Après s'être taillé une part de choix dans le marché du jeu indépendant grâce à Surgeon Simulator 2013, les développeurs de Bossa Studios relancent la machine avec un nouveau soft déjanté reprenant l'idée d'un concept original étendu à la sauce "WTF".
Salut la mie !
Pourquoi s'embêter à chasser les colosses dans une atmosphère onirique, ou bien pourquoi lutter contre des chevaliers et une sorcière armé d'une pelle, quand il est possible de jouer avec un bout de brioche ? Hein ? C'est bel et bien l'idée de I am Bread, incarner une tranche de pain, la rendre la plus savoureuse possible et lui faire atteindre un grille-pain pour la faire toaster. En effet, c'est d'adresse dont vous aurez besoin mais aussi de patience. Car oui, le plus gros facteur "fun" du bousin provient principalement de son gameplay rendu volontairement ultra-fastidieux pour donner lieu à des situations cocasses. Chaque action demande un effort considérable et ce qui nous tient accroché à la manette est aussi le fait de s'auto-lancer nos propres défis : vais-je réussir à faire tomber cet objet ? Peut-on aller ici ? Le genre de chose que l'on aime faire dans un jeu qui nous laisse libre.
Du pain béni pour les "Youtubeurs"
Qu'on se le dise, malgré le fait qu'il ne soit pour le moment disponible qu'en accès anticipé sur Steam, I am Bread est déjà un succès critique (oui, oui !) et commercial. Sur 650 évaluations à ce jour, 88% sont positives et laissent entendre que le jeu de Bossa Studios est super drôle et que la frustration, c'est cool. Sans émettre de jugement de valeur, respectons les points de vue de chacun, il faut bien admettre que les joueurs ont apprécié l'expérience qui leur était proposée. Certes, on pourrait leur répondre que 10 € pour ce genre de production est sans doute un peu cher et que, contrairement à Octodad, la maladresse dans la jouabilité n'est pas réellement justifiée ici avec, en plus, très peu de contenu à se mettre sous la dent... bref. Il est beaucoup plus intéressant de garder un oeil attentif sur un phénomène beaucoup plus pervers quant à l'orientation des choix de game design faits par certains studios. Qui est réellement la cible de ce genre de jeux ? Un thème drôle et improbable qui parle à tout le monde, une maniabilité qui force l'erreur de manipulation, un terrain de jeu pour faire des actions funs suffisamment petit pour en faire le tour rapidement : plus qu'un jeu, I am Bread est un authentique plateau de tournage. L'ambition est louable. Après tout, pourquoi passer des années à faire un jeu génial qui passera inaperçu alors que l'on peut créer un concept simple et efficace qui, sans dépenser le moindre centime, aura une visibilité digne d'une campagne de com' coûtant quelques centaines de milliers d'euros ?
Dernier point intéressant dans la démarche de Bossa Studio, le choix de l'accès anticipé. Si ce mode de distribution permet de travailler avec sa communauté pour concevoir un jeu selon ses envies, n'oublions pas non plus qu'il permet également de s'affranchir des critiques de la presse. Pas de version complète : pas de test, donc aucun risque de subir les foudres des notes parfois assassines pour ce type de jeu. Clairement, la presse spécialisée n'a aujourd'hui que peu d'impact sur les ventes mais se passer de leurs papiers peut, dans ce cas, s'avérer bénéfique. De tout ça, il ne reste que l'avis des joueurs, pour les joueurs, soit un point de vue tout autant recevable et intéressant. La simulation de tranche de pain ne fera clairement pas l'unanimité, mais chacun est libre d'aimer ce qu'il veut et comme le disent certains : "Après tout, le jeu le plus vendu du PSN n'est qu'un jeu couloir de 15 € que tu plies en une heure, dans lequel tu ne fais qu'avancer et sauter dans du sable en espérant qu'il se passe quelque chose". Oui, ça fait mal quand on aime Journey, mais il ne faut jamais oublier que tous les gouts sont dans la nature et qu'il est possible de les respecter ! Pour l'heure, I am Bread est un jeu qui séduit les foules et qui a su gérer sa communication avec soin et nous vous en reparlerons volontiers lorsque son développement sera terminé.
