Avis de Nival sur Disco Elysium - The Final Cut

Reste plus un jeu narratif qu'un RPG ... même si ... !
Par Nival

Rien à dire sur les points forts :

+ L’écriture excellente, et l’intrigue extrêmement solide, multipliant les scènes fortes.

+ Les choix riches dans leur façon de moduler l’aventure.

+ L’excellent système RPG, avec ses caractéristiques originales, variées, pertinentes et très malines ; ses skill check ; ses modificateurs qui modulent les lancés de dés en fonctions de nos actions et infos ; l’excellente gestion de l’XP ; l’excellente gestion des niveaux qui rend utiles jusqu’à la fin de l’aventure même des caractéristiques d’un niveau peu élevé.

+ Tout l’aspect artistique, graphique comme musical ; et puis l’interface, aussi agréable à l’oeil que limpide (en fait j’adore l’interface ♡).
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Après y’a quand même des trucs qui m’ont un poil dérangés :

- L’aspect extrêmement dirigiste de la progression : si on a certes énormément de libertés pour moduler la façon dont les choses se passent, l’ensemble suit une trame super rigide selon un déroulé d’évènements clés imposé.

- L’écriture connait des inégalités un peu gênantes, avec certaines intrigues moins inspirées voire qui m’ont parues très artificielles (l’histoire des rôlistes p.ex.) ; j’ai aussi eu du mal avec les noms propres, qui mêlent tout pleins d’inspirations culturelles de façon pas bien cohérente (les communistes ont des noms à connotations russes, mais certains révolutionnaires aussi à connotations latines (pour des clins d’oeil pas super subtiles à notre monde à nous), quand les autochtones prennent des noms, accents et expressions françaises (sans qu’on sache trop s’il y a pour le coup une référence culturelle à saisir dans ce choix), tout ça sur la même île ; et globalement les villes / régions / ethnies semblent prendre des noms aux sonorités pour le moins disparates, qui fait qu’on s’y perd vite dans la compréhension des rapports géo-politico-culturels sensés prendre part dans l’univers du jeu ; mais surtout cela a drôlement entaché ma perception d’authenticité de l’univers dépeint) ; à certains moments, le jeu n’arrive pas à éviter l’écueil des listings de questions bêtement utilitaires pour le joueur attribuées à un PNJ qui va se mettre à répondre de façon bêtement mécanique … (alors qu’à d’autres moments nous délivre des séries d’interrogations passionantes, qui fait que chaque interrogatoire d’un personnage clé ou l’exploration d’un document crucial se déguste avec gourmandise) ; à moult reprises on a la possibilité de porter un jugement sur une situation socio-politique, mais à chaque fois on a que des choix complètement caricaturaux et tronqués (ou on est un fasco-raciste-traditionaliste, ou un communiste perché, ou un ultra-capitaliste cynique … ou alors on n’a pas d’avis … cool …) ; et puis la « confrontation » finale n’est pas incroyable (pas mal quand même, mais le jeu ne se conclu je trouve pas de façon super mémorable ni même super satisfaisante (alors que la rencontre juste avant était grandiose (ou les deux rencontres plutôt :P), dommage Triste )).

- La gestion du temps est vraiment pas terrible, et finalement ne sert à peu près à rien (2 ou 3 évènements réellement rattachés à l’heure de la journée dans tout le jeu !!) alors qu’aurait pu être un ressort excellent de l’expérience ; et outre le temps qui ne défile plus après 2h00 qui permet pas mal d’abus (et une immersion en berne), je me suis retrouvé en contrepartie à un moment à n’avoir rien à faire entre 16H00 et 22h00, et devoir désespéramment trouver des façons de faire défiler le temps qui n’avance même pas quand on erre simplement dans le quartier !

- Le jeu manque de systèmes ouverts qui permettent un peu de souplesse et d’insuffler un peu de vie, comme p.ex. pouvoir acheter ce qu’on veut au préteur sur gage, à commencer par ce qu’on lui a soi-même vendu (mais pourquoi pas d’autres choses, pourquoi ne pouvoir acheter que des choses qui sont en lien avec un élément de dialogue ?), pourquoi ne pas pouvoir commander une boisson au bar, etc.

- En marge, la mise en scène pâtit quand même de coupes techniques un peu extrêmes qui cassent un poil le trip (des fondues au noir cache-misère pour tout et n’importe quoi, genre un personnage quitte le bar, pas moyen d’avoir juste l’animation du perso qui sen va ?) ; de même des transitions brutales dans l’éclairage selon les heures clés de la journée (pourquoi pas au moins un fondu progressif ? là ça ressemble à un glitch à chaque fois) ; pas d’évolution en direct, si on reste dans un lieu des heures durant, personne n’ira se coucher même passer l’heure où cela devrait arriver ; mais si on sort/rentre, les gens ont disparu …

- Les temps de chargement … Triste
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Au final plus un superbe jeu narratif mâtiné d'une géniale couche RPG, q'un réel RPG à propension narrative.