Comment ? Parler de Child of Light sur Indie Mag ? Mais attendez, c'est pas indé ! Enfin si, mais pas vraiment... Enfin c'est vrai que c'est tout comme, mais pas tout à fait... Bon, disons le clairement, si du côté d'une bonne partie de la presse la réponse semble évidente, c'est une toute autre chose du côté du joueur lambda qui se retrouve un peu paumé dans tout ça.
C'est suite à la lecture de bien des articles et de nombreux commentaires concernant le jeu d'Ubisoft sur le net que nous avons décidé de réagir. Le but n'est pas de les enterrer, ni de les promouvoir, nous souhaitons juste apporter un peu de clarté et apporter une réflexion sur "le cas Child of Light".
Child of light n'est pas un jeu indépendant
Malgré la présence du terme "indépendant" dans chacun des tests que vous pourrez trouver sur la toile, francophones ou anglophones, comprenez bien que Child of light n'est pas un jeu indépendant. En effet, si on survole un peu dans les détails de production, il faut savoir que c'est une partie (25 à 50 personnes, pour gérer le jeu et tous ses portages) de l'équipe d'Ubisoft Montréal (Assassin's Creed, Far Cry,...) qui était chargée du projet. Or, celle-ci dépendant de l'éditeur qui lui-même dépend de ses actionnaires... On peut difficilement parler d'indépendance financière. Créatrice alors ? Au vu des coûts de productions, le processus de création d'une telle entreprise est lourd et Child of Light n'a pas dérogé à la règle. D'ailleurs, pour ceux qui feront le jeu, vous ressentirez peut-être les deux aspects qui ont sans doute été mis en avant pour aguicher joueurs et investisseurs : la poésie et les visuels faits-mains.
Mais pourquoi tant de haine ?
Alors que certains sites condamnent le surplus de promotion dont le jeu bénéficie dans la presse spécialisée, d'autres adorateurs de la scène "indie" sont dérangés par la confusion des joueurs face à ce titre d'envergure qui se déguise en jeu indé pour coller à une mode grandissante et en tirer du profit. Mais après tout... pourquoi en faire tout un flan ? Quel est le souci de voir certains gros éditeurs se lancer dans le marché du "petit jeu" pour relancer un peu la machine ? Sans leur jeter la pierre, car ce serait à tort, nous pouvons au moins vous donner un élément de réponse.
Il va de soi que lorsque les joueurs se mettent à catégoriser Child of Light comme étant indépendant, ils en font (in?)consciemment un standard de qualité. C'est à dire que pour le prochain qu'ils auront dans les mains, il feront naturellement quelques comparaisons rapides : durée de vie, équilibre du jeu, diversité du contenu, des décors et des situations ; tant de critères qui naturellement mettront à terre de nombreux titres indés, car un soft créé par 1 à 5 personnes peut difficilement rivaliser sur ces points face à une production d'une équipe de 30 au budget 10 à 100 fois plus conséquent. Le souci d'un tel amalgame est qu'il renvoie implicitement l'idée qu'une petite équipe aurait été capable de créer un tel titre alors que c'est complètement faux. C'est sans doute cette tromperie qui blesse et qui fait peur, d'autant plus que le jeu d'Ubisoft plaît beaucoup à la presse qui parfois semble ravie d'écrire ce genre d'accroche : "notre verdict sur Child of Light, jeu d'Ubisoft développé comme un titre indépendant..." (Jeux Actu).
Un vent d'espoir
Maintenant, il serait injuste de ne parler que des mauvais côtés de l'apparition de "petits jeux" faisant "comme les indés". En effet, si le succès de Child of Light peut pousser les gros éditeurs à financer davantage de projets différents du FPS, RPG occidental ou jeu d'action/aventure à monde ouvert, c'est une très bonne chose ! On pourrait enfin sortir de cette spirale infernale où tous les jeux se ressemblent pour coller à des modèles établis depuis maintenant presque 10 ans. Quant aux développeurs indépendants, il continueront hélas de suer sang et eau pour réussir à se faire une place sur le difficile marché du jeu vidéo, en explorant tous les moyens de financement possibles pour mener à bien leur projet. D'ailleurs, certains studios n'ont pas froid aux yeux et tentent même de rivaliser avec les grands, en témoignent les titres Lichdom, A Hat in Time et The Last Tinker. Enfin, si le succès d'un Child of Light peut amener des joueurs à s'intéresser davantage aux productions atypiques, ça ne peut pas être une mauvaise chose ! Si l'on voulait se faire devin, je pense que nous pourrions miser le nom de domaine du site sur le fait que d'ici un ou deux ans Ubisoft fera l'annonce d'un rogue-like (pourquoi pas à l'E3 ?) typé indé... On prend le pari ?
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11/11/24011/11/240
Comments
"la presse (...) ravie d'écrire ce genre d'accroche : "notre verdict sur Child of Light, jeu d'Ubisoft développé comme un titre indépendant..." "(lignes 30-31).
Je ne peux m' empêcher d' imaginer à quel point les développeurs de chez Ubi ont dû être ravis (eux les premiers) de se venter des méthodes de productions "similaires à celles des indé" dont ils ont bénéficié pour ce titre.
Ubisoft aussi innocent que gamesidestory le pense dans cet amas d' amalgame de communication, je ne peux y croire une seconde. Je ne peux pas croire que les journalistes soient totalement indépendants et oublier leur rôle de colporteur.
Je viens du monde de la bande dessinée et nous vivons actuellement dans le jeux vidéo ce que j'ai vécu en bd il y a une dizaine d'année. Une scène de la bd indépendante s'est créée qui s'affranchissait des lourdeurs et des contingences de la bd classique et ça a marché. Cette scène a eu du succès. Suffisamment pour intéresser l'industrie classique qui s'en est emparée et qui, avec ses gros moyens, a fait de la bd "indépendante" Child of Light est le premier exemple de ce qui va se passer ces prochains mois et années. Triste.
