Test - Technobabylon : une perle du jeu d'aventure

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Rédigé par Avorpal, publié le 29/05/2015, modifié le 12/02/2016
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Vous dites que dans la vraie vie, vous passez votre temps à ramasser tout et n’importe quoi et à tenter de les assembler dans votre inventaire ? C’est que vous êtes atteint du syndrome de pointer et cliquer, ce qui vous oblige à jouer au moins une fois par mois à un jeu d’aventure. Heureusement pour vous, le studio Technocrat Games est là pour vous prescrire une bonne dose de Technobabylon. Vous vous sentez mieux ?

Hacker un jour, hacker toujours

Développé par le studio derrière Nancy et The Rail (deux point’n click peu connu du grand public), Technobabylon fait également partie de la famille des jeux d’aventure. C’est donc à coup de clics de souris que se jouera l’essentiel du dernier bébé édité par Wadjet Eye Games (la série des Blackwell, Primordia, Gemini Rue). Dans Technobabylon, nous suivons trois points de vue dans un univers futuriste aussi merveilleux qu’inquiétant : Latha Sesame, une jeune femme accro à la Trance – l’équivalent de notre Internet en réalité virtuelle –, le docteur Regis Charles, un officier du CEL ainsi que sa coéquipière, Max Lao.

C’est donc alternativement que nous jouerons ces trois personnages, en commençant par Latha qui se voit déconnecter de la Trance pour une raison mystérieuse. Alors qu’elle revient à la réalité, elle se rend compte qu’elle a été enfermée dans son appartement. Commence alors la première énigme : comment faire sortir la jeune femme de sa prison ? Par la suite, nous retrouvons Regis et Max qui traquent un homme surnommé le Mindjacker au cœur de la tour de l’entreprise Animus. Ce hacker, qui constituera en quelque sorte le fil rouge de l’aventure, est un tueur en série qui assassine ses victimes en leur volant leurs données mémorielles. Après une heure de jeu, le décor est largement posé et nous dévoile un univers riche et un scénario prometteur.

La pomme de Newton

Si Technobabylon, développé grâce au freeware Adventure Game Studio, ne paye pas de mine au premier regard à cause de son format 4/3, il sait pourtant flatter la rétine pour peu que l’on soit friand de pixel art. Mais malgré la simplicité de ses graphismes, Technobabylon déroule une narration digne des plus grands jeux/films. Tout est prévu pour que l’histoire maintienne l’attention du joueur : révélations, rebondissements, tensions… Chaque nouveau chapitre étoffe nos connaissances de la ville de Newton, de ses habitants et de leur mode de vie. Nous passons facilement de l’émerveillement – la première scène sous Trance avec Latha est sublime – à l’horreur – la découverte des biobombers, des individus génétiquement modifiés avant leur naissance pour que leurs os contiennent une grande quantité d’explosif.

Sans en révéler de trop pour ne pas vous gâcher la surprise, nous assistons à deux arcs narratifs : Regis et Max qui font face au hackeur d’esprit et qui se retrouvent emportés dans un conflit qui va rapidement les dépasser et Latha, qui comprend qu’elle est la cible d’un assassin mais qui se fera aider par Jahiliyyah – un groupe de militants qui luttent contre l’ignorance dans laquelle les médias maintiennent la population de Newton. Technobabylon, qui se savoure sur plus de huit heures de jeu, n’a absolument pas à rougir de son honorable scénario. 

Casse-têtes en folie

Bien entendu, Technobabylon nous propose son lot d’énigmes à résoudre. Dans la première grosse moitié du jeu, celles-ci se veulent accessibles et surtout, très bien pensées. Par exemple, Regis et Max doivent à un moment donné rencontrer un informateur en allant chez lui. Arrivés sur place, ils découvrent une femme de ménage synthétique désactivée et couverte de sang. Au premier étage, un carnage. C’est avec les moyens du bord que les deux enquêteurs réactiveront l’androïde afin de comprendre ce qui est arrivé. Sauf qu’à cause d’une interdiction de son propriétaire, elle refusera de parler. Il faudra donc s’approprier la personnalité de toutes les intelligences artificielles de l’appartement afin de les implanter dans le hardware de la femme de ménage jusqu’à trouver la bonne configuration pour qu’elle nous révèle enfin la vérité. Difficile à expliquer mais d’une ingéniosité remarquable.

Dans la deuxième moitié de l’aventure, nous sommes néanmoins confrontés à un pic de difficulté. Les énigmes deviennent beaucoup moins intuitives et surtout mal guidées, ce qui peut se révéler frustrant bien qu’il existe parfois jusqu’à trois solutions pour un casse-tête. Ceci dit, ce défaut est largement contrebalancé par la variété : s’échapper d’une cellule, soigner un homme sous Trance envahi par un virus, convaincre un homme de ne pas faire exploser le quartier avec son propre corps, Technobabylon enchaine les situations sans qu’elles ne se ressemblent jamais. Couplé à son scénario palpitant, nous tenons là assurément une perle du point’n click. Pour nous combler totalement, il ne manquerait plus qu'une version française qui pourrait rebuter les plus anglophobes.

Une réussite !
Ne nous le cachons pas : Technobabylon fait largement honneur au jeu d’aventure. Malgré une inégalité dans l’intuitivité et la difficulté des énigmes et certains passages un peu trop saturés en parlotes (le restaurant), c’est avec un immense plaisir que nous parcourons la cité de Newton et que nous découvrons les tenants et les aboutissants de son scénario. Côté graphique, la direction artistique est très réussie mais souffre parfois des limitations du moteur AGS. Enfin, le doublage intégral de l’ensemble des personnages ainsi que la bande-son, certes discrète et sans grands thèmes forts mais qui colle impeccablement à l’ambiance font de Technobabylon un must have du point’n click qui mérite toute votre attention.

Technobabylon : petits meurtres entre hackers | Indie Review

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