- Si I am Bread vous intéresse, retrouvez-le en Early Access sur Steam
Comments
La réflexion est intéressante, et a le mérite de ne pas condamner le jeu. D'ailleurs pour compenser, la question des jeux créés uniquement pour Youtube avait déjà été évoquée à l'annonce du jeu dans Gamasutra… Par les développeur eux-même, expliquant qu'ils jugent que créer un jeu pour Youtube est une très mauvais idée.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de cracher autant sur ce jeu (ni Depression Quest entre parenthèse, un excellent titre :p). Là où on a effectivement une mode de jeu calibré pour Youtube et/ou n'importe nawak, I am Bread offre une jouabilité originale et vraiment intéressante. Je ne pense pas qu'elle soit maladroite, bien au contraire : là où le jeu de plate-forme classique habitue à des contrôles faciles, le challenge réside ici à l'art de se déplacer en gérant les quatre coins de son carré. C'est original, et bien pensé. Le jeu perdrait tout son intérêt sans, qu'il s'agisse d'une tranche de pain ou non. La frustration est la même que dans d'autres jeux aux contrôles peu conventionnels, comme Yoshi Touch'n Go, Gish, ou Monkey Ball (tavu les références récentes et d'actualité ^^'). Il ne s'agit pas de contrôles maladroits ou brouillons (comme ceux de Goat Simulator), mais d'une maniabilité originale qui pousse à revoir ses habitudes. Le jeu, ce n'est pas toujours que contrôler un personnage et le faire sauter. I am bread surfe peut-être sur une vague, mais il a un concept intelligent et fun d'un point de vue ludique.
Reste la question de l'early-access et du prix. Mais c'est un autre débat. À mon sens, si les développeurs veulent vivre de leur jeu, c'est avant tout à eux d'estimer le prix de leur travail. Si c'est trop cher pour les joueurs, tant pis pour eux ça fera un flop, mais si le jeu marche, bah tout le monde est content.
Hop hop pas de détournement de mes propos siouplaît! Je parle de Depression Quest parce qu'il me fallait un exemple parlant, récent et hors Goat/Surgeon/Octodad afin de traiter de ce copinage.
Parce que pour l'instant on a une jolie bulle indé (bon avec quelques enfoirés qui se tirent avec la caisse de l'early access parfois) mais à terme ce fonctionnement de sortir des produits pas finis et les faire vendre par des pseudos-testeurs va desservir ceux qui se raclent la soupière à pondre des concepts, mais surtout ceux qui vont prendre le temps pour les rendre jouables sans aller prétexter une insécurité voulue pour le joueur (ou une frustration appelez ça comme vous voulez pour moi ça reste une justification au bâclage).
Parce que du WTF jouable c'est pas ça qui manque et en concept de cuisine non plus, à 20€ à l'époque y'avait Ifluid qui te proposais d'incarner un goutte d'eau qui devait traverser la cuisine (c'est dire si ils se sont creusés sur Ibread les types!) et là c'était jouable.
Et quand je vois les Katamari, Noby Noby Boy, Pain, Paper Please, Mc Pixel, Plague et consorts, je sais qu'on peut faire du fun/WTF de façon propre et honnête!
Créer un jeu pour YouTube est une très mauvaise idée... sauf si le jeu se vend outrageusement bien parce que dès le départ on savait parfaitement qu'il s'y taillerait une part de buzz d'enfer !
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Je veux dire, dans l'absolu, bien sûr que c'est tout à fait louable de vouloir faire parler de sa création, mais soyons honnête : ça se mérite, et c'est pas pour une quelconque qualité ni même originalité dans le cas de I Am Braid.
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C'est juste comme le dernier tube FM formaté pour être un sous-produit de marketing viral apte à rapporter vite et gros avant de disparaître fissa. De la pollution sonore ou visuelle. Du harcèlement. De la lobotomie. La belle vie moderne, quoi.
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Hem...
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Bon là on parle de I Am Braid parce que c'est le titre concerné par la news, mais je ne cherche pas à le condamner lui en particulier, hein. C'est cette tendance malsaine - comme trop souvent avec tous les enjeux créés par Internet - qui me lasse, parce que c'est toujours pareil, parce qu'on saute dedans à pieds-joints, et qu'on se gausse devant des machins comme PewDiePie & Co. sans rien remettre en question, surtout pas non non...
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Même ceux qui ne jouent pas en parleront, de cette tranche de pain de mie à dix balles, parce que : c'est cool, c'est... swag.
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Désolé.
J'apprécie ce format de billet d'humeur de la part d'At0mium, c'est toujours intéressant de soulever quelques questions et, ici, de s'interroger sur le bien-fondé de la démarche de certains studios qui, sous couvert d'une débilité assumée soi-disant juste pour de rire LOL WTF, profitent allégrement du phénomène Let's Play et compagnie pour vendre leurs produits de consommation par palettes.
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Sitôt joué, sitôt filmé, sitôt jeté. Au suivant. Vite on s'ennuie ! Faut faire du like et du pouce pour nos amis publicistes ! On s'en fout si c'est de la m...
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De toute manière, on savait que les chiffres de ventes surpasseraient la raison, et ce avant même que la sortie soit officielle et que les premiers tests traditionnels ne soient publiés. C'est beau le bouche-à-oreille. Enfin, aujourd'hui il existe un terme qui remplace le précédent : le BUUUUUZZZZZZ !!!
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Alors, qu'est-ce que ça peut bien faire qu'on descende un titre, qu'on le déconseille, qu'on émette des réserves ne serait-ce qu'à cause d'un tarif absolument non justifié, par exemple ?
