Avis de Nival sur Wonder Boy: The Dragon's Trap
La refonte graphique de ce remake est juste magistrale, et l'excellente possibilité de faire à la volée des aller retour avec la version originale ne fait qu'enfoncer le clou de façon vertigineuse. Outre les personnages magnifiquement croqués et animés, les fonds unis de 1989 sont ici, en toute circonstance, remplacés par de somptueux décors à la profondeur rarement vue dans un jeu 2D, usant de couches de parallaxes à la dizaine apportant une finesse et une richesse dans l'étalement des plans assez inédite.
Bref, sur ce point, qui est celui qui revient à Lizard Cube, la réussite est totale.
(On notera que l'adaptation des musiques (et ajout de qqs inédites j'ai l'impression ?) est très réussie également, même si ne prend pas la dimension grandiose qu'atteint la partie visuelle.)
Pour ce qui est de l'aspect vidéo-ludiques, ça devient plus délicat.
D'un côté, il est surprenant de constater que le jeu comporte autant de qualités toujours évidentes 30 après, que ce soit dans la façon dont les mécaniques s'ajustent (l'inertie des déplacements, les hitbox, la portée des coups, confrontés aux phases de plate-forme et aux patterns des ennemis), les trouvailles de level-design très inspirées et régulièrement rafraichissantes, ou la progression globale très astucieuse sur la base de cette succession de transformations relativement imposée mais avec qqs subtilités ; et à ce titre, le jeu est un plaisir à découvrir même en 2020.
Mais de l'autre, la physique offrant beaucoup d'inertie (même si elle sert de façon très maitrisée le game-design) n'est pas des plus agréables et aisées à prendre en main, avec une sensation de lourdeur et d'imprécision qui perdurera même avec l'habitude. Autre soucis : le manque d'indications (directes ou indirectes) sur ce qu'on attend du joueur à chaque nouvelle étape (où l'on se retrouve renvoyé au village) laisse parfois soudainement désœuvré ; certes on se rappelle qu'à un moment, dans un niveau, on est passé à côté d'un passage qu'on voyait bien qu'il faudrait emprunter plus tard ... mais où était-ce déjà ? Cela, doublé de l'absence de checkpoint ou de raccourci vers les différentes zones, rend la recherche de la suite parfois extrêmement laborieuse pour ne pas dire saoulante. Ces défauts restant indissociables de l'adaptation stricte du jeu d'origine qu'à souhaiter livrer Lizard Cube, ce qui est à la fois super judicieux vus les qualités surprenante du jeu d'époque, et trouve ses limites sur ce genre d'archaïsme qui peuvent drôlement ternir l'expérience.
Au chapitre des défauts mineurs, on notera sinon que les boss sont pas fous (plutôt faciles, avec des patterns simplistes et toujours un peu le même en fait) ; et que la durée de vie est assez resserrée (compter 4 à 5h je pense, pour une première découverte, selon surtout votre capacité à trouver sans trop peiner chaque nouvelle étape de la progression).