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Portrait de chefgeorges
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Message Sujet: [Mon Test] The Way :)     05/01/2017 à 18:59

(NB : je sais que d’autres ont déjà donné leur avis sur le jeu, mais je ne cherche pas ici à contre-argumenter ou même à appuyer ce qui a été écrit dessus. Je ne l’ai même pas lu à vrai dire, ou très peu. Je tenais à le préciser)

Je viens de finir The Way, et immédiatement je me suis mis à mon clavier pour partager mon ressenti sur le jeu. J’en avais autant envie que besoin…
Mon premier regard sur le jeu (sans même y avoir joué) fut à travers le prisme du souvenir de deux jeux qui ont bercé mon adolescence : Another Word et Flashback. Pour une raison bien simple : tout le monde ou presque faisaient la comparaison, notamment lors du kickstarter. Je ne pouvais donc que m’intéresser à son cas, pardi ! Néanmoins j’aurai attendu les soldes Steam pour m’y mettre enfin (et pas ceux de décembre, mais les précédents).

La volonté de raconter et d’exprimer…

Et sans plus attendre, il me faut évacuer un truc important : non, ce n’est ni un Another Word-bis, ni un Flashback-bis ! Bien évidemment, le studio évoque clairement cette inspiration, mais à mon sens elle avant tout inconsciente. Un paradoxe me direz-vous ? Non pas vraiment. Mon point de vue est le suivant : les dév' ont (peut-être) voulu "reproduire" ces jeux d'antan, mais ils s'en sont finalement éloignés (même s'ils font évidemment partis de leur bagage culturel, tout comme de celui des joueurs trentenaires).

IMAGE(http://www.playway.com/images/stories/24_screens/s12.png)

Ça me parait aussi important de ne pas chercher à comparer ce jeu à ses illustres ainés pour une raison simple : ce jeu est une œuvre d’auteur ! Alors oui, je suis le premier à trouver ça "ronflant" et un peu idiot (tout autant que dans le cinéma : quand on parle de "cinéma d’auteur" ça me hérisse toujours le poil, comme si un film pouvait exister sans auteur ! Certes il peut être inspiré ou pas, talentueux ou pas, plein-d’autres-choses ou pas… mais un film à forcément un auteur ! Comme un jeu-vidéo…)

Mais ça se sent qu’on a voulu nous dire quelque chose, nous faire passer un message… D’ailleurs dès l’écran titre tout est dit ! Cet homme, seul devant la tombe d’un être aimé disparu, comme perdu devant une certaine immensité froide et déshumanisée, rendue par ces gratte-ciels en fond. On lance le jeu et là… nos premiers gestes sont pour déterrer le corps de notre femme ! Un vrai malaise s’empare de moi à cet instant. Puis son corps et mis en stase dans un container. On se retrouve ensuite à notre appartement. La première partie est ici une mise en place de l’histoire. A la manière d’un point&clic, on passe devant des notes qui nous révèlent des éléments de l’histoire principale. J’ai été frappé par la sensation de solitude et de mélancolie profonde qui se dégage de ces premiers instants avec le jeu. On ne croise d’ailleurs aucun autre humain, si ce n’est sur des photos. On comprend qu’on a une mission : retourner avec le corps de notre femme sur la planète ou nous menions ensemble des recherches sur une étrange cité ou les habitants avaient semble-t-il découvert le secret de la vie éternelle. Pour ce faire, un plan se dessine pour voler un vaisseau…

Je n’irai pas plus loin dans l’histoire, mais je peux dire qu’elle est très bien écrite. Certains aspects sont vraiment surprenant (des choix parfois audacieux qui font du bien dans un jeu-vidéo

Spoiler :

). Le final est ouvert, et à mon avis celles et ceux qui, comme moi, ont vraiment vécu intensément et émotionnellement l’aventure, ont dû majoritairement comprendre qu’elle était le meilleur choix… tellement évident finalement !

Beau, candide… et parfois crispant.

Que dire des graphismes, si ne n’est qu’ils sont très beaux. Dans un style pixel-art net (comprenez avec des aplats de couleurs et des dégradés obtenus par tramage), on montre devant nos yeux des panoramas superbes, des ambiances léchées, et des animations convaincantes… Quoique, si je voulais chipoter je dirai que le personnage qu’incarne le joueur aurait mérité un meilleur traitement. Par exemple, en passant d’une vue de 3/4 à une vue de profil on voit un net rétrécissement de la tête. De même, les animations pour sauter et s’accrocher restent assez sommaires. Mais je chipote un peu. Certaines bestioles ont par contre eu un traitement soigné, très appréciable. Mais globalement, c’est superbe !

IMAGE(http://www.vgblogger.com/wp-content/uploads/2016/04/TheWay.jpg)

La musique est LA grande réussite du jeu. Pas une faute de goût, discrète mais toujours au bon moment et sur le bon ton, elle apporte un vrai supplément d’âme au jeu. Panu Talus a fait un magnifique travail de composition, qui donne cette atmosphère si particulière au jeu.

