Après le magistral Technobabylon, Wadjet Eye Games nous revient les bras chargés d’un tout nouveau jeu d’aventure : Shardlight. Affublé d’un univers bien différent, c’est cette fois dans un contexte d’après-guerre que nous allons pointer par-ci et pointer par-là afin d’aider notre héroïne, Amy Wellard, à survivre à ce monde qui n’aurait rien à envier à un Fallout ou à un Mad Max.
La guerre, toujours la guerre
Les bombes sont finalement tombées. L’humanité, dans sa folie, a détruit la Terre ainsi que des millions si ce n’est des milliards de vies par la même occasion. Sur les ruines fumantes de ce désastre, les survivants se relèvent, chancelants. Pour eux, rien ne sera plus pareil. Et comme si cela ne suffisait pas, une terrible maladie surnommée « les poumons verts » fait des ravages, arrachant la seule parcelle d’espoir restant à une population déjà affaiblie. Bienvenue dans Shardlight et son univers post-apocalyptique où l’ordre des Aristocrates s’est imposé parmi ce chaos et creuse, jour après jour, un fossé entre les riches ayant accès aux vaccins contre l’épidémie et les pauvres, condamnés à la famine, à la maladie et à la mort.
La vie est rude pour Amy Wellard, la jeune femme que nous aurons l’honneur d’incarner dans ce Shardlight. Orpheline de toute famille, appartenant à la classe des pauvres et souffrant de la maladie des poumons verts, cette dernière ne perdra pourtant jamais l’espoir d’un avenir meilleur pour elle et pour ses amis. Si Wadjet Eye Games nous a toujours habitués à des personnages profondément humains, Amy ne déroge pas à la règle. Attentionnée envers son prochain et diablement débrouillarde, elle saurait réparer votre grille-pain les yeux fermés – étant mécanicienne de métier.
Un brin de facilité
Shardlight est un point’n click des plus classiques qui a été réalisé, comme l’ensemble des productions Wadjet Eye Games, grâce au moteur Adventure Game Studio. De ce fait, la mise en scène manque ici et là d’un certain panache malgré des décors très réussis dans l’ensemble. Si la première heure de jeu se révèle bien corsée côté énigmes, le reste de l’aventure se parcourt assez facilement voire même trop facilement dans la dernière partie de l’histoire. Le final aurait même de quoi nous décevoir tellement nous avons l’impression que le challenge s’efface complètement au profit de la narration.
Ceci dit, ce point ne constitue pas nécessairement un défaut en soi car à côté de cela, l’histoire qui se met en place est d’une justesse précieuse. La très grande majorité des dialogues sont écrits avec brio et inspiration. Les différents personnages que nous rencontrons parviennent tous à nous provoquer assez d’émotions pour que l’on s’en souvienne durablement. Il s’agira parfois d’attendrissement, de colère ou de sympathie mais jamais d’indifférence. Et rien que pour cela, Shardlight mérite toute l’attention que vous lui porterez.
De nombreuses thématiques
Malgré toutes ces qualités, Shardlight souffre également de carences dans son écriture. Si l’univers mis en place et tous les protagonistes y participants sont solides et bien campés, l’histoire s’essouffle lorsque nous arrivons vers la fin du jeu. Les scènes sont plus rapidement expédiées, les thématiques abordées, que ce soit la mort, la famille, la maladie, la religion ou encore la politique ne sont qu’effleurées par le scénario et après 7 à 8 heures de jeu, les crédits apparaissent sans nous avoir totalement rassasié. Il existe bien trois fins différentes mais qui ne découlent que d’un choix évident proposé un peu en amont.
Pourtant, n’allez pas vous imaginer que Shardlight n’est pas à la hauteur de ses pairs. S’il est certes légèrement moins consistant que Blackwell – la série phare de Wadjet Eye – il peut se vanter d’avoir su nous émouvoir. Les dialogues encore une fois, sont remarquables, soutenus par des doubleurs qui sans en faire des tonnes, incarnent à merveille leurs personnages. Mention spéciale à Shelly Shenoy, la doubleuse d’Amy et à Abe Goldfarb, le doubleur de l’aristocrate Tiberius – que l’on pouvait déjà retrouver derrière Joey dans Blackwell. À eux deux, le texte prend de la consistance et s’anime remarquablement.
Comments
Sympa, mais pétri de petits défauts à gauche à droite qui déservent l'expèrience à mon goût.
Bizarrement j'ai trouvé à l'inverse de toi l'écriture assez moyenne ; certains personnages sont touchants mais les dialogues (comme beaucoup d'enjeu d'ailleurs) souvent "simplets", et globalement le cheminement de l'aventure m'a paru complètement absurde : on suit des "pistes" pour le moins sans queues ni têtes mais qui s'avèrent au final faire progresser l'intrigue par des justifications scénaristiques autant hasardeuses qu'artificielles...
Pour autant, un peu à l'inverse de toi encore :p, j'ai trouvé quand même que la fin tombait "bien", et, si elle est assez passive, conclue l'aventure de façon satisfaisante et "adaptée" à mon sens, sans frustration, surtout que finalement elle tire son épingle en se montrant mieux rythmée que le reste de l'aventure.
Sinon l'ambiance est à la fois trés sympa dans son rendu visuel, et pas bien convaincante pour moi dans l'univers dépeint, de par un manque de cohérence et de vraisemblance (l'ouraline peut donc faire office de source d'éclairage? vraiment?...).
Certaines idées sont excellentes (notamment le "Reaper", les corbeaux, et l'étrange culte qui s'y associe) mais un peu sous (ou mal) exploitées, dommage.
Les enjeux et thématiques principaux sont quand même hyper classiques et le jeu n'y apporte ni fraicheur ni vision pertinente.
Les "énigmes" sont le plus souvent ternes et très redondantes dans leurs principes.
Pour finir, j'ai trouvé que la musique n'était pas du tout dans le ton, très bizarre d'ailleurs, même si finalement on finit par s'y faire (ou plutôt "s'y résoudre"... :P)
Bon, bref, à mon sens, si le jeu est agréable, rien d'impérissable ici, plutôt à réserver aux affamés de point & click désœuvrés nostalgiques de Beneath a Steel Sky (comme moi p.ex. ^^). On reste à des années-lumière de l'intelligence et la pertinence de Technobabylon dans les thématiques abordées ; ou de la finesse narrative et d'écriture de Gemini Rue.
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