Vous l'aurez peut-être constaté, JV.com a publié dernièrement un édito sur le jeu-vidéo indépendant. Vu le sujet est ce qui y est exprimé, je pense que ça peut être utile d'en discuter ici.
Quel est votre opinion et ressentis par rapport à ce qui est écrit dans cet article ?
Pour ce qui est de mon point de vue, je ne vais pas y aller par quatre chemins : en 2014, JV.com découvre le phénomène du jeu-indépendant, et écrit ce qui se disait déjà depuis 2008 !
Sérieusement, on y trouve tous les stéréotypes. « Phénomène de mode », « Le label indé ne définit par un genre » (Dorian le mentionnait déjà entre parenthèse dimanche dernier), « Tous les jeux indés ne sont pas des perles », « Il ne faut pas vanter un jeu juste parce qu'il est indé », etc, etc. Le genre de discours pas forcément faux, mais qu'on a tellement entendu depuis des années que c'est devenu une évidence (si ça ne l'a pas toujours été).
Puis la forme et les illustrations laissent deviner une certaine frustration. Entre les « égo qui gonflent » encadrés par des mentions de Notch (jamais compris pourquoi tant de monde le fantasment comme un rapia capitaliste, alors que ce doit être l'un des dev les moins bavards), l'insistance sur l'indé qui serait « bankable », la communauté qui crache sur le mainstream et vénère l'underground, l'absurdité des effets de mode, et ce magnifique extrait :
Peu importe que sous cette bannière on trouve autant de perles que de grosses daubes ou de concepts qui à force de s'intellectualiser en se regardant le nombril se perdent dans leurs propres prétentions, quitte à ne même plus chercher l'interaction avec le joueur. Il suffit souvent qu'un jeu aborde un thème mature et profond pour qu'on l'érige sur un piédestal, sans se demander s'il l'aborde avec talent. A tel point qu'oser critiquer une modeste production indé tient du crime de mauvais goût, mieux vaut crier au génie du rétro ou de la métaphysique, fut-elle de bas étage si on veut s'éviter les foudres de quelques ayatollahs du pixel. On ne touche pas aux artistes maudits, s'il vous plaît, à ces chevaliers romantiques au service de l'amour courtois du jeu vidéo.
J'aimerais beaucoup savoir quel(s) jeu(x) Dinowan avait en tête en écrivant ça. J'aime pas être traité de prétentieux quand j'aime quelque chose : le prétentieux, c'est pas plutôt celui qui crache sur quelque chose qui a du succès ?
Sans parler du sempiternel « Y a des jeux indés peu inspiré ». Des années que c'est dit, que tout le monde est d'accord là dessus, mais à chaque fois c'est comme si on jetait un pavé dans la mare. x) La belle intégrité de journaliste que de ne pas se vendre au lobby indépendant !
Bref, à mon sens un article un peu trop teinté d'amertume. Il y a quelques analyses intéressantes, mais noyé par des clichés ressassés depuis des années, et un ton clairement négatif. On sent que l'auteur a surtout voulu remettre en question le succès de certains jeux indés auquel il n'adhère pas.
Pour finir, j'ai envie de faire une autre citation :
Il serait tout de même temps de le dire : vénérer l'indé n'a aucun sens en soi, indé n'est pas un genre, indé n'est pas un gage de quoi que ce soit, indé n'est pas un ensemble uniforme de créations merveilleuses.
En effet, il est grand temps de le dire, depuis les années que tout le monde l'exprime et le sait. Quelle audace d'oser affirmer ce consensus !
Globalement je suis assez d'accord avec ce qu'il dit. L'indé est à la mode, et je suis ravi que ça puisse aider des productions à être mises en avant. Par contre les gens qui ne jurent que par l'indé (par effet de mode ou conviction), je le respecte, mais je trouve ça étrange. On joue avant tout pour s'amuser, donc que le jeu soit indé ou pas ne change pas grand chose au plaisir de jeu. On est juste susceptible de trouver un genre qui nous plait davantage.
Après on aura la question des prix bien sûr et la popularité pour en parler entre amis, la visibilité d'un jeu qui est exponentielle et donne envie d'y jouer. Mais au delà de ça, y'a du bon et du mauvais partout. Reste à faire le tri pour se faire plaisir
Trop de stress pour un si petit renard.
J' ai l' impression que le souci majeur soulevé dans ce texte est l' avis du grand public sur le JV, indé ou non, jugé comme souvent réducteur (l' avis pas le public ^^).
