J'avais écrit cet article en 2015 pour Renard Loquace. Il est finalement paru dans la revue lyonnaise Médiations philosophiques. Les récentes déclarations de Madame Parisot ont hem... "surpris" mes collègues de la communauté littéraire. Du coup je republie cette analyse qui concerne différents secteurs, dont le jeu vidéo indépendant.
En janvier 2015, les dessinateurs de BD ont défilé à Angoulême et appelé à l’aide le président Hollande car leur métier est menacé par une précarisation grandissante. Le projet d’augmentation de la cotisation de leur retraite complémentaire équivaudrait à les priver d’un mois de salaire (alors que la majorité d’entre eux touchent à peine le SMIC).
On aborde ici un problème qui concerne également les domaines de la littérature, de la musique et du jeu indé. Certains lecteurs vont peut-être me taxer de marxiste, mais je note une certaine récurrence dans les commentaires à propos d’un sujet bassement matérialiste : le salaire des artistes. Que touchent-ils vraiment ?
D’ordinaire, les artistes qui défilent à la télévision mènent grand train : trois voitures, plusieurs villas aux quatre coins de la planète, bateau privé, fêtes tous les soirs, etc. Si, comme moi, vous lisez dans le journal que tel ou tel artiste a touché plusieurs millions pour sa dernière création, vous n’êtes pas tentés de les plaindre. Et pourtant ces stars ne constituent que le sommet de l’iceberg et dissimulent la situation réelle de leurs collègues.
Le problème principal étant que le salaire des artistes ne reflète pas leur temps de travail.
Pourquoi ? La faute aux méchants patrons ? À un état qui a sacrifié la culture ? Au peuple inculte ? Pour comprendre le dénuement des artistes, il faut soulever le capot et observer les mécanismes : la baisse des tirages, la diversité et surtout la non-scalabilité.
1) Les méthodes éditoriales
Tout d’abord, les méthodes éditoriales ont changé. Les éditeurs (de BD et de romans) publient plus de titres mais baissent les tirages. Pourquoi ? L’objectif de l’éditeur est d’avoir un catalogue étendu pour couvrir tous les goûts et vendre un maximum. Si possible, couper l’herbe sous le pied du concurrent en récupérant tous les artistes disponibles, la tactique étant d’étouffer l’autre.
L’éditeur n’est pas fou : il minimise les risques en choisissant un tirage bas. Il ne va pas imprimer 10 000 exemplaires d’un nouveau venu pour les envoyer au pilon. Mais de l’autre côté, l’artiste vend moins, donc touche moins.
Vous verrez des artistes protester : ils trouvent qu’on accepte trop de nouveaux débutants. Ce genre de remarque s’étend aussi à la littérature et au jeu vidéo. Et on peut les comprendre. Quand vous avez peiné pendant des années pour atteindre le statut professionnel, que vous avez sué sang et eau pour sortir votre premier album, et qu’on vous annonce « finalement on va accepter tout le monde », vous pouvez éprouver un sentiment d’injustice. Vous l’avez méritée, votre place. Et au lieu de vous récompenser, on baisse vos revenus.
Solutions ? Redonner dans l’élitisme ? Difficile avec Internet et la logique de démocratisation. Offrir un espace d’exposition sur Internet pour se lancer (ex : Amilova ) ? Obliger les éditeurs à mieux rémunérer les artistes ? S’ils peuvent. Aucune instance ne peut les y forcer.
2) La non-scalabilité
Si vous n’aimez pas les mathématiques, ce passage réveillera vos pires souvenirs, néanmoins je vous enjoins de lire le raisonnement pour comprendre le problème des inégalités.
Pour la majorité des métiers, votre salaire dépend de votre temps de travail. Par exemple, le salaire d’un dentiste, d’un boulanger, d’un mécanicien va dépendre du temps de travail et corrélativement du nombre de clients. Celui qui travaille soixante-dix heures par semaine gagne deux fois plus que le voisin à trente-cinq.
Vous m’objecterez que cette proportionnalité mathématique n’est pas toujours respectée. Les femmes sont moins payées à compétences égales et on peut observer des disparités entre deux professionnels, mais cela reste limité : comparez deux professeurs, deux maçons ou deux médecins. Le salaire peut varier du simple au double voire du simple au triple. C’est inégal mais on reste dans les limites du raisonnable.
Maintenant, observez les métiers non-scalables : artistes, sportifs, inventeurs, traders. Le salaire ne dépend pas du temps de travail, mais de la réussite. Et les écarts deviennent abyssaux pour ne pas dire indécents. Comparez deux footballeurs, deux développeurs ou deux acteurs. Le salaire ne varie pas du simple au double mais de 1 à 1 000. Là, on peut parler de profonde inégalité.
