparties inutiles qui ont participé à décrédibiliser la plateforme qui permet tout de même à de beaux projets de naître. Entre qualité et quantité, Kickstarter avait alors tranché et semblait prendre la route de l'expansion à tout prix. Après avoir terni la réputation du site et celle du crowdfounding malgré lui, Kickstarter vient de modifier ses règles.
En effet, c'est suite à une plainte déposée en mai 2014 à l'encontre d'un des financements hébergés que le site a fait ce choix. La raison est simple : se protéger de ce genre de situations en se déchargeant des responsabilités sur les créateurs de projets. Celui incriminé qui aurait dû recevoir la plainte n'avait en effet pas fourni les contreparties prévues dans ses paliers de paiement aux donateurs. Les nouvelles règles du site précisent notamment qu'il faudra à présent :
- expliquer l'usage des fonds ainsi que l'avancement du projet et ce qui permettra de le finir comme prévu
- faire de son mieux pour tenir les délais indiqués aux donateurs
- être capable de fournir la preuve que les fonds ont été utilisés correctement dans l'intérêt du projet
- être honnête quant aux déclarations faites aux donateurs sur l'état du projet
- permettre aux donateurs n'ayant pas reçu leurs contreparties d'être remboursés proportionnellement à la valeur du don ou expliquer comment cette somme sera utilisée autrement
Faire la part des choses
Il est toujours utile de rappeler que sur tous les projets de crowdfunding, il s'agit de dons et uniquement de dons, et non d'achats. Les contreparties présentes ne sont qu'une façon de remercier les donateurs de différentes manières, que ce soit avec des récompenses virtuelles ou physiques. Comme tout domaine se rapportant à l'argent, des personnes malhonnêtes tentent de profiter de ce système : il convient donc à chacun de rester prudent et de s'informer.
Néanmoins, il ne faut pas se focaliser sur les arnaques ou les projets financés qui ne sortent jamais, car ceux-ci sont souvent sur-médiatisés et faussent la vision de réussite de l'ensemble de ce mécanisme. On pourrait d'ailleurs dire la même chose vis à vis des Early Access dont chaque projet abandonné provoque un raz-de-marée de commentaires négatifs à l'encontre de ce système alors que ces derniers restent pourtant grandement minoritaires. Mais ça, c'est une autre histoire...
Sources: Gamasutra
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11/11/24011/11/240
Comments
En realite, d'un point de vue juridique, je ne suis pas sur que ce soit des dons a proprement parle (le don etant un acte fait a titre gratuit qui n'implique donc aucune contrepartie). A partir du moment ou une promesse de retribution est faite, ca se rapproche d'une offre de contrat de vente/contrat d'entreprise (selon la prestation fournie en echange).
Je ne me suis pas plonge dans la plainte du procureur general de Washington mais c'est surement l'un des fondements de leur plainte...
J'aurais tendance à penser de même, sachant qu'au surplus les dons sont particulièrement encadrés en France (acte notarié en principe, exception faite des petites sommes données de la main à la main).
La plupart des projets KS sont même des préventes !
" Faire de son mieux ", " preuve que les fonds ont été utilisés correctement dans l'intérêt du projet " ... c'est subjectif tout ça.
Chacun a sa façon de travailler et de voir les choses. Quelqu'un peut en toute bonne foi se dire qu'il a fait de son mieux, et pourtant laisser les backers sceptiques.
Que faire à ce moment là ? On annule le projet ? On impose au développeur/créateur une manière de travailler ou une direction dans son ouvrage ?
Quant à apporter la preuve... je ne vois pas trop comment ça peut être applicable. Le mec doit fournir toutes les factures de ses dépenses durant tout le temps du projet ?
Évidemment un arnaqueur qui abuse de façon flagrante serait démasqué assez vite comme ça. Mais c'est pour tout les autres que ça pose problème.
À partir de quand considère-t-on qu'il y a de l'abus ? Qui le décide ? Et quelles seraient les conséquences ou pénalités ?
Tout ça, ça va forcer Kickstarter et les utilisateurs à créer un cadre (qu'il soit clairement défini ou sous-entendu), et les dev/créateurs à rentrer dedans pour être financer par ce biais.
Du coup " indépendance " mes fesses. :s
Vous me direz que de toute façon c'est déjà le cas (l’indépendance toute relative) puisque pour être financé il faut plaire au public. C'est pas faux.
Mais là on rentre quand même dans quelque chose de très personnel et qui touche au processus de création, la façon de créer et de mettre en place un projet. Comment définir de façon objective si quelqu'un fait de son mieux ? Et a fortiori comment en apporter la preuve ?
En tout cas, maintenant que ces règles ont été posées, il va bien falloir trouver la réponse...
Et c'est ainsi que Seldell atteignit le point père castor.
Sinon loin de moi, l'idée de vouloir être pointilleux mais il me semble que "Faire de son mieux pour parvenir à terminer le projet [...]" est un peu léger. Sur la page de Kickstarter, il est dit que les projets financés DOIVENT être finis et correspondre aux rewards.
Simplement pour souligner qu'entre l'obligation, et faire de son mieux, la différence était notable.
("When a project is successfully funded, the creator must complete the project and fulfill each reward" => la phrase précise)
L'idée était en fait de faire de son mieux pour tenir les délais, pas faire de son mieux pour terminer le projet (ce qui est une évidence). La phrase était "faire de son mieux pour terminer le projet dans les délais", donc ton découpage enlève le mot principal : "délai". Ma formulation est sans doute ambiguë. je vais essayer de préciser
C'est la différence entre obligation de moyens et obligation de résultat.