Dinowan, l' auteur, semble avoir compris l' importance des média dans la construction de l' image du jeu indé auprès de ce public (c' est pourquoi il pond cet édito, pour rappeler à l' ordre) mais sans évoquer cet contribution.
En effet il pointe du doigt "les joueurs mainstream qui suivent un effet de mode imbécile", ou encore "les gros éditeurs" qui forment "l' establishment" et exploitent le filon "jeux indé-like" après avoir manqué d' inspiration ces dernières années. Il parle aussi de ces "petits génies" par qui le jeu indé est devenu un phénomène (la comparaison Markus Personn et Kurt Kobain, oh my god!).
Mais rien sur les médias, sites d' informations ou blogs. Si ce n' est un passage ou il dit "qu'oser critiquer une modeste production indé tient du crime de mauvais goût". Brave journaliste va.
Pourtant un buzz ne se crée pas qu' avec du marketing, il a besoin d' être relayé. Et avec internet, ils sont nombreux à relayer des informations utiles... ou futiles. A faire des "news à clic" comme on dit. Ces gens font du commerce-politique, ils font de l' argent en échange d' une visibilité.
C' est un des fondement d' internet, pourtant Dinowan ne l' évoque absolument pas, jugeant certainement que cela tient du détail ou qu' il ne vaut mieux pas mettre ça sur la table d' opération car les lecteurs du site ne sont pas de ce calibre.
Le seul moment que l' on peut qualifier d' auto-critique dans ce texte est le passage où il dit que " Le jeu vidéo s'est offert un magnifique et horripilant abus de langage. On balance du "un petit jeu indé" comme on applique un sticker bio ou commerce équitable sur un paquet de café ou un régime de banane".
C' est totalement vrai, mais quand on donne l' impression de vouloir changer les mentalités, le mieux reste de révéler la part de chacun dans cette réalité. Et ne pas parler de ces privilégiés que sont les journalistes et autres blogueurs relève d' une imbécillité tout aussi grande que le moutonisme qu' il dénonce (et auquel il participe pourtant).
D' ailleurs dans ce fameux paragraphe où il dit:
On observe qu' il s' adresse uniquement à des joueurs et qu' il lui est impossible de se mettre à la place de quelqu' un d' autre qu' un joueur. Je m' explique.
Sa citation me parait être une provocation (surement involontaire) à l' égard des développeurs indé qui ont choisi cette voie plutôt que celle des éditeurs. Bien sûr que défendre le jeu indépendant ça a du sens! D' ailleurs il l' admet à la fin du paragraphe (il se contredit donc) en disant:
Dans ce sens, il est tout à fait possible de défendre le jeu indé à travers ses avantages comme les conditions de travail qu' il implique. Qui n' a pas eu vent des conditions de travail désastreuses au niveau humain que sont celles des jeux AAA, que ce soit sur le dernier Bioshock ou encore GTA IV, sans parler des départs ou claquements de porte récurrents venant de grands créateurs envers des employeurs cotés en bourse.
Pour revenir à une logique que j' aime bien, il faut arrêter de voir le jeu indépendant comme le joueur peut le voir (un produit à la mode), car c' est un ensemble bien plus grand.
Et je le répète, ne pas évoquer les à coté majeurs du jeu indé comme les conditions de travail ou encore l' approfondissement de gameplays jugés, à tord, obsolètes par le secteur du JV(créateurs, joueurs, investisseurs ou journalistes)depuis l' ère 32 bits en gros, comme par exemple les gameplay 2D, ça, c' est tout autant imbécile, surtout quand on sait l' impact qu' un site comme JV.com a sur le joueur grand public.
Une chose que Indiemag semble avoir comprise avec ses multiples interviews de développeurs, qui nous en apprennent beaucoup sur ce qu' est être développeur indépendant aujourd' hui, bien plus que n' importe quel review sur n' importe quel jeu. Ce genre d' initiative me parait nettement plus intelligente dans l' idée de vouloir éveiller les consciences plutôt que de se la jouer moralisateur de foule incapable de voir sa propre responsabilité.
D'accord avec cette analyse.
En fait, ce qui me dérange un peu, c'est de concevoir l'indé uniquement comme un phénomène de mode. Oui, il y a un petit effet mode chez certains joueurs, mais ce n'est clairement pas le cœur du sujet. Je soupçonne même de concerner une minorité : j'ai rencontré très peu de monde qui va foncer aveuglément sur tout indé, et cracher sur les gros budget juste pour la forme.
