De plus en plus, le jeu indépendant se fait connaître des joueurs mais tous ne comprennent pas cet engouement persistant depuis maintenant quelques années. Que peut-on bien lui trouver à coté de grosses productions débordant d'ambitions qui poussent les limites du réalisme toujours plus loin ? Pourquoi la scène indé est-elle si passionnante ? Grâce à vous, chers lecteurs, nous avons pu identifier au moins 10 bonnes raisons de s'y intéresser !
1 - La popularisation de nouveaux genres !
Dans un premier temps, comment ne pas penser au jeu indépendant qui a rencontré un succès tel qu'il peut désormais se permettre de collaborer avec LEGO ? Oui, même si les jeux "sandbox" existent depuis un moment, c'est bel et bien Minecraft qui a su populariser le genre jusque dans les cours d'école ! Sanctuaire de la création virtuelle, le jeu de Mojang en aura inspiré plus d'un (Terraria, Starbound, Planet Explorer, etc.), chacun apportant son lot d'idées neuves pour se démarquer. Ce sont également des développeurs indépendants qui ont multiplié les jeux de survie, qu'ils soient des FPS (The Forest, The Long Dark) ou en 2D (Don't Starve). Hélas trop souvent campés en Early Access, ils cumulent néanmoins de très nombreux joueurs passionnés du genre qui suivent chaque mise à jour de leur chouchou avec grande attention.
2 - Des concepts pour vous surprendre
Bien sûr, certains AAA parviennent à créer la surprise. Cependant, au vu des fonds investis dans leur production, il est rare que de très gros risques soient pris en matière d'expérience de jeu, là ou les indés se permettent justement quelques folies. Citons, par exemple, The Stanley Parable de Galactic Cafe qui ne compte plus les récompenses qu'il a reçu. C'est guidé par un narrateur doublé de façon exquise que vous irez de surprise en surprise dans ce jeu à la narration hors du commun. Du coté des atypiques, Antichamber est quant à lui un représentant de choix. Cassant sans cesse les codes et habitudes du jeu vidéo, il a su créer la surprise et est aujourd'hui reconnu pour son level design inattendu. Ce ne sont là que deux titres parmis tant d'autres, les concepts suprenants ne sont pas rares chez les indés et nous en voyons débarquer très régulièrement.
3 - Un Marketing plus que raisonnable
Fatigués de payer des DLC's pour le moindre costume de Street Fighter IV ? Des contenus futiles proposés en Season's Pass allongeant le prix de votre jeu de presque 50 % ? Rares sont les indés à proposer ce genre de tactiques marketing, certains allant même jusqu'à proposer du nouveau contenu gratuitement en fonction du succès de leur jeu. C'est ce qu'a fait D-Pad Studio avec le shoot'em up Savant Ascent qui s'est vu augmenté de deux niveaux par le biais d'une simple mise à jour, tout comme le survival-horror Among the Sleep, l'ingénieux Faster Than Light et l'hilarant Octodad juste avant lui. Encore une fois, ce ne sont pas des cas isolés et même les contenus payants de jeux comme The Binding Of Isaac ou Don't Starve n'ont pas déçu leur communauté.
4 - De sacrés partis pris artistiques
Lorsque l'on est sensible au graphisme ou au son, il est difficile de ne pas être saisi par le travail de certains développeurs sur ces points. Souvent résultante de contraintes financières, la direction artistique est un élément très fort de nombreux jeux indépendants. De ce point de vue, un des premier à avoir créé la surprise est sans doute Limbo mais de nombreux autres ont suivi par la suite si bien qu'aujourd'hui, on ne compte plus les chefs d'oeuvres en la matière. Dans les plus récents, citons Transistor de Supergiant Games qui brille de par son style unique et sa bande son magistrale, ou encore NaissanceE, du français Limasse Five, qui a su faire du vide un espace de peur intense bien plus effroyable que n'importe quel troupeau de zombies. Dans les titres à venir, celui qui nous a le plus envoûté reste sans hésitation Hyper Light Drifter qui modernise le pixel-art de façon incroyable, une future référence du jeu indépendant à n'en point douter.