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Objectivement, de tels ovnis existent depuis toujours, du moins depuis qu'on arrive à jouer confortablement sur navigateur, ou plus largement que des amateurs ont eu la possibilité de publier leurs expérimentations à une grande échelle. Aujourd'hui encore, de nombreux sites de qualité se spécialisent dans la mise en avant de ces jeux vidéos hors du commun, originaux, souvent ratés et parfois très bons. Et il y en a à la pelle, de bien plus drôles que celui qui nous intéresse ici, ou autre simulateur de chèvre. Et c'est gratos, ce qui rend la blague d'autant plus piquante.
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I Am Bread y aurait sa place, et nulle part ailleurs, surtout pas dans le top 10 des plus grosses ventes du moment sur certaines plateformes. C'est, tout au plus, une démo technique, ou quelque chose comme ça.
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Ces farces vidéoludiques qui pullulent avec la grasse monétisation des vidéos d'une certaine frange de Youtubeurs faux-clowns-vrais-businessmen ne sont qu'une des innombrables modes ultra-éphémères d'un Internet pécuniairement orienté et qui profite à qui sait oser l’impensable il y a quelques années à peine.
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Les dérives d'un système, comme on dit, non ? Les principaux intéressés auraient, après tout, tort de s'en priver. M'enfin...
Mouai, j'ai franchement l'impression que dans les équipes de dev y'en a qui ont bien écouté le cours de "je te pose une bouse et t'expliquerai le raisonnement qui justifie son existence ensuite" façon artiste contemporain raté avec de bonnes raisons bien alambiquées histoire de cacher sa médiocrité.
Et le pire c'est qu'ils se sont foutus en symbiose cette nouvelle race de parasites-vendeurs-de-tapis que ce sont les youtubers, suivis par des milliers de gogos qui vont continuer de faire gonfler la bulle des jeux sois disant WTF (mais juste injouables dans 70% des cas) jusqu'à ce qu'elle éclate (oui oui souviens toi des Nintendogs et leur hype de 3ans, c'est juste ce qui t'attends là mon ami).
Depression Quest ne vous a pas suffit comme exemple? Et bien continuez d'encenser ces guignols qui sont entrain de décrédibiliser de vrais artistes.
Le problème At0, c'est que vous êtes entrain de scier l'échelle sur laquelle vous vous êtes hissés (j'imagine que ça n'a pas dû être simple à l'installer et pourtant aujourd'hui qu'elle est belle et fiable la trois-pans d'indiemag) à force de faire de la pub pour ces tocards, jusqu'au jour où plus personne ne vous prendra au sérieux de peur de se faire encore fourguer une merde.
Et ça marche car j'aimerais bien l'essayer, mais pas de là à dépenser 10 € pour un jeu auquel je vais jouer une fois.
Il faut aussi y voir la crise actuelle due aux sorties quotidiennes de nouveaux jeux. Il faut bien trouver comment exister et se faire remarquer.
Par contre si le gameplay est volontairement simpliste et compensé par une maniabilité capricieuse, ils ne peuvent pas cacher leurs intentions. Le même jeu avec une maniabilité au poil et un gameplay exigeant pourrait être un excellent jeu de plateforme.
Petite faute à la fin sur « il ne faut jamais oublié ».
Et pour l'intertitre, plutôt que de bonbon, j'aurais titré « Du pain béni pour les youtubeurs ».
Validé !
EXCELLENT !!
Je suis un peu tristesse de voir cette nouvelle catégorie de jeu :'(
"Nouvelle"? Boaf, tant que ça?
Pain reste une expérience que j'avais adoré (malgré les nombreux dlc qui rendaient le jeu très coûteux au final si tu voulais jouer à tout). I am bread me le rappelle vachement.
Moi j'aime bien ça.
Après bien sûr que ces jeux peuvent jouer sur l'effet let's play. Mais en quoi c'est mauvais? Si un jeu peut divertir autant celui qui joue que celui qui regarde, c'est encore mieux non? Après c'est pas des expériences exceptionnelles qui boulversent les émotions, mais c'est des expériences super cool quand elles sont bien faites (est-ce que celle ci est bâclé ou pas, ça je ne sais pas.).
En lisant les commentaires je trouve qu'on se rapproche du débat "Simu vs Arcades" des jeux de courses. C'est différent c'est tout. J'ai l'impression de voir des fans de Grand tourismo s'indigner du fait que certains jeux puissent ne pas avoir une conduite type simulation et se vendre quand même.
Certains jeux et abus peuvent être un problème (et encore que.. c'est le problème des acheteurs après.), mais le genre de jeux un peu WTF c'est ni nouveau ni mauvais pour moi. Surtout si ya des qualités cachés derrières (Pain avait un lvl design excellant, ça se voyait pas au premier coup d'oeil).