Mais comment ? Comment nos sociétés démocratiques peuvent-elles tolérer des écarts de la sorte ? Pour comprendre ce résultat, il nous faut expliquer la logique du cygne noir et la répartition des ventes.
a) Inégalités entre les artistes
D’abord, prendre conscience de la très forte inégalité dans la répartition des ventes. Le principe de Pareto ou « loi du 80/20 » s’applique, en pire. D’après les chiffres des Editions Humanis, la moitié des auteurs publiés vendraient moins de 300 exemplaires, 10 % vendraient plus de 1 000 et seulement 1 % passerait la barre des 2 000. Un écrivain peut passer un an sur un roman et toucher moins de 300 euros (autant rester au RSA) quand un auteur de best-seller gagne 500 000 euros sur un livre. Choquant ? Non. Ce n’est pas un choix des artistes.
Si vous espériez vivre de votre art, vous mesurez le problème. Devenir professionnel est déjà difficile, en vivre l’est encore davantage.
Dans le milieu du jeu vidéo indépendant, les mêmes inégalités apparaissent dans les répartition des ventes, que ce soit sur les store ou sur Steam.
b) Inégalités au sein du travail de l’artiste
Dans un métier classique, vous gagnez le même salaire d’un mois sur l’autre. Si vous êtes employé vous savez que votre salaire de mars sera équivalent à celui d’octobre.
La rémunération de l’artiste est inégalement répartie dans le temps car il peut réaliser un très bon mois de janvier (sortir une BD, un livre ou un jeu qui a du succès) et rater son mois de juillet (une création invendable ou passée inaperçu). Cette caractéristique rend difficile la projection et la prévisibilité pour un artiste : comment décider d’acheter une voiture ou une maison si on ne peut prévoir les revenus des années ou des mois à venir ?
3) Quelles solutions ?
Si vous êtes un artiste, soit vous cherchez le stable, soit vous espérez le « cygne noir », soit vous visez la solution collective.
Option 1 : Stable. Vous optez pour un métier fixe avec salaire régulier. Par exemple, un programmeur travaille pour une entreprise dans la semaine et s’attaque à son jeu vidéo le week-end. De même, nombre d’écrivains exercent la profession de journaliste. Ces artistes disposent de moins de temps mais leur salaire est assuré. Exemple : un artiste qui exerce comme professeur d’arts plastiques durant l’année scolaire a la garantie d’un revenu régulier.
Option 2 : Cherchez le « cygne noir » !
J’emprunte cette expression au philosophe libano-franco-américain Nassim Nicolas Taleb, qui désigne un phénomène inattendu aux conséquences démesurées, un événement exceptionnel. Cela peut être négatif (la crise de Fukushima) ou positif (La Horde du Contrevent d’Alain Damasio).
L’inégalité n’existe pas qu’entre artistes : le principe de Pareto s’applique aussi à vos créations. En résumé, 20 % de vos meilleures productions vous rapportent 80 % de vos revenus (et si on poursuit selon ce schéma les 4 meilleurs % rapportent 96 %, etc.) La sortie d’un seul et unique « tube » peut représenter pour un artiste la majorité de ses revenus.
Le gros problème de cette recherche du cygne noir est que l’artiste peut vivre des années en s’escrimant sur des œuvres invendables, sans savoir quand il rencontrera le succès (s’il le rencontre un jour) et va donc se décourager.
Option 3 : La solidarité. À l’échelle nationale, on envisage le RSA ou le statut d’intermittent du spectacle pour pallier le manque de revenus mais cela s’avère souvent insuffisant.
On pourrait former des coopératives d’artistes : mettre en commun les gains et redistribuer. Cela permettrait de faire vivre plus d’artistes mais on va m’objecter que cette vision « communiste » a échoué au vingtième siècle. Dans les sovkhozes, les paysans payés par l’Etat travaillaient pour le bien public et disposaient d’une petite parcelle privée à côté. Etrangement cette dernière absorbait tous les efforts, tandis que l’entreprise nationale voyait ses rendements péricliter. « Pourquoi je trimerai pour remplir la caisse commune ? »
Ma préférence va à la solution collective, malgré son caractère utopique. Ensemble nous sommes plus forts et nous pouvons produire des œuvres de qualité. Certes, on partagera mais, « mieux vaut gagner 1 % d’un million plutôt que 100 % de rien du tout ».
Intéressant.
