Test - Dusty Revenge, la revanche du lapin bourrin

Méfiez-vous la prochaine fois que vous anéantirez les proches d’un lapin adepte de la castagne, il pourrait vous le faire payer très cher ! Dusty Revenge se présente comme un beat’em all dopé à la bêta-carotène mettant en scène un héros aux oreilles aussi grandes que son envie de vengeance. Le tout se déroule au sein d’un univers exotico-western industriel rempli de bestioles à fourrure. Un mélange original qui s’inspire tout de même très grandement d’un autre titre du genre, ténor indé des Beat’em all bourrins, Shank (1 et 2). La comparaison est plutôt flatteuse pour Dusty Revenge mais arrivera-t’il à proposer une expérience de jeu toute aussi excellente que la saga de Klei Entertainement ? Réponse dans ce test.

LA CAROTTE DES GRAPHISMES.

Comme de nombreux joueurs j’imagine, l’envie de m’essayer à ce Dusty Revenge a principalement été provoquée par son habillage graphique. De ce point de vue là, PD Design Studio a su peaufiner son projet pendant presque deux ans de développement. Le résultat à l’écran rappellera le rendu cartoonesque et gore de Shank avec un enchaînement de patelins poussiéreux, de saloons truffés d’ennemis, d’entrepôts désaffectés et de forêts luxuriantes fleurant bon le combat à chaque coin de baobab. Le jeu enchaîne plateforme exigeante (à parcourir à l’aide de vos immenses oreilles), combats de masse et affrontements contre des boss bien difficiles tout au long de ses neuf environnements. C’est beau, c’est propre, c’est plutôt bien animé dans l’ensemble mais on ressent assez vite un certain manque de variété voire une certaine monotonie dans les arrières plans. Rassurez-vous, ce détail ne viendra pas assombrir votre expérience de jeu… car un autre aspect de Dusty Revenge se chargera de le faire à merveille : son gameplay !

LAPIN BOURRIN !

Au rayon des possibilités d’action, Dusty (le héros lapin) dispose d’une belle brochette de combos et d’armes secondaires pour trucider à tout va des hordes d’ennemis armés jusqu’aux dents. L’attaque basique et légère peut s’enchaîner plusieurs fois de suite afin de réaliser des enchaînements tous aussi impressionnants que dévastateurs. Une paire de pistolets, un fusil à pompe et une faux viennent compléter cet arsenal afin nous mettre entre les mains l’un des lapins les mieux armés du moment. Les oreilles de Dusty serviront aussi d’armes meurtrières et seront souvent utilisées en tant que mouvements de combo. Mieux encore, on pourra aussi compter sur l’aider de deux alliés, un ours armé d’un mortier et un chien sniper pour nous aider à tout moment à shooter des groupes d’ennemis ou encore à débloquer certains passages cloisonnés. Le système d’expérience du jeu ne vous permettra pas d’acheter de nouvelles capacités par vous-même mais débloquera automatiquement de nouveaux combos. Après lecture de ces éléments de gameplay, vous êtes tout à fait en droit de vous dire « Génial, avec une diversité pareille dans un Beat’em all, ce jeu doit être sacrément fun et nerveux à jouer ! « . Et vous auriez eu raison… si seulement le jeu n’avait pas été entaché par un gameplay plus que bancal.

LAPIN CRÉTIN ?

Je m’explique, pour que le système de combat d’un Beat’em all fonctionne et récompense la technique du joueur, il est nécessaire de le rendre à la fois exigeant et réactif. D’une de ces exigences ni trop dure ni trop permissive, elle seule capable de nous faire sentir maître de notre personnage. Sur ce point, Shank réussissait parfaitement son exercice de genre en proposant un système de jeu nerveux avec du répondant. Ce n’est malheureusement pas le cas de ce Dusty Revenge pour le moment ! En l’état actuel et sans patch, le système de combat souffre de nombreux défauts rendant l’expérience de jeu plus frustrante qu’amusante dans bien des situations. Les coups portés offrent une distance de touché parfois approximative, les combos aériens figent le personnage dans les airs l’empêchant souvent de toucher certaines cibles au sol et les contrôles manquent de répondant. Pire encore, la parade, élément crucial dans la plupart des jeux d’action, ne peut pas être déclenchée suffisamment rapidement entre deux coups pour permettre au joueur de parer et contrer une attaque qu’il avait pourtant anticipée. Pris dans une mêlée générale, Dusty sera alors bien souvent projeté de tous les côtés sans laisser la moindre chance au joueur de faire preuve de skill. Ce problème est engendré par la trop petite fenêtre d’invulnérabilité laissée au héros lorsque ce dernier subi une attaque. C’est simple, on a peine le temps de se relever que déjà un ennemi se jette sur nous pour nous remettre à terre. Frustrant vous dis-je ! Surtout que l’on sent le potentiel latent du jeu à chaque instant ! Car les combats, malgré leur côté bancal, sont vifs et agréables à regarder, les combos impressionnent et frôlent la technicité d’un véritable jeu de versus fighting, à tel point qu’on se dit qu’avec un gameplay plus réactif, le jeu n’aurait pas eu à rougir face à son « sensei » Shank. Plus d’informations sur ces défauts dans la vidéo Indie Review se trouvant à la fin de ce test.

LE PATCH SALVATEUR ?

Originellement « kickstarté », le projet Dusty Revenge n’avait recueilli qu’environ 4000$ sur les 12000$ demandés. Cela ne l’a pas empêché de sortir mais cela se ressent dans sa finition globale. Entre les problèmes de stabilité entraînant de nombreux crashs et la liste de défauts gênants évoqués dans le paragraphe précédent, le joueur est en droit d’attendre la sortie de patchs correctif venant transformer sa très moyenne expérience de jeu en une aventure digne de ce nom. Le titre venant d’être proposé aux votes des joueurs sur Greenlight, on peut supposer que les développeurs ne comptent pas abandonner leur bébé et souhaitent même le peaufiner. Il n’en reste pas moins qu’à 8 € actuellement et sans aucune mise à jour, Dusty Revenge constitue une expérience de jeu certes plutôt bien emballée, mais souffrant de trop nombreux défauts pour être conseillée à ce prix là. Néanmoins, en cas de mise à jour, je me ferai un plaisir d’y retourner pour constater l’évolution positive du gameplay et modifier mon avis global dans la notation Indie Mag.