Je ne m'intéresse pas à l'indé uniquement parce qu'il y a un label. Je m'y suis intéressé parce qu'il m'a permis de découvrir de près les gens derrière un jeu-vidéo. Et qu'au travers d'un jeu, il y a aussi ce qu'a voulu exprimer leurs auteurs, et un peu de la personnalité des auteurs eux-même. Que je me suis intéressé aux biographies de développeurs, aux interviews sur leur carrière, à leurs blogs, leurs philosophies de game-design, est intimement lié à l'essor du jeu indé. Et ma vision du jeu a bien changé depuis : je suis curieux des expérimentations, des petits jeux pas forcément excellents mais qui tentent des trucs, des conférences de développeurs, même le développement de jeu eux-même !
Bien entendu, cet attrait pour le développement n'est peut-être pas présent chez tous les joueurs. Mais il y a malgré tout une appréciation du côté humain que l'indépendant à pu apporter. Un jeu développé par une personne est forcément plus personnel qu'un créé par toute une équipe. Et c'est tout cet aspect humain qui a eu un impact dans l'industrie et les joueurs, et que l'article ignore complètement.
L'idée que « l'indé passe de mode » me paraît honnêtement irréaliste. Je suis peut-être optimiste, mais après avoir découvert qu'il y avait des gens qui se cachaient derrière les jeux, je ne conçois pas que l'on puisse au bout d'un moment se dire « Non, en fait j'en ai plus rien à faire des auteurs, je veux juste des bons jeux ». Pour ma part, en tant que joueur, je ne peux plus me contenter d'un bon jeu (même si j'apprécie toujours ça hein :3). Les personnes derrière et ce qu'elles veulent exprimer fait partie intégrante de l'œuvre. Supposer que tous les joueurs veulent juste un produit qui saura les divertir quelques heures, ça me paraît réducteur aussi bien pour le jeu-vidéo que pour les joueurs.
Après, c'est pour le label indé où en effet je me pose des questions. Il ne veut peut-être plus dire grand chose aujourd'hui, l'article le montre bien. Des jeux comme Child of Light ou Rayman Origins arrivent aussi bien à mettre en avant leurs créateurs et à oser que des « vrais indépendants ». Sans parler des indés qui sont publiés par un gros éditeur. (Double Fine et Mojang peuvent même être considérés tel quel, en soi)
Du coup, le mot « indé » n'a plus grand sens, et va peut-être disparaître au profit d'un autre, quand on trouvera ce dernier. Mais je ne pense pas que le « phénomène » disparaîtra comme un meme d'internet. On peut pas changer une vision en arrière.
L'industrie changera, c'est évident, mais certainement pas pour revenir en arrière. S'il faut mentionner un phénomène musical, le blues me paraît approprié. À une époque, c'était aussi considéré comme un phénomène de mode (de la « musique de nègre »). Et aujourd'hui, si on regarde les racines de quasiment tous les genres musicaux… on retombe sur le blues.
Je ne dis pas que l'indépendant aura une influence comparable (ce ne serait pas forcément une bonne chose), mais il aura à mon sens un impact sur le long terme.
Mes jeux sur itch.io
Mes vidéos sur Youtube
Mes reins sur ebay (pas encore disponible)
Bonjour,
C'est à double tranchant ce genre d'article, surtout pour le joueur occasionnel qui ne pourra pas voir la supercherie entre un vrai indé et ce que certains appelle un jeu à la mode indé. Après pour les vrai indé cela peut être, un bon coup de pub pour qui aime le monde vidéo ludique non aseptisé. Pour le reste, c'est comme pour tout, y'a du bon et du mauvais partout, même en triple A. Y en a pour chacun, pour tout les goûts.
Pour ma part, cet article m'a fait revenir en arrière, quand les consoles de salon faisaient à la manières des bornes d'arcade ... L'industrie et les petits développeurs.
@stro
Infographie, musicien et joueur MacOSX, bornes d'arcade et consoles, amoureux des aventures racontées par les pixels.
http://www.astronauteliberty.com/ http://quanticacoustique.wordpress.com/
Moi ce qui me chiffone toujours un peu c'est la juxtaposition quasi-systématique de "petit jeu" et "indépendant". A ce que je sache on ne parle de petit film indépendant.
Pourquoi le jeu indé devrait forcément être qualifié de "petit". Il est évident qu'un jeu fait par une seule personne aura plus de contraintes qu'un jeu réalisé par une équipe de plusieurs centaines de personnes.
Je crois pouvoir estimer que la durée moyenne de développement d'un jeu indépendant se situe entre 1 et 2 ans. Peut-on encore parler de petit projet sur ce genre de durée ?