5 - Le paradis des nostalgiques
Les développeurs indépendants ont-ils envie de renouer avec les sensations d'antan ? C'est fort possible et c'est tant mieux ! Nous avons ainsi droit à un véritable retour au sources permanent qui fait le bonheur des joueurs nostalgiques. Découvrir un jeu rétro comme à l'époque 8 et 16 bits, se dépasser pour en voir le bout et l'apprécier pour son challenge, c'est encore possible. Vous aimez Megaman ? Découvrez donc Shovel Knight ! Vous voulez retrouver les sensations d'un Contra ? Jouez à Oniken ! Réflechir et redoubler d'adresse comme sur Solomon's Key ? Lancez donc Escape Goat. Envie de difficulté ? Arrachez-vous les cheveux dans Volgarr The Viking. Seulement attention ! Le Pixel Art sert très bien le rétro, mais il sait être moderne et nous émerveiller. Pour preuve, vous pouvez jeter un oeil au projet français The Last Night des frères Soret qui est une leçon en la matière...
6 - Des jeux courts, pour un petit budget
On y pense peu, mais pour ceux et celles qui n'ont pas le temps de s'investir dans de grandes aventures étalées sur des dizaines d'heures d'aller/retour fades et sans enjeu scénaristique (Assassin's Creed ?), le jeu indépendant est une très bonne solution. Si l'on met de côté les rogue-like et autres jeux de survie, on retrouve de nombreux titres qui optent pour la densité d'une histoire ou d'une expérience qui se complète en quelques courtes heures. Cela permet d'ailleurs de s'adonner à des concepts originaux qui ne fonctionne parfaitement que sur le court terme. Broken Age du côté des Point'n Click, FRACT OSC pour les musicos, Teslagrad qui plaira aux amateurs de Platformer 2D avec un game design en béton, DeadCore pour les amateurs de vitesse et de challenge, il y en a vraiment pour tous les goûts !
7 - Une certaine proximité avec les développeurs
S'il est difficile de questionner Hironobu Sakaguchi sur sa vision des Final Fantasy et compliqué d'aborder les questions de physique de ballon avec les équipes de développement des FIFA, sachez que cette distance joueur/créateur disparaît quasiment dans le milieu des indépendants. En deux mots : simplicité et accessibilité. Souvents très réactifs sur les réseaux sociaux, ils sont ouverts à la discussion et les modèles économiques (Accès anticipés, financement participatif) vont dans le sens de cette relation privilégiée. Les communautés peuvent avoir un rôle très important dans le processus de création d'un jeu, en témoignent les productions d'Amplitude (Dungeon of the Endless).
8 - Investir dans des projets que l'on souhaite voir naître
Depuis toujours, le joueur est responsable du marché vidéo-ludique de demain. Grâce au financement participatif et aux accès anticipés, il est désormais facile d'investir son argent dans des projets que l'on souhaite soutenir et voir grandir. Certes, certains abusent du système, mais cela reste un très bon moyen d'orienter le monde du jeu vidéo comme on l'entend en choisissant de contribuer au genre de jeux qui nous intéresse. C'est comme ça que l'on a pu retrouver Georges Stobbart comme à la bonne époque dans un cinquième épisode des Chevaliers de Baphomet, mais c'est aussi de cette façon qu'il a été possible de financer certains développeurs ayant le goût du risque comme ce fût le cas pour Darkest Dungeon qui caracole aujourd'hui en tête des ventes sur Steam. Du côté des accès anticipés, on peut également citer The Next Penelope qui a récemment choisi cette option de distribution. La campagne solo du jeu est au complet, permettant déjà à tous de profiter pleinement de l'aventure, le développeur a sorti le jeu tel qu'il l'imaginait et travaille maintenant sur le mode multijoueur et des missions bonus afin de répondre aux attentes de sa communauté.
