Je ne sais pas si c'est à sa place ici mais comme il y a eu un article à ce sujet sur le site, ça doit bien faire partie, à sa manière, de l'actu indé, qu'on le veuille ou non.
Une petite scène, observée hier à la fnac d'Annecy :
UN CLIENT - Bonjour. Vous avez Child of Light ?
LE VENDEUR - Une seconde, je regarde sur mon ordinateur. Le voilà.
Il se dirige vers le rayon PC et donne une grosse boite blanche au client qui l'observe désappointé :
LE CLIENT - Oh, c'est juste un code pour le télécharger...
LE VENDEUR - C'est parce que c'est un jeu indé. Ils ont pas assez d'argent pour graver des DVD. Mais au moins, comme ça, ils peuvent quand même le vendre en magasin. C'est bien pour eux, ça leur fait de la pub.
LE CLIENT - C'est vrai. Et en plus c'est moins cher pour nous !
C'était le petit théâtre de l'absurde, en direct de la fnac d'Annecy.
Wai, c'est bien connu qu'Ubisoft n'a pas assez de sous pour presser des disques, ou pour faire une compagne de pub digne de ce nom.... Du coup j'attendrai qu'il soit en soldes sur Steam pour l'acheter, ça leur apprendra!
"Voler est d'une simplicité biblique, si tu ne sais pas comment t'y prendre. C'est le truc important : ne pas être du tout sûr de savoir comment on s'y prend"
Plutôt à côté de la plaque, en effet. xD Je trouve la démarche bizarre, en même temps. Vendre un jeu en boîte, c'est super pour ceux qui n'ont pas internet… Mais s'il n'y a qu'un code de téléchargement, ça annule tout ! Ne risque t-il pas d'y avoir des consommateurs un peu inattentif qui achètent sans se méfier ? :/
Pour ce qui est de l'expression « Ça leur fait de la pub », soit dit en passant, je la vois souvent utilisée comme excuse pour une compagnie qui a commis une énorme bourde. Dès fois c'est un peu justifié (du genre une campagne marketing polémique), d'autres fois c'est complètement absurde. Par exemple, durant l'affaire Candy de King, j'entendais ici et là des petits malins affirmer « Maintenant on parle d'eux, c'est l'effet voulu ! ». Et en effet : à présent, King a une réputation d'entreprise malhonnête et sans scrupule… Si c'était vraiment une stratégie de communication, l'équipe derrière mérite une médaille ! =D
Mes jeux sur itch.io
Mes vidéos sur Youtube
Mes reins sur ebay (pas encore disponible)
Voila, c'est de ce genre de choses horribles dont je parlais dans l'article. Tu vais me faire faire des cauchemars cette nuit avec cette histoire !
[img]http://www.indiemag.fr/sites/default/files/Forum/bandeau_forum.jpg[/img]
Work in progress. The whole time.
Énorme et édifiant! (et pathétique aussi...)
Mais là on touche finalement un autre problème: la compétence des vendeurs... :/
Et au sens large, parce que la dernière fois lors d'un passage éclair au rayon photo d'une Fnac parisienne (tiens, encore la Fnac ^^), j'entends un type qui se renseigne auprès d'un vendeur en vue de l'achat d'un réflexe numérique, et les explications fournies étaient plus que confuses et inexactes lorsqu'ils s'agissait de caractériser les différences entre les 2 tailles de capteurs les plus courantes sur ce segment (APS-C et "FF" pour ceux qui voient de quoi il s'agit... ^^), et surtout la différence entre les objectifs prévus pour ces deux types d'appareils! Autant dire que le vendeur de toute évidence n'y connaissait rien, mais avait bien compris en revanche comment pousser le consommateur vers le produit qui lui ferait la plus grosse marge.... Et dans ce genre de domaine, l'incompétence d'un vendeur est bien plus délétère pour le consommateur (qui risque de finir par payer 1000€ de plus pour un truc qui lui conviendra pas plus, voire moins...) que quand on est au rayon jeux-vidéos.... :/
(j'avais bien envie d'intervenir, mais j'avais malheureusement pas le temps ce jour là de me lancer dans un rabrouage argumenté en règle du vendeur incompétent, ce qui a été une grosse frustration de ma journée...)