Sinon pour reprendre le sujet principal, effectivement, je ne pense pas que le jeu de type "indé" soit un gage de qualité en soi mais plutôt un gage de passion. Le résultat peut décevoir mais quelqu'un qui se remet au travail tous les soirs plutôt que de se caler devant la télé ou refaire une partie de LoL a forcément une flamme qui l'anime et qu'il souhaite partager.
Plop ! Vu qu'il m'arrive souvent de tomber sur des articles intéressants et d'avoir envie de les partager, je recycler ce topic pour en parler.^^ Ça me semble approprié. De même, ça peut être un bon endroit pour parler de news spécifique, de journalisme, ou juste de billets intéressants à lire.
Même si en l’occurrence, ce sont deux vidéos que j'ai envie de mettre en avant :
- The Game That Time Forgot : L'histoire de Tobias & the Dark Sceptres, jeu sorti juste aujourd'hui en développement depuis… 13 ans. Il s'agit d'un jeu amateur, pas vraiment exceptionnel même du point de vue de l'auteur, qui y a passé plus de la moitié de sa vie. Dans cette courte vidéo, il explique pourquoi ça lui a pris autant de temps et quelles sont les erreurs qu'il a commise. C'est très instructif pour qui veut se lancer dans la création de jeu (je reconnais déjà quelques problèmes que j'ai moi-même à surmonter en ce moment), et présenté de façon simple et drôle.
- This Is Phil Fish : Pour citer l'auteur, cette vidéo n'est pas à propos de Phil Fish, mais de toutes les personnes qui ne sont pas Phil Fish. Sans chercher à défendre au attaquer la personne, elle analyse comment fonctionne la célébrité sur internet, et comment se crée les mouvements de haine. Très intéressant, et laisse méditer. D'autant plus que le message a immédiatement été démontré par certains haters, qui se sont contenté de poster des parodies de la vidéo juste pour traiter Phil Fish de "Asshole", ou dans les commentaires, où une "discussion" sur les bronies démontre l'effet décrit dans la vidéo de manière magnifique. x)
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Mes reins sur ebay (pas encore disponible)
On va enfin tout savoir sur le jeu de Mat1er!!
Blague à part, bonne idée que de nous faire partager tout ça, et bonnes vidéos en l’occurrence (même si j'ai pas saisi toutes les subtilités de la seconde, le type va trop vite et pas assez de texte pour compenser, vu mon anglais nazique J'aurai au moins appris pourquoi j'ai toujours détesté Nickleback ...et pourquoi Phil Fish est indéniablement un asshole... ^^)
Hey salut,
J'ai suivi le fil de la conversation et en parlant d'articles et de vidéos autour de la création dans l'indé, je me demandais si quelqu'un avait vu le premier épisode de Super Gamejam. J'ai lu l'article d'Indie Mag sur cette série de documentaires et je me tâte à la prendre sur steam.
Concernant Super Game Jam, je ne l'ai pas encore vu. Mais c'est prévu, quand j'aurai un peu plus de sous !^^ Le concept est sympa, les développeurs intéressants, et la mise en scène et musique du trailer bien chouettes.
Lu tout récemment sinon : The self and software, un essai par Robin Arnott, développeur de Deap Sea (un survival-horror uniquement audio) et Sound Self (un jeu de relaxation et de transe sonore avec l'Occulus Rift)
C'est un point de vue un peu de "non-jeu", mais je trouve intéressant de considérer la plupart des jeux comme de la "manipulation de données", et d'essayer d'aller au delà pour offrir avant tout un voyage dans lequel le joueur s'immerge.
Même si c'est une opinion avant tout, qui ne s'applique pas pour tous les types de jeu (relever des défis et comprendre des systèmes et des motifs, c'est amusant aussi), c'est une ambition très pertinente. Il y a des points que l'on considère obligatoires pour les jeux, comme la difficulté ou la rejouabilité, mais qui en soit ne sont pas toujours nécessaires, et ne devraient pas s'appliquer partout. La manipulation de donnée est un moyen, mais pas (toujours) une fin.
À noter aussi dans un des commentaires : « Les jeux consistent à gérer des données autant que les romans consistent à traduire des signes en un langage : je veux dire, oui, à l'évidence, il s'agit de ça, mais quelqu'un qui croit cela a raté l'essentiel. Si c'était le cas, on ne lirait que des manuels d'instructions, et on ne jouerait qu'à Excel. »
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Oui enfin World of Goo a pas eu des ventes fabuleuses donc c'est un peu exagéré de le mettre à côté de Braid et de Minecraft (même s'il est meilleur)
Waiting for the perfect RPG
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