Sorti gratuitement il y a peu sur Steam et Itch.io, Emily is Away est souvent présenté comme un bête jeu de drague interactif et quasi relayé au rang de dating simulation, ces jeux où il faut parvenir à manipuler des femmes afin de sortir avec. Quelle erreur ! Emily is Away porte un tout autre message que celui de la femme trophée. Et ça fait du bien.
Au premier coup d’œil, Emily is Away intrigue en s'habillant d'une interface rétro de messagerie instantanée. On incarne dans ce jeu un jeune homme discutant avec Emily, une amie de lycée au travers de 5 chapitres représentant chacun une année de vie. Durant chaque période, une discussion s'engagera entre les deux jeunes gens durant lesquelles ils échangeront autant des banalités que des choses parfois personnelles en lien avec leur relation.
Impossible de ne pas s'identifier au personnage tant les situations présentées touchent le vécu probable de toutes les générations discutant par messagerie, d'hier comme d'aujourd'hui. A chaque phrase échangée, le joueur se verra offrir la possibilité de choisir l'une des trois réponses proposées afin d'orienter la discussion, ce qui permettra d'explorer sa relation avec la jeune fille au fil du temps. A partir d'ici, il est difficile de critiquer le jeu sans spoiler tant l'interprétation pourra varier une fois qu'il aura été terminé. Nous vous proposons donc deux sections de critiques : l'une s'attardant sur la forme et la présentation générale du jeu si vous ne l'avez pas encore fait, l'autre à lire une fois que vous aurez fait le jeu ou si vous vous moquez vraiment d'être spoilés (mais ça serait dommage).
Je ne veux pas être spoilé sur l'histoire
Côté interface, Emily is Away est simple à prendre en main. Chaque chapitre démarre par la sélection d'un avatar dans une messagerie instantanée puis débute sur la discussion avec Emily où plusieurs choix de réponses seront proposés. La nostalgie pourra rapidement en toucher certains : l'interface Windows XP, les sons de porte grinçante d'AIM pour signaler l'arrivée ou le départ de contacts, la possibilité de modifier la couleur du texte et son fond rappelleront des souvenirs.
D'une durée d'une quarantaine de minutes, le principal reproche qu'on pourrait faire à ce jeu narratif à embranchement serait de devoir simuler la rédaction des messages en tapant effectivement sur son clavier n'importe comment pour faire apparaître une à une les lettres de la réponse. Si cette contrainte est amusante au début pour l'immersion, elle finit rapidement par agacer après quelques minutes car elle se retrouve à ralentir le rythme de discussion... de façon réaliste ! La rédaction simulée des messages devient alors un outil pour retranscrire de façon intelligente l'excitation des échanges ressentis trop lents par écrit.
L'immersion est donc réussie et certaines réponses prêteront même parfois à faire sourire bêtement devant son écran suivant l'évolution de leurs relations. Si vous n'êtes pas réfractaires à la lecture de l'anglais, Emily is Away est gratuit et mérite d'être fait au moins une fois afin de découvrir par soi-même le message fort qu'il porte, en retranscrivant même jusqu'à l'hésitation du personnage incarné par l'écrit. Une très jolie expérience à ne pas rater !
Je ne compte pas faire le jeu ou je l'ai déjà fait
Vous avez terminé le jeu ou vous ne comptez pas le faire (et c'est toujours dommage) ? Cette section jugera le jeu sur son ensemble en prenant en compte sa conclusion qui gâcherait l'expérience de la première partie à ceux ne l'ayant pas fait. Vous êtes prévenus ! Après avoir terminé Emily is Away, un probable sentiment de frustration se fera ressentir. Le duo aura eu au fil de ces 5 années des périodes de hauts et de bas, et ces deux amis qu'on aurait aimé voir terminer ensemble d'une façon ou d'une autre finiront par devenir deux inconnus séparés par la distance et, dans le fond, par la vie.
Le premier réflexe est de se demander quelles "mauvaises" réponses ont été données car la plupart des joueurs voient dans Emily is Away un jeu de séduction : ne pas réussir à sortir avec la fille est donc synonyme d'échec. Mais, en recommençant le jeu, en modifiant ses réponses, qu'on se montre protecteur ou qu'on endosse le rôle du parfait connard, le résultat sera le même : le joueur ne pourra jamais sortir avec Emily. Et c'est ici que le jeu nous ment ! Ce n'est pas un jeu à embranchement. Les réponses importent peu au final : les 5 années auront les mêmes résultats sur la relation du duo de façon implacable. Le jeu n'est en réalité qu'une histoire vaguement interactive à l'interface habillant un récit par tranches de vie.
A chacun d'interpréter le message du jeu à sa façon car il y a plusieurs angles. On peut penser à ce principe "d'amis contextuels" : ces gens qu'on fréquente et qu'on apprécie au quotidien durant les études ou le travail, mais dont on se séparera définitivement dès qu'on ne les verra plus jusqu'à ce qu'ils redeviennent des inconnus, à qui on n'aurait plus grand chose à raconter. On peut également interpréter que le regret n'a pas vraiment sa place tant nos décisions n'influent pas toujours, ou qu'au contraire, il faut agir à des moments précis et oser pour voir des situations évoluer. On pourra également se questionner sur les duos amicaux qui n'ont pas forcément pour vocation à terminer en couple.
A chacun de tirer une leçon de vie de cette histoire qui fera probablement écho d'une façon ou d'une autre à un souvenir personnel. La première partie offre une réelle illusion en faisant vivre au jour le jour les événements, et laissera à réfléchir sur la relation entre les genres. En effet, le joueur tentera toujours de séduire Emily comme objectif inconscient, alors que le titre ne prétend jamais offrir une simulation de drague. En lançant Emily is Away, c'est le joueur seul qui s'imagine que l'objectif est de séduire son amie, comme si c'était ici la seule relation possible : de quoi questionner les réflexes inconscients du rapport homme/femme, autant en relations humaines qu'au travers d'un aspect ludique, renforcé ici par ce qui semble être la légèreté d'un jeu vidéo.
Comments
C'est beau est très juste ce que tu dis u_u
.
J'ai beacoup aimé, de toute façon, je suis particulièrement sensible à ce petit brin de mélancolie (quoique là il est pas si petit), c'est d'ailleurs ce qui me plaît tout autant dans Life is strange.
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Ha quelque chose me dit que la seconde vidéo de ce jeu du JDG risque d'être moins drôle du coup.
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Très bonne idée le test en 2 parties La semaine prochaine j'attaque ce jeu et je revendrai lire la fin
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