Avis de Nival sur NORCO
Outre l’ambiance visuelle (et sonore / musicale !) vraiment top, les péripéties partent très joliment en quenouille dans des airs un peu fight-clubesques à l’envers, avec un bon paquet de personnages, de situations et de dialogues autant désabusés que savoureux.
En revanche le fil conducteur un peu vaporeux a du mal à prendre je trouve, et le climax qui parait prometteur, sans tomber à plat, n’atteint pas vraiment la puissance dont la situation avait le potentiel. Au lieu de ça le jeu a tendance à verser dans une sorte d’onirisme hallucinatoire assez vain qui, s’il offre qqs tableaux plutôt « jolis » (bien que peu à propos j’ai trouvé, et finalement bien moins saisissants que les représentations que le jeu offre du réel), a surtout tendance à diluer et égarer les enjeux dramatiques avec ce qu’ils peuvent porter de percutant. Rien de forcément catastrophique, mais quand même décevant parce que le potentiel était tout autre sans cette orientation étrange et pas bien convaincante je trouve. (Le coup des « smileys » qui font office de visages à deux personnages importants n’est à mon sens pas non plus une bonne idée – du tout ; même si là encore rien de trop « grave ».)
Le jeu réserve quelques bonnes poilades en tout cas, tout en distillant une critique acide et désenchantée des dérives de nos sociétés humaines (et de l’humain tout court, en fait). La narration est en revanche parfois un peu molle et peut tirer un peu inutilement en longueur ; mais ménage aussi son lot de scènes marquantes et très réussies. (Et bénéficie à présent d’une traduction française, de très bonne qualité !)
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Sinon je n’ai pas activé le mode « expert », mais c’est peut-être mieux de jouer dans ce mode. En tout cas en « normal » le jeu a tendance à être trèèèès (trop) dirigiste, avec en permanence des dialogues du genre « tu devrais peut-être faire ceci / aller voir untel / te rendre là-bas » quand les choses semblent déjà assez évidentes, donc si c’était à refaire j’activerai cette option qui doit (je présume, d’après comme elle est décrite) limiter ce genre d’intervention superflue et rendre plus stimulant l’aspect « jeu » (qui n’est en tout état de cause pas du tout difficile ; d’autant qu’on peut de toute façon demander « quoi faire » à ses compagnons de route si besoin).
A noter également qu'il faut à mon avis activer l'effet CRT qui apporte beaucoup de densité et de finesse aux images, au rendu sinon assez plat et grossier je trouve.
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Un dernier point : j'en ai vu le comparer à Kentucky Route Zero ... euh ... rien - à - voir, juste. Sans même parler de l'aspect artistique, de l'ambiance (enfin, ok, les deux se passent aux US ...), ou du système de jeu tout à fait divergents (tout en restant certes sur du narratif typé point'n'click), KRZ est une proposition arty nébuleuse fait d'une succession de scénettes décousues constituant de vagues évocations de pas forcément grand chose ; NORCO propose un vrai fil conducteur, une vraie narration, une réelle intrigue, et parle de choses bien concrètes (en dépit de ses qqs envolées oniriques).
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11/11/24011/11/240