Sinon ,pour revenir à "Child of Light", ça me fait quand même doucement rigoler comment Ubi annonce un jeu de studio cependant développé "dans les conditions de l'indé"...
Ok, ils ont donné plus de liberté qu'à l’accoutumer à leurs créatifs... Mais ça c'est leur problème si le reste du temps ils leur lient les mains pour les forcer à accoucher de projets ternes et formatés!
Voir quand Mr Plourde relate "Les dessinateurs dans le jeu vidéo sont habitués à créer des personnages féminins sexy, et ils voulaient donc mettre une grosse poitrine à Aurora. Je leur ai dit non!" C'est à mourir de rire devant la bêtise décérébrée que cela semble accorder aux dessinateurs spécialisés, on voit bien l'espèce de bête à dessiner qui ne fait et ne sait faire que ça, utilisant toujours les mêmes codes de façon bulbaire ; et là d'un coup "mais attends, pourquoi tu veux pas qu'elle est des gros seins? C'est toujours mieux avec des gros seins! Tout le monde aime les gros seins!!".
Bref.
Ce qui me fait bien marrer surtout c'est que quand on voit le résultat quand même de toute évidence très réussi à tous les niveaux (y compris technique!), extrêmement léché et bien fini, on se dit que quand même tout dans ce jeu est ambitieux, et rondement mené: malgré ce qui est dit (un "petit jeu" avec un "petit budget"), on est quand même devant un jeu qui semble bien bénéficier de la finition et du savoir faire d'un gros studio! Alors du coup, quid des "conditions de l'indé" vanté par Ubi, ou du moins relayées comme telles par la presse?
Déjà il est évident que les développeurs de ce Child of Light sont des gros bras du jeu-vidéo (le sus-nommé Mr Plourde, qui a dirigé le projet, a par le passé été responsable d'Assassin's Creed: Brotherhood et de Far Cry 3) et qu'à ce titre ils bénéficient d'un savoir faire des plus solide, en plus de tous les outils de développement surement bien puissants propre à Ubi, qu'ils maitrisent qui plus est parfaitement.
Ça c'est une chose acquise, mais encore le monde de l'indé est aussi plein de gens d’expériences qui ont fui (de gré ou de force) les gros studios, on ne peut pas reprocher à quelqu'un d'être compéténet, talentueux, et expérimenté! Ce qui fait bien souvent la plus grosse différence (objective en tout cas) entre un jeu indé et AAA, c'est le budget.
Et donc, de quels moyens financier à bénéficier ce "petit jeu" au "petit budget"?
Je n'ai pas vu de chiffre officiel, mais on apprend quand même de la bouche de ce Mr Plourde qu'effectivement "nous avions une contrainte de budget et de temps [un an pour créer le jeu, ndlr]. Le budget total de Child of Light équivaut à deux mois de production d'un Assassin's Creed, qui demande deux ans de travail!". Ca semble effectivement peu par rapport à un jeu AAA, mais encore faut-il voir que que le budget d'Assassin's Creed 2 était de 24.000.000$ ; que celui du 3 serait estimé à 50.000.000$ ; celui du 4 mystère et boule de gomme... Donc bref, si on reste sur le référentiel minoré d'Assassin's Creed 2, il faut croire que Child of Light a bénéficié d'un budget d'au moins 2.000.000$!! Ce qui est quand même colossal pour un "ptit jeu" au gameplay 2D quand même très simple, au moteur de jeu déjà existant (celui de Rayman Legend), développé au sein d'un énorme studio qui a surement fourni toutes les ressources matériels et logiciels dont il disposait déjà. Au final avec un tel budget, pas étonnant d'apprendre que c'est une équipe d'une trentaine de personne qui a travaillé sur le jeu! Là encore, ce n'est pas une "petite équipe", et ils se sont fait plaisir parce qu'avec 2.000.000$ de budget sur un an de développement, ça fait en moyenne 5.500$ mensuel par tête de pipe. Pas mal.
Donc en résumé, Child of Light = une équipe de 30 développeurs chevronnés, au sein d'un studio qui fourni (outre l'expertise des développeurs donc) matériels et solutions logiciels clés en main (dont un moteur de jeu déjà fait et rodé), et un budget de 2.000.000$...
Si c'est ça les "conditions de l'indé", pourquoi donc tant de Kickstarter qui se "contentent" de demander quelques dizaines de milliers de $? pour des projets mené par une poignée de personne dépassant rarement la demi-douzaine? Là ce n'est plus de l'indé, c'est de l'underground...
(PS: voir interview --au demeurant intéressante-- de Patrick Plourde ici:
http://www.lefigaro.fr/jeux-video/2014/04/30/03019-20140430ARTFIG00170--child-of-light-je-ne-voulais-pas-du-cliche-de-la-princesse-attendant-son-prince.php)
Child of light, pour moi, c'est du pur Ubi-Soft.
Ils sont capable de faire de très bon jeux, certes, mais ils sont atrocement malhonnêtes quand il s'agit de faire du fric. D'un côté ils sortent le même jeu qui marche tout les deux ans sans même corriger les bug (tout ceux qui ont jouer a Assasin Creed 3 pendant plus de dix minutes me comprendrons), d'un autre côté ils sortent des bons jeux qui valent le coup mais avec une publicité fausse et/ou abusive (Rayman Origin qu'ils ont annoncer comme étant le retour a la 2D sauce Rayman 1. Et j'ai toujours pas trouver le liens avec Rayman 1...), et des fois un jeu bon avec une bonne pub.
Child Of Light entre sans problème dans la deuxième catégorie! Le jeu est bon, rien a redire la dessus, mais la publicité qu'ils lui ont faite est ignoble. Le jeu n'as rien d'indépendant, et on sent pendant qu'on y joue que les mecs avaient tout ce dont ils avaient besoin. C'est pas un mal, le jeu n'as pas beaucoup de gros défauts, mais du coup tout ceux qui découvrent l'indé par ce jeu auront un point de vue totalement faussé, genre "ouais ils disent indé mais ils ont tout ce qui leur faut". Et a cause de ce jeu, les a priori du style "Faire un jeu c'est facile trololo" vont probablement être encore plus impactant, puisque les gens pourront se dirent "ouais mais la on a un jeu indé, donc une mini équipe sans budget, et pourtant le jeu vaux autant qu'un Mario de chez Nintendo, du coup c'est que c'est facile a faire un bon jeu"...
Bon ok je suis en train de m'énerver tout seul et du coup mes phrases sont de moins en moins logique... Mais voilà, Child Of Light, c'est très bien, mais c'est pas UNE SEULE SECONDE un jeu indé, et sa n'as rien a voir avec de l'indé!
Bloup, bloup, bouloubouloubouloup!
Tout est possible, tout est réalisable, c'est le jeu de la vie.
Je vous trouve sévères. Ubi n'a pas tort de mettre en avant les aspects positifs du développement du jeu. Ça reste à l'échelle d'une grosse maison d'édition, mais c'est quand même un projet qui a laissé beaucoup de liberté artistique aux créateurs, et a effectivement une équipe et un budget plutôt limités en comparaison des productions habituelles d'un éditeur. Et c'est bien parce que c'est un projet à petite échelle pour Ubisoft qu'ils ont pu se permettre une prise de risque (si ce genre de projet n'est pas répandu parmi les jeux AAA, c'est bien parce que rien n'assure leur vente).
Ubisoft n'avait bien évidemment pas l'intention de simuler de façon rigoureuse un développement indépendant. Ils ont des compétences, des moyens, et des outils pour développer efficacement. Notamment, ici, l'Ubi-Art framework est un outil surpuissant pour donner la main libre aux dessinateurs et animer facilement. Leur stratégie a été de tenter de faire un jeu à un budget moindre avec une équipe réduite (encore une fois, à leur échelle) en laissant davantage de place au côté artisanat qu'aux études marketing. C'est aussi une forme d'expérimentation (comme Ubi est en train d'en faire avec l'Ubi-Art), qui leur permet d'encaisser un éventuel bide sans trop de perte.
C'est une excellente initiative, et ils font bien de communiquer là-dessus. C'est la plus-value même du jeu, les gens qui sont derrière ! Même si ce n'est pas indé, ça suit résolument cet esprit, à l'échelle d'un gros éditeur.
Ensuite, c'est aussi un peu à la presse et aux gens de ne pas faire d'amalgame non plus. Quand on sait que le jeu est développé par Ubisoft Montréal, c'est évident qu'il bénéficie d'un budget et de moyens techniques suffisant, et qu'il ne peut pas constituer une norme pour l'indé.
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