Avis de Nival sur Thimbleweed Park

Enigmes cool, écriture un peu *biiiip*
Par Nival

Globalement le jeu propose une progression super agréable avec des énigmes bien intuitives avec jusque ce qu'il faut de petits indices disséminés auxquels on ne fait pas gaffe tout de suite mais qui font dire, après avoir tourné en rond pendant 15 minutes : "ah ouais, *biiip*! C'était là, juste sous mon *biip* de nez!", et on arrive toujours à avancer, certes en butant par moment, mais sans besoin de recours à la moindre soluce (si on est attentif ;)). Ça c'est vraiment LE gros point fort du jeu. Même si la jouabilité accuse quelques légères lourdeurs (bizarrement ne tirant pas profit de tous les raccourcis qu'avaient su mettre en place les point & click de "la grande époque").

Après, l'écriture c'est une autre histoire : les persos sont globalement assez ternes et sous-exploités (le duo d'inspecteur aurait pu donner tellement de bonnes choses! mais au final s'avère parfaitement plat, pour tout dire à deux ou trois exceptions près sur l'ensemble du jeu, l'intégralité des dialogues et répliques sont les mêmes pour les deux persos, qui sont pourtant sensé avoir une personnalité, un passif et des motivations très différents !). Il n'y a que Ransom (le *biip* de clown) qui s'en sort avec les honneurs, même si au final, passée son excellente scène d'introduction, il ne sert pas à grand chose à pat distribuer à l'occasion ses *biiiiip* de répliques cyniques (qui ne servent à rien mais font toujours plaisirs quand même :)).

Les dialogues sont très inégaux, et l'humour pas incroyable, ressassant bien trop souvent de l'auto-référence lourdingue et de l'abattage du 4ème mur sans finesse et trop redondant (alourdi encore par un personnage développeuse de jeu-vidéo "chez MMucasFlem", qui aurait pu être une bonne idée, mais ne s'avère qu'un prétexte lourdaud à des pseudo-blagues sur l'appréciation du game-design et des rappels historiques qui n'ont rien à faire là ; allant jusqu'à citer Ron Gilbert himself pour d'ultimes fautes de goût.... :/). Heureusement y'a aussi des vannes qui font mouches, et sûr que le jeu saura vous faire sourire à plusieurs occasions ; mais pas d'éclats de rire comme pouvaient provoquer les moments les plus irrésistibles des premiers Monkey Island ou de Day of the Tentacle, pour ceux quand même sensibles à cette humour loufoque (sauf peut-être la première scène de ce *biiip* de Ransom) . Beaucoup de bons mots et de péripéties singent d'ailleurs les classiques (en moins bien), et c'est là encore bien dommage que le jeu ait tant de mal à se départir de ses vénérables ascendants.

Le scénar est pas mal, le meurtre introduisant l'aventure s'avère rapidement n'être que le début d'une intrigue bien plus touffue, avec lourd mystère et tout ce qui va bien ; et la conclusion pousse assez loin le délire, ce qui sera je pense assez diversement apprécié (c’est quand même plutôt sympa), mais on regrettera que par la même occasion beaucoup d'éléments mis en place soient balayés d'un revers de manche.

Au final, un jeu surtout à réserver aux amateurs de point & click, qui trouveront avec bonheur une mise en œuvre des énigmes d'une qualité rare (qui rappelle clairement les "vieux Lucasart", et fait oublié avec soulagement les errances qui ont court depuis les années 2000), avec une écriture en demi-teinte et un scénario surtout prétexte, qui s'en sort honorablement malgré tout (mais qui à mon sens ne justifie pas de faire le jeu si on n'est pas d'abord attiré par les point & click).