Après je n'ai pas suivi ce qu'a dit dame Parisot à ce sujet.
Je tempèrerai quand même par quelques considérations bassement pragmatiques :
Sur les méthodes éditoriales, ce ne sont pas non plus le nombre de tirages qui font les ventes, plutôt l'inverse : si l'éditeur imprime un livre à 1000 exemplaires et qu'ils sont tous vendus dans la première heure de la sortie, t'inquiète qu'il fera d'autres tirages, et tardera pas à sortir les bandeaux rouges "l'évènement littéraire de l'été", "déjà 200.000 lecteurs conquis", etc. A l'inverse s'il prévoit 100.000 exemplaires et en vend 200, il va être un peu dégouté.
Bien sûr, derrière il y a le marketing qui permet de favoriser les ventes d'un livre par rapport à d'autres, mais pas besoin d'être un fin analyste pour remarquer que, particulièrement dans l'édition justement, beaucoup des plus gros best sellers ont été porté bien plus par le public que par l'éditeur, qui n'a fait que suivre.
Quant à l'"élitisme" vs la liberté de tous de publier s'il produit une œuvre de qualité, je ne voit pas où il devrait y avoir débat. Que ceux qui, à une époque où la visibilité était difficile à obtenir ont réussi à obtenir une place confortable de nanti chouchouté par leur éditeur, défendent farouchement leur status privilégié face à des ptits nouveaux qui leur livrerait une concurrence insolente, c'est un réflexe (bassement) humain et bien sûr attendu. Mais c'est évidemment non défendable. Si un débutant arrive avec en poche une création qui peut frontalement se comparer avec les travaux d'un (présumé) grand maître, il n'y a pas de raison qu'il se voit rabaissé sous prétexte qu'il serait nouveau dans la maison ! Le travail doit être jugé indépendamment des ascendants et préjugés qu'on peut avoir sur l’œuvre ou l'auteur.
Après que l'éditeur édite plus d’œuvres en moins grandes quantités, ou se montre plus sélectif en offrant moins de choix (mais supposé de meilleure qualité) avec de plus forts tirages, il s'orientera probablement le plus souvent vers ce qui est le plus payant pour lui (ce qui est complètement normal et ne peu pas lui être reproché! surtout à une époque où l'auto-édition n'a jamais été aussi facile). Et au final, si c'est la première option qui s'avère la meilleure, c'est parce que c'est celle qui s'accorde le mieux avec le comportement des consommateurs. Et si les auteurs sont (individuellement) moins rémunérés dans ce modèle, c'est simplement parce qu'ils rapportent (individuellement) moins d'argent, donc c'est parfaitement normal là encore. Si quelqu'un était à blâmer, ce serait uniquement le consommateur, mais en même temps je crois qu'il est bien libre de consommer comme il l'entend.
Pour ce qui est de la "non-scalabilité", je ne suis pas du tout économiste et donc assez étranger à cette notion. En tout cas, dans ce que tu décris, il y a des trucs qui me perturbent un peu :
C'est quoi pour toi un "métier classique" ?
Il y a pleins de métiers où ce n'est pas le cas, tout ce qui touche aux activités commerciales, artisanales ou libérales, ce qui fait quand même pas mal de monde ! Demande à ton fleuriste s'il gagne autant à la Toussaint qu'en plein mois d'août...
Et la notion de "salaire horaire", c'est quand même une notion bien administrative, qui n'a pas tant de réalité que ça en pratique réelle. Quelques exemples tous bêtes :
- Au boulot je passe régulièrement devant un bureau occupé par 3-4 personnes (rattaché au département administratif en l'occurrence), et A CHAQUE FOIS que je passe devant, ça discutaille sec. Et t'inquiète qu'ils arrivent pas spécialement en avance et partent jamais en retard ("faut quand même pas être deux fois en retard dans la même journée" ). Alors peut-être que je suis médisant, et que PAR HASARD je passe devant TOUJOURS au seul moment de la journée où ils sont en pause blabla. Mais j'ai un doute quand même. Et ils sont payés probablement un salaire donné pour 35h de travail mensuel, sauf que si je devais compter le temps de travail EFFECTIF fourni sur les 35h de présence, ça volerait pas haut.