Néanmoins, tout n’est pas rose. Le jeu souffre de quelques problèmes de game design et de gameplay, qui à certains passages (au moins trois de mémoire) rendent l’expérience de jeu particulièrement frustrante. Déjà, contrairement à Flashback, le sprite du joueur n’a pas animation lorsqu’il se retroune en courant. Animation qui au passage permettait au joueur de ne pas s’apercevoir qu’en fait le sprite stoppait net sa course (comme dans un Mario). Mais ici c’est différent, car le sprite glisse et la nuance est de taille ! Déjà, comme on n’a pas d’animation de retournement, le personnage se retourne d’un coup tout en continuant de glisser un instant en arrière… perturbant au début. Et surtout, ça rend certains passages pénibles : sauter sur une minuscule plateforme avec un personnage ayant du savon sous les chaussures n’est pas chose aisé. Et puis le jeu semble avoir été pensé d’abord pour un combo clavier-souris. J’y ai joué avec ma manette de 360, c’est faisable (sauf pour un passage, ou à force j’ai dû repasser sur clavier pour avoir une chance de passer le niveau).

IMAGE(http://www.thewaygame.com/wp-content/uploads/photo-gallery/s17.png)

Mais le plus crispant ce sont les problèmes de gamedesign. Ils ne sont pas nombreux mais feront râler même le joueur le plus tolérant (comme moi). Déjà, on pestera quelques fois sur des allers-retours un peu inutiles, même si globalement la logique des énigmes est bien amenée (et bon point au passage, car si rien n’est expliqué ou presque, c’est un vrai plaisir que de comprendre par soi-même la logique d’une énigme. Je n’ai jamais été coincé très longtemps). Mais à certains moments précis, le jeu devient inutilement dur ! On se retrouve avec un gameplay de die&retry inutilement exigent et avec une maniabilité peu adapté. La plus grosse erreur de game design fut sur un niveau, au 3/4 du jeu. On doit faire une espèce de course en ligne, en évitant des obstacles. Ceux-ci sont sur 3 lignes. On pourrait s’attendre à "sauter" de lignes en lignes pour éviter les obstacles (comme dans tout bon jeu d’arcade d’antan). Et bien non ! Ici les mouvements sont libres, sans repères au sol. Une vraie torture !

Pourtant, je ne peux m’empêcher aussi de penser qu’une partie de cette difficulté est voulue par les auteurs, comme si on était en train passer un véritable rite initiatique. Comme si tous ces efforts, qui laisseraient des traces chez le joueur, étaient là pour nous impliquer un peu plus dans le récit et permettre au joueur de ressentir en quelque sorte les efforts et sacrifices du personnage.

Hypnotisant, imprégnant… inoubliable !

Et pourtant… moi qui fulmine régulièrement sur la difficulté exagérée de certains jeux indés (comme sur Hyper Light Drifter, que j’ai adoré tout en détestant la difficulté qui a gâchée une partie de mon expérience de jeu), et bien ici ça ne m’a pas arrêté. Même si certains passages sont pénibles, mal fichus, ou bien trop dur… j’avais qu’une envie : continuer ! Et ça pour moi c’est la marque d’un grand jeu ! Je suis certains que dans quelques mois je ne me rappellerai que les bons moments sur The Way et que j’en parlerai encore avec passion, enjoignant à qui voudrait bien m’écouter d’essayer absolument ce jeu.

IMAGE(http://www.thewaygame.com/wp-content/uploads/photo-gallery/s03-1.png)

C’est bien simple, lors de la révélation finale (la bonne fin), j’avais ma manette posée sous le menton, les coudes sur mon bureau, un petit sourire béa et quelques étoiles dans les yeux… Oui The Way est un très bon jeu, sans doute déjà « culte » pour certains. Et ce malgré ses défauts qui sont bien réels. Mais quand on est devant une telle œuvre, une telle démarche d’auteur, une telle envie de bien faire et d’être généreux, le joueur honnête et sincère que je suis ne peut qu’être touché…

IMAGE(https://www.indiemag.fr/sites/all/themes/indiemag/images/note_carlo_bon.png)PARFOIS FRUSTRANT, MAIS INOUBLIABLE AU FINAL.
Résumé : The Way est un excellent jeu qui multiplie les gameplay, allant du point&clic au plateformer, en passant par le jeu d’énigme et même le shump. C’est aussi ce qu’on appelait avant un cinematic-plateformer (comme Another Word ou Flashback), avec une histoire prenante et un récit brillamment séquencé. Mais il peut être pas moment crispant à cause de quelques soucis de gameplay et de game design. Néanmoins, rien d’insurmontable tellement le scénario et l’ambiance nous donne furieusement envie d’en découvrir la fin. Car plus que la finalité, c’est le chemin qui est important ici…