Tout à fait d'accord avec l'article et je dois dire que j'étais complètement passé à côté de ce quiproquo/débat, même après avoir lu les test de jvc et gk.
A la lecture de l'article d'At0, on pourrait presque pensé qu'aux yeux de certains, l'indé serait devenu un type de jeu-vidéo plutôt qu'un "mode" de création.
En gros tout ce qui sortirait du carcan habituel serait du jeu indé, pour cette raison, la montée au créneau d'indie-mag pour mettre les points sur l'indie est vraiment louable et nécessaire !
Je prends le pari aussi pour ubisoft et le rogue-like...
Indé pas indé, on s'en fout non ? Au final entre les mains on se retrouve avec un bon jeu ou un jeu de merde.
Dire "on s'en fout" montre que tu es passé à côté de l'idée de l'article et justement du "pourquoi on s'en fout pas"
Si ce genre de jeu devient le nouveau standard "indépendant" pour les gens, cela va faire beaucoup de mal aux vrais indépendants en terme de standard de qualité. De la même manière comme indiqué dans le lien pointant sur Game Side Story de Skywilly, ce genre de faux jeu indé occupe le peu d'espace "indé" que les vrais ont déjà du mal à obtenir pour pouvoir être mis en avant. Ubisoft n'en a clairement pas besoin avec ses énormes moyens de com'.
En bref, ça récupère de la visibilité qui devrait revenir à des indés en galère de promotion de leur jeu. J'espère que tu vois un peu le soucis que ça pose
Justement pour moi y'a pas de standard de qualité indépendant, on peut tout aussi bien tomber sur une tuerie que sur une grosse daube. Et c'est pareil pour les titres AAA. Je sais pas je m'en fous quand je joue à un jeu que personne n'ait passé 2 ans à modéliser les mouvements de cape du personnage. La qualité est ailleurs. (comme la vérité)
Ensuite je ne comprends pas cette histoire de visibilité. Ubisoft sort un jeu, la presse en parle, ben euh... ouai ? Quand le dernier Assassin's Creed va sortir la presse aussi en parle non ? En quoi Child of Light prend plus la place du dernier jeu fait dans un garage qu'Assassin's Creed ?
A mes yeux le jeu indépendant comme on l'entend n'existe pas, tout ce qui compte c'est le jeu que j'ai entre les mains, qu'il soit développé par 2 ados ou par 200 personnes.
La différence se porte plus sur le fait qu'un jeu soit médiatisé / connu ou pas médiatisé / inconnu. Et là, c'est pas une question d'indépendance, certains jeux AAA sont inconnus, certains jeux indés sont connus. Il y a plus de jeux indés inconnus puisqu'ils ont moins de moyens niveau promotion, logique.
Si je viens sur indiemag c'est pour voir des tests ou news de jeux peu connus (et parce que les gens sont cool), pas spécialement des jeux indépendants. Si indiemag parlait de jeux peu connus quelque soit leur (in)dépendance j'en serais tout aussi content, et même plus.
tldr: je m'en fous qu'un jeu soit indépendant ou pas, je veux juste qu'il soit bon et je ne comprends pas pourquoi tout le monde ne pense pas comme moi
On est d'accord que ce n'est pas un jeu indé mais je suis ravi de voir Ubisoft (un studio que j'aime beaucoup malgré ses défauts) se démarquer des autres par la sorti d'un petit jeu de ce genre.
Je suis tout à fait d'accord avec l'article. Je n'ai pas compris comment/pourquoi il y a eu ce quiproquo.
Dans ma tête c'était très clair : Ubisoft = AAA (en simplifiant), donc pas un jeu indé sinon on peut aussi concidérer que HeartStone est un jeu indépendant car fait par une petite équipe de Blizzard!
Comme je l'ai indiqué sur Twitter, j'ai l'impression qu'avec la sortie de Child of Light, nous risquons de voir plus de jeu "indés mais pas indés". Comprenez par là, des jeux développés par un studio connu et reconnu pour des titres AAA mais de manière plus "restreinte", faisant ressortir des caractéristiques typiques d'un jeu indépendant, tout comme Child of Light donc.
Non pas que ce soit forcément une mauvaise chose, mais cela donne surtout l'impression que ces studios viseront/utiliseront les critères que peut avoir un jeu indépendant comme pour sous-entendre que les critères des titres AAA ne sont plus suffisant pour vendre.
Je vois surtout ça comme un intérêt soudain pour l'univers indépendant. On a déjà vu ça avec la PS4 et la Xbox One qui favorisent bien plus l'apparition des jeux indépendant sur leur consoles. Child of Light, c'est un peu l'étape suivante : plutôt que de chercher la perle rare chez ceux qui en auraient besoin car ils manquent de visibilités ou de moyens, on va plutôt prendre quarante développeurs d'une grosse boite sur un projet que l'on pourrait typiquement voir dans un petit studio d'une dizaine de personnes.
Tout est dit!! Exactement ce que je, et beaucoup, pense avec les mêmes craintes! Le jeu a l'aire bon et c'est cool que des studios comme Ubisoft essaye de nouvelles choses sur le model de l'indé! ca peut clairement apporter une bulle d’oxygène. Mais il ne faut tout de même pas appeler ça "jeux indépendant"! car oui les comparaisons seront dure pour les vrais indépendant avec beaucoup beaucoup moins de moyens. Child of light n'est donc pas du tout un jeu indé mais un "petit" jeu original d'un éditeur.
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