- Dans le milieu des consultants, il est classique de facturer une prestation en "jours de travail". Bon j'uis pas trop expert du milieu, mais à ce que m'a expliqué un frangin qui fait un peu ça, ce nombre de "jours de travail" est en fait une notion standardisée très théorique, qui reflète plus l'ampleur (supposée) de la tache que le temps qui y sera réellement alloué. En l'occurrence, une boîte hyper efficace pourra p.ex. bouclé un travail représentant "10 jours de travail" (et facturé donc en rapport) en 7 voire 5 jours (voire moins en fait!), et se retrouver à réaliser en 10 jours réels de travail PLUSIEURS contrats de "10 jours" théoriques. Au final, elle se retrouve non pas a être payée par rapport au temps de travail, mais à l'efficacité. Alors même que si on regarde les décomptes administratifs on va bien retrouver une taxation indexée à un certain nombre de "jours de travail", et si on ne connait pas le milieu on va effectivement croire que le gain est bien proportionnel au temps travaillé. Alors que non. (en plus les "jours" ne représentent pas un nombre d'heures rigoureusement défini...)
- Si je suis concessionnaire auto j'aurai beau passer 10h par jour dans ma boutique, mes gains seront liées au nombre de ventes effectuées, qui ne seront pas forcément proportionnelles au temps passé "au travail" !
- Etc.
Après il y a bien sûr des métiers où il y a une corrélation RÉELLE (et non pas en décompte administratif) entre temps de travail EFFECTIF et rémunération, comme p.ex. les travailleurs en usine, où quand on passe 8h à la chaine, on passe 8h effectives à serrer des boulons. Pareil pour l'employé de McDo, etc. Mais dans beaucoup de cas, la réalité va il me semble complètement à l'encontre de la théorie toute lisse et des décomptes administratifs.
À ce titre le cas des artistes et des footballeurs n'est donc pas si marginal que ça. Si ce n'est effectivement dans l'amplitude des "inégalités" constatées.
Encore faut-il voir ce qu'on entend par "inégalité", et surtout qu'elle implication "morale" certains vont vouloir y placer.
Parce que "inégalité" ça a plusieurs niveau de sens :
- niveau premier, objectif et dénué de toute implication morale = une "non égalité". Point.
- à un niveau sociologique, employé de façon souvent fortement orientée avec une connotation négative = une inégalité de répartition des ressources entre individus au sein d'une société ; en fait sous-entendu très généralement : une mauvaise répartition des ressources ...
Cette dernière définition pose évidemment un problème à toute réflexion qui en découlerait, si on considère cette "inégalité" comme intrinsèquement "mauvaise", et en fait "injuste". Si on décrète cela en amont d'une réflexion, autant dire qu'on introduit un biais qui confine au dogmatisme.
C'est différent de considérer qu'une inégalité (sens premier, bassement pragmatique, simple constatation) existe, et d'en déduire APRÈS réflexion que cela est "injuste" (ce qui nécessite déjà de précisément définir ce qui serait "juste" et ce qui ne le serait pas, ce qui ne me paraît déjà pas évident ).
Bref, tout ça pour dire qu'en l’occurrence, OUI il y a des inégalités évidentes et trèèès importantes dans certains métiers, MAIS cela est-il "injuste" pour autant ?
Le cas du footballeur est un excellent exemple, parce qu'effectivement on va souvent décrier les salaires exorbitants que vont toucher les stars du secteur (quand il va sans dire que dans le même temps, il n'y a pas grand espoir de vivre de sa passion footballistique quand on ne dépasse pas la barre des championnats départementaux). Ce discours d'indignation extrêmement répandu, et pas loin d'être consensuel, oublie quand même il me semble un fait important : les millions que ce mettent mensuellement en poche les footballeurs les plus en vue, ils ne les ont pas volé ! PIRE, s'ils sont autant payés, c'est parce qu'ils sont estimés faire gagner bien plus aux clubs (et à toutes les ramifications économiques qui y sont rattachés), et donc en toute logique, vue cette valeur ajoutée gigantesque qu'ils apportent, il peut être estimé "normal" et même "juste" qu'ils soient payés en conséquence. Et le PIRE DU PIRE c'est que tout cet argent qu'ils aident à engranger et dont ils récupèrent (légitimement ?) une partie, c'est uniquement le citoyen qui le verse, et de façon parfaitement consentie ! Oui, le même citoyen qui au dîner de famille va s'indigner de la situation ... mais qui va regarder les matchs à la télé et ensuite acheter le dernier iPom à la mode ou la voiture allemande dernier cri parce qu'il en aura vu une pub aguicheuse pendant la mi-temps. Si Zlatan et ses potes sont des moyens exceptionnellement lucratifs de promouvoir des voitures ou des smartphones, alors c'est plutôt normal qu'ils s'arrachent à prix d'or, non?