9 - Des processus de création incroyables
Si certains se démarquent par leur thème et d'autre par leur direction artistique, il existe aussi quelques jeux qui sortent du lot de par la façon dont ils ont été créés. Transpirant la passion à tous les niveaux, l'exemple le plus parlant reste sans doute Lumino City qui a été réalisé entièrement à partir de maquettes construites à la main, photographiées puis filmées. Un vrai travail d'orphèvre, qui a même fini dans un musée tant la démarche intrigue. Le studio Amanita Design (Botanicula, Machinarium) fait lui aussi dans ce que l'on pourrait appeler "l'artisanat du jeu vidéo", porté par des bandes sonores qui rappellent à chaque instant la dimension humaine du projet. Enfin, dernier arrivé en date de ce type là, Papetura s'annonce visuellement incroyable avec un univers entièrement fait de miniatures en papier. Un making of est disponible et il a de quoi vous surprendre !
10 - Vers la passion de la création de jeu...
Et oui ! Le jeu indépendant, c'est aussi voir et jouer à plein de jeux faits par de petites équipes ; comprendre, consciemment ou non, certains grands principes de game design ; constater que le développement est quelque chose d'abordable avec beaucoup de patience, notamment grâce à des outils tels que Unity, Game Maker et Construct 2 ; découvrir les Game Jam, ces événements qui vous invitent à créer un petit jeu en un temps record (souvent 48/72 h) autour d'un thème prédéfini. En fait, pour beaucoup d'entre nous, le jeu indépendant donne incroyablement envie de se lancer, en amateur complet ou professionnellement, dans un projet à échelle humaine et qui nous ressemble.
Qu'on se le dise, un jeu vidéo reste un jeu vidéo. Lorsqu'il est question de qualité, on se fiche complétement de savoir s'il est AAA ou développé en indé, l'important est qu'il nous plaise. Cependant, il faut bien admettre que c'est dans les petites productions, n'ayant pas la pression de devoir se vendre à des millions d'exemplaires pour se rentabiliser, qu'il est possible de trouver des jeux disposant d'une identité extrêmement forte. Qu'ils soient rétros, originaux, innovants, atypiques, oniriques, spécialistes ou encore dérangeants, les titres indés présentent l'avantage de ne pas chercher à séduire les foules, c'est pourquoi ils peuvent répondre à des attentes très ciblées de la part d'une minorité de joueurs et c'est pour ça que certains arrivent à nous toucher plus qu'aucun autre jeu. Certains concepts hallucinants émergent, et les modèles économiques changent pour nous permettre de les soutenir tout en entretenant une relation simple, humaine et sincère avec les développeurs. Reste maintenant à savoir si vous allez, vous qui êtes peut être passionné(e) de jeu depuis des années, vouloir vous lancer dans la folle aventure de la création d'un jeu vidéo ?
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11/11/24011/11/240
Comments
Il faudrait pas non plus nier toute différence entre les jeux dits « indépendants » et ceux qui viennent d'éditeurs. L'intérêt porté envers l'indépendant est une question bigrement intéressante, et en faire un constat en regroupant ce que le public recherche en particulier auprès de l'indépendant plutôt que chez les autres types de jeux est pertinent. La question est bien « Qu'est-ce qu'on recherche chez l'indépendant plus qu'ailleurs », et si les réponses sont celles-ci, ce n'est pas un hasard.
Car oui, les points cités ici sont davantage propres aux jeux indépendants. Ils n'en ont pas l'exclusivité, mais ce sont les critères premiers dans la recherche, et ce qu'ils ont très souvent (toujours je dirais) en commun. Pour des raisons qui ne sont pas magiques : plus petit budget signifie prise de risque moins punitive, plus petite équipe donne un travail plus personnel, etc… Ce n'est pas comme si on niait que les jeux AAA pouvaient être originaux ou intimistes, mais ce ne sont pas les critères qui les caractérisent.
Pour donner un exemple, en seulement un mois cette année, on a pu découvrir des dizaines de jeux indépendants qui concernent chacun au moins la moitié des points mentionnés ici. Du côté des jeux AAA, l'exemple que tu cites est un jeu de 2003. J'exagère évidemment, mais en toute bonne foi, on tombe beaucoup plus facilement sur de l'indépendant qui correspond à ce qui est décrit là que du AAA. Et ce n'est pas un critère qualitatif, juste une différence notable entre les deux approches.
Quant à la « norme » des jeux. S'il est vrai que la majorité des jeux indépendants sont certainements médiocres voire nazes (comme le reste de l'industrie), l'article parle des qualités recherchés dans le jeu indépendant… Donc ça me semble normal que ce soient les bons jeux qui soient concernés. De même qu'on ne s'étonne pas, pour un bilan 2014 des jeux, de ne pas voir cités les mauvais. La norme, en culture, ce n'est pas la majorité, mais ce qui est le plus populaire et apprécié. Sinon, il faudrait prétendre que l'industrie du JV est objectivement sans intérêt, de même que le cinéma, la musique, les journaux, les gens, les endroits… Y a un tas de trucs nuls à côté des choses assez intéressantes pour qu'elles se distinguent !
En fait, je pense qu'il faut revoir la base de la création de cet article. Il se fonde ici sur l'article publié en fin de semaine dernière et sur les idées donc des gens ayant répondu à la question "qu'attendez vous du jeu indé ?".
Au final, il n'y a pas matière à définir ce qu'est le jeu indépendant ici. Et si ils préparent un article répondant à cette thématique, quelle aurait été la raison d'un article tel que celui ci traité aujourd'hui. Il ne fait que reprendre la vision des utilisateurs du site en l'ayant triée et éclairée par des exemples afin de rendre la multitude de commentaires plus lisible ( ce qui n'est pas une mince affaire en soi^^ ).
Après tu n'as pas foncièrement tord mais il faut rendre à césar ce qui appartient à césar. Et ici, c'est précisé clairement donc pas d'entour les poules à l'horizon
Peut-être un peu trop terre à terre comme article, mais ça résume bien ce qu'on lui trouve à ce jeu indé !
J'ajouterai que si nous avons les clés pour l'évolution du jeu vidéo de demain comme tu le précises dans ton article Ato, en contrepartie le jeu indé nous aide tout autant à évoluer dans notre perception du jeu vidéo. Il possède une forme d'intelligence qui à tendance à disparaître dans le AAA.
Je ne sais pas si je suis assez clair, mais je pense qu'il faudrait des heures pour débattre de cette idée plutôt que de l'expliquer en une seule phrase^^
Je suis d'accord. Question de cibles et de décideurs derrières les projets.
Un article qui résume bien l'ensemble des contributions et qui illustrent bien les "10 bonnes raisons" de jouer et contribuer au monde de l'indé A tous ceux qui ont des amis frileux sur la question de l'indé je conseille de leur montrer cet article (et un bon jeu en prime pour les surprendre :P)
PS : j'en profite pour signaler 2 petites coquilles que j'ai repéré dans l'article [Paragraphe Intro : "les* limites" / 3. "le shoot'em up* Savant Ascent"]
Merci c'est corrigé !
C'est beau de se dire que le jeu vidéo évolue autant !
Très intéressant de voir ce qu'il ressort des réponses des gens de la communauté de Carlo (^_^)
Je n'ai pas vraiment eu le temps de poster dans l'article consacré pourquoi je regarde plus du côté des jeux indé qu'ailleurs, je le ferais quand même dès que possible, mais je rejoins beaucoup d'idées misent en avant dans ce condensé des réponses.
Merci de nous avoir fait un résumé des réponses déjà données.
Pas de soucis on attend ton avis ! Faire la synthèse de tout aura été super enrichissant, et les heures prises à construire tout ça tout autant !
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