Au final, qui est le plus à blâmer dans l'histoire ? Ne serait-ce pas une nouvelle fois le comportement du consommateur, si on voulait à tout prix désigner un "coupable" ? Mais est-on en droit d'aller à l'encontre de la liberté du consommateur de dépenser comme il l'entend, à grand renfort d'une censure morale des comportements, qui se baserait sur une vision unique, arbitraire et imposée de ce qui serait "bon" et ce qui ne le serait pas ? (Mais peut-on considérer que le consommateur exerce sa pleine liberté lorsqu'il est conditionné par des messages publicitaires de plus en plus insidieux ?...)
Bon en tout cas, c'est à mon sens pareil pour les artistes : comment légitimement revendiquer un salaire si son travail ne génère pas de revenu, si son œuvre ne se vend pas ?
(Et à l'inverse, quoi de plus normal que quelqu'un qui rencontre le succès par le fruit de sa créativité puisse profiter des retombées économiques qu'il engendre ?)
Il y a quand même (évidemment ) une réflexion à mener sur est-ce qu'on peut laisser les comportements de masse des consommateurs dicter quelles créations doivent survivre et lesquelles n'émergeront jamais.
Cela pose déjà la question de savoir QUI est à même de juger de la qualité d'une œuvre. Il y a quand même une vision élitiste qui veut que le "grand public", la "masse", la "plèbe" ait un goût de chiotte, et que les œuvres réellement brillantes, ayant une réelle valeur artistique, ne puissent être reconnues que par une minorité de connaisseurs. Et ce n'est peut-être pas dénué de fondement, il y aurait des choses à dire à ce sujet. Mais donc il faut déjà poser le fait qu'on adhère à cette hypothèse si on veut voir autre chose que le marché définir quelle création mérite une reconnaissance appuyée (et un salaire en rapport), et lesquelles sont bonnes à sombrer dans l'oubli.
En l’occurrence, deux mécanismes existent pour rémunérer les artistes sur des bases qui dépassent les basses considérations du succès commercial :
- l'un spontané (et qui existe depuis la nuit des temps) : le mécénat. Où une personne qui en a les moyens (ou du moins estime qu'une part de ses moyens mérite d'être engagé dans cette cause) va soutenir (financièrement ou par d'autres méthodes) des artistes qu'elle estime le mériter.
- l'autre institutionnel, sous la forme de subventions, qui est une forme importante mais tributaire de deux problématiques :
1. avoir des fonds à dépenser pour cette cause, quand même secondaire par rapport aux besoins primordiaux qu'imposent la gestion d'un état ; il s'agit donc de préoccupations qui vont surtout se développer dans un pays riche et à l'économie fleurissante (ce que n'est pas forcément la France de nos jours)
2. décider sur quels critères et selon quelles modalités ils vont être versés (critères qui devraient idéalement être aussi objectifs que possible, mais comment être objectif quand il s'agit de juger l'art?)
Dans un système démocratique, les subventions (leur importance et leurs modalités de distribution) relèvent d'un "choix de société" sensé être porté par la représentativité des personnes que le peuple place au pouvoir. Le mécénat relève lui purement d'initiatives individuelles (qui peuvent toujours se regrouper sous la forme de fondations p.ex.).
A noter qu'avant l'avènement de régimes démocratiques, les deux (mécénat et aide institutionnelle) étaient souvent intimement intriqués, puisque les nobles ou les monarques étaient souvent les premiers à soutenir les artistes qu'ils appréciaient, pas de façon forcément strictement financière, mais en subvenant à leurs besoins matériels (leur offrant gîtes et couvert) et jouant de leur pouvoir pour imposer leur notoriété (on pourrait bien sûr citer François 1er et Louis XIV pour les plus évidents).
Quant à l'utopie de revenus mutualisés, tu donnes toi-même la réponse il me semble :
Y'a que le "étrangement" qui me parait ... étrange, justement. J'aurais plutôt dit "naturellement".
Et là encore, on en revient à incriminer le comportement spontané de la masse des individus. Est-il pour autant à blâmer (et donc faut-il s'opposer à certaines libertés), ou faut-il simplement s'en accommoder ?
Une analyse intéressante, Rune. Nous avons mené le même type de réflexion à un moment donné, qui nous a menés de notre côté à créer notre collectif il y a 2 ans. Pour le moment ça ne nous mène nulle part, on est juste "ensemble" dans l'effort, mais à défaut de nous permettre de vivre décemment cela a au moins un avantage : ça nous aide à rester motivés, car on se sent moins seuls dans notre situation de précarité.
Je ne suis pas sûr que tout cela intéresse beaucoup les joueurs (sans vouloir offenser personne - je parle ici des joueurs dans un cadre très très global), et c'est normal : c'est le résultat qui compte pour eux, c'est à dire le jeu qu'ils payent et auquel ils jouent. La vie de l'artiste/développeur et sa façon de procéder, bien souvent elle est secondaire. Peu importe si l'auteur a les moyens de vivre, de faire un second projet, ou de s'améliorer : qu'il se débrouille, c'est son boulot après tout, son choix et sa passion. Il a qu'à faire un Kickstarter !
Il faut vraiment être en situation pour bien comprendre les difficultés rencontrées et s'en émouvoir : se retrouver sans revenus et/ou à travailler pendant son temps libre, s'être battu pour monter un projet, obtenir un statut, gérer le marketing et les ventes, et faire cela tous les jours de l'année sans attendre d'autre récompense qu'un article perdu sur un site, masqué par la grosse annonce du moment. La seule vraie récompense est la fierté d'avoir réalisé une œuvre unique, et d'avoir pu en parler avec des personnes du monde entier, provenant de différentes cultures.
Il faut simplement oublier le fameux proverbe : "tout travail mérite salaire". Il ne s'applique pas à nous. Les développeurs de jeux, c'est bien connu : ils passent leur temps à s'amuser !
Espérons donc que nos politiques ne prennent pas tous les artistes en général pour des personnes aisées, et finissent par entendre notre détresse.
A commencer par la création d'un statut adapté aux artistes individuels (ras le bol des aides inaccessibles) ! Récemment en discutant avec un jeune qui voulait se lancer et qui me demandait mon avis, je me suis aperçu qu'il était complètement perdu face au nombre de statuts et sous-statuts possibles (ça m'a rappelé des souvenirs). Il m'a dit : "je suis allé demander conseil à l'URSSAF, je leur ai dit que je fais un jeu, que je suis perdu avec le RSi, le régime micro-social simplifié, les activités de design ou de graphisme, mais ils n'ont pas pu m'aider à choisir un statut idéal pour un développeur."
L'auto-entreprise n'aide pas à décoller et à se lancer, contrairement à son objectif initialement prévu : elle permet simplement de se mettre plus ou moins en règle avec la loi lorsqu'on gagne de l'argent en tant qu'individu (c'est déjà pas mal, vous me direz). Hélas on découvre petit à petit les points faibles de ce statut, bien souvent lorsqu'on y est confronté. Lorsqu'il faut payer un compte bancaire pro, prendre une assurance RC pro, verser 22% des revenus en cotisations, sans avoir la possibilité de déclarer ses charges (achats de logiciels et de matériel), payer la cotisation foncière des entreprises, et partager ses revenus avec ses collaborateurs (musiciens et autres), on se demande alors quel est l'intérêt de nous limiter en plus avec un seuil de 32 000€ de chiffre d'affaire par an (chiffres approximatifs).
Petite illustration : Marcel développe et vend des jeux depuis 2013, sans grand succès. Il gagne 5000€ avec ses jeux en 2014, c'est très peu mais malgré tout encourageant (il a enfin fait quelques ventes, c'est mieux !), alors il "survit" comme il peut en attendant des jours meilleurs. Il s'accroche et se démène sur son nouveau projet pour qu'il cartonne. En 2015 ce projet sort, et Marcel assure le marketing comme un dieu ! Miracle (c'est le mot), Dézingator Ultra se vend bien et Marcel gagne 35 000€ dans l'année. Il est content, c'est l'équivalent d'un bon salaire mensuel pendant 1 an. De quoi payer le loyer le temps de faire un nouveau jeu, quelle joie !
Seulement il faudra 2 ans à Marcel pour faire son nouveau jeu, un jeu aussi bien, voir mieux que son précédent succès s'il veut continuer son activité : il sait que les joueurs l'attendent désormais au tournant. Or, entre temps, comme il a explosé le plafond annuel d'auto-entrepreneur (35 000 > 32 000), il est devenu automatiquement une Entreprise Individuelle. Il a donc + de charges et de nouvelles obligations, tout est un peu plus complexe. Ca lui coute encore un peu plus cher, et il sait qu'il ne va quasiment rien gagner pendant encore 2 ans, le temps de faire son nouveau jeu... En 2016 et 2017, Marcel va donc dépenser une grosse partie de ses bénéfices durement gagnés, tout en travaillant jour et nuit pour sortir un nouveau jeu qui aura probablement moins de succès, la mode étant passée, et il se retrouvera sur la paille dans les années qui suivront. Le pauvre Marcel n'avait pas vu à long terme, et n'est pas protégé par son statut.
Un exemple pessimiste pour un pauvre homme sans doute mal informé (bosseur malgré tout), mais un peu plus réaliste que le chanceux qui rafle tout ! On a tendance à oublier que les artistes, les vrais (ceux qui ont une certaine sensibilité), ne sont souvent pas doués pour le business.
Il y a sans doute d'autres solutions que l'AE vous me direz, toutes sortes de cas (créer un studio à plusieurs, être salarié...) mais la plupart des développeurs individuels qui débutent choisissent la possibilité de Marcel, avec beaucoup d'espoir.
http://www.theicehouse.fr
Bonjour et merci pour vos retours détaillés.
Il y a matière à réaliser un nouvel article.
Sur la question des méthodes éditoriales, ce sont principalement mes collègues de la bande-dessinée qui m'ont rapporté le problème de la baisse des tirages. Je suis d'accord avec Nival : l'éditeur malin va vite réimprimer un titre à succès. Toutefois il semble que cela limite les ventes et la tranche des auteurs "moyens" qui en vivaient jusque-là se serre la ceinture.
Mon expression "métier classique" n'est peut-être pas la plus pertinente. Je reprenais le raisonnement de Nassim Nicholas Taleb. Disons "métier fixe avec salaire régulier": les fonctionnaires, les administratifs et les salariés du privé. Effectivement on exclut les indépendants. Le but du raisonnement est de montrer que certains métiers "prudents" offrent de la prévisibilité parce que la rémunération est proportionnelle au temps de travail alors que d'autres métiers (artistes, développeurs indés) n'ont pas cette prévisibilité. La somme gagnée n'est pas directement proportionnelle au temps de travail.
Exemple: Je suis professeur, j'ai besoin d'argent pour payer le crédit de ma voiture. Je vais demander des heures supplémentaires. Je peux calculer combien d'heures je dois effectuer.
Par contre, si je suis écrivain et que je dois payer le crédit de ma voiture. Je ne peux pas calculer. Je peux passer deux cents heures sur un roman qui rapportera 300 euros alors qu'un autre écrivain aurait gagné dix fois avec le même temps de travail.
D'où la frustration et parfois le sentiment d'inégalité ou d'injustice dans les milieux artistiques.
Je ne veux pas porter de jugement "politique" ou "moral" sur ces inégalités. Je voulais juste détailler les mécanismes pour expliquer ce qui les produit. Au niveau humain, certaines personnes vont éprouver des sentiments (inégalité, injustice) alors que, comme Nival l'a bien dit, c'est une question de système. L'exemple du footballeur génère des débats parce qu'il s'accompagne d'un sentiment d'injustice. Je comprends la logique économique: le footballeur justifie son salaire puisqu'il rapporte de l'argent au club. Mais le footballeur qui gagne cent fois plus que son collègue peut-il prétendre qu'il a travaillé cent fois plus ?
La solution du mécénat est aussi une piste. Alain Damasio a un mécène et ne le cache pas. C'est une solution pour donner de l'autonomie aux artistes en dehors de la logique de rentabilité.
J'ai découvert Icehouse. Je ne peux qu'approuver l'idée. Un collectif accroit ses chances d'obtenir de la visibilité. Je ne sais pas si cela "mène nulle part" mais la psychologie est une dimension essentielle. Je pense aux doctorants dans les facs qui vivent chacun de leur côté, travaillant six ans sur un sujet pointu qu'eux seuls comprennent... Etrangement plus de la moitié des doctorants abandonnent leur thèse. C'est l'épuisement. Dans certains facs on a créé des associations de doctorants pour rassembler les individus, échanger, communiquer et cela joue vraiment sur le moral.
Je suis aussi d'accord avec toi sur l'exemple de Marcel et le système actuel. Ca mériterait presque un serious game pour apprendre à déclarer ses impots! Ce qui est paradoxal c'est que les conditions de création artistiques en viennent à être conditionnés par des conditions économiques. La réalité est à des kilomètres de la vision fantasmée des artistes qui créent par inspiration.
Une histoire qui évolue selon l'heure, la météo et la géolocalisation, c'est https://www.viafabula.com/
De plus en plus d'artistes font le choix du financement participatif/mécénat, du type Patreon ou Tipeee.
Pour prendre un exemple français récent, Maliki (auteur de la BD du même nom édité chez Ankama) vient de faire le saut et explique les raisons (parlant de sa vision du problème d'édition en France aujourd'hui) dans un comic strip : http://maliki.com/strips/a-croisee-chemins/. Il s'en sort plutôt bien avec 11 K€/mois de don pour le moment (il faudra observer sur la durée pour voir si ce chiffre reste stable, il est trop tôt pour en faire un bilan).
Cela dit, ce n'est pas une recette miracle et pour espérer avoir une base suffisante de contributeurs pour gagner suffisamment pour subvenir à ses besoins il vaut mieux être déjà connu. C'est le cas de Maliki qui a déjà un bagage derrière lui avec plusieurs albums en ventes et un site web qu'il alimente de comic strips depuis plusieurs années.
De mon côté, traînant un peu sur Patreon et soutenant quelques artistes depuis plus d'un an, j'ai pu voir de plus en plus d'artistes faire le pas et se lancer vers cette méthode de financement.
Bien sûr, les revenus sont inégaux et dépendent largement de la popularité et de l'activité du créateur, ce n'est donc pas vraiment un moyen de subvenir à ses besoins si vous débutez, puisque personne ne vous connaîtra. Vous devez vous débrouiller pour faire connaître votre nom sur le Web, puisqu'une maison d'édition ne le fera pas pour vous.
Mais si vous arrivez à percer, cela peut devenir une source plus ou moins stable de revenus, suffisant pour subvenir à une personne (ou plus si vous avez vraiment du succès, Sakimichan (attention, peu contenir un peu de contenu NSFW, censuré cela dit) récolte plus de $27k par "term" (entre 1 et 2 par mois selon son emploi du temps), mais bon, elle fait assez figure de cas exceptionnel).
Pour certains, leur patreon est devenu leur activité à temps plein, pour d'autre, c'est un complément à côté d'autres projets (Ilya Kuvshinov s'en sort pas mal avec ~$3k par semaine et depuis quelque temps elle dessine un manga, qui ne fait pas parti des objectifs du Patreon).
Comme le dit Maliki dans son strip, l'édition, c'est vraiment un système archaïque ! Ca s'écroule en direct sous nos yeux. Et les auteurs sont les premiers sacrifiés.
Donc, oui, vive les solutions alternatives !
Kickstarter a peut-être montré ses limites...
Mais le mécénat participatif, ça fait envie !
Je lis ça de mon côté
http://www.peppercarrot.com
et apparemment l'auteur s'en sort bien avec de nombreux petits mécènes, rejoignant vos avis concernant le mécénat participatif
Vive l'indépendance, et surtout dans nos jeux ;D
Hoooo et je viens de voir que c'est également patréon. Le système a vraiment l'air bien foutu mais peut-être se rapprochant trop dans l'avenir du modèle Youtube avec des gens connus engrangeant beaucoup de revenus et la masse qui s'en sort moyennement. M'enfin ce sera toujours mieux que la précarité actuelle qui touche les milieux littéraires...
Vive l'indépendance, et surtout dans nos jeux ;D
C'est quand même différent de Youtube qui se base sur les revenus publicitaires. Les revenus issus de Patreon ou similaires proviennent directement des contributeurs et est donc plus "fiable" que des revenus publicitaires. Personne ne peut venir réclamer des parts de votre travail (mais bon bien sûr si vos travaux sont uniquement basés sur des licences qui ne vous appartiennent pas, vous risquez tout de même de devoir rendre des comptes à un moment ou un autre).
Tu ne cherches pas à avoir juste des "vues", mais d'avoir des supporters fidèles.
Là où les revenus Youtube se baseront bêtement sur le nombre de vues, dans le cadre du financement participatif récurrent, ça sera surtout basé sur la capacité du créateur à justifier de la qualité de son contenu, si les gens aiment, certains seront prêt a donner plus que d'autres.
Sur Patreon, si tu arrives a être constant et construire une communauté fidèle, tu n'as pas besoin de milliers de contributeurs pour atteindre des sommes suffisantes pour être indépendant.
Je pensais plus au fait que le nombre de contributeurs puisse être limité et que le marché devienne très concurrentiel à force, avec de très gros revenus et de petits. Après de ce que tu me dis ça a l'air bien plus équilibré, si déjà les auteurs talentueux, passionnés peuvent en vivre sans penser constamment à l'argent ce sera une solution peut-être durable. Qui sait, l'édition telle quelle est peut-être en fin de vie et le client va chercher directement chez le producteur comme pour le circuit court bio ;D
Vive l'indépendance, et surtout dans nos jeux ;D
Concernant le risque de rendre le "marché" concurrentiel, je crois pas qu'aucun système ne soit exempt de ce risque. Peu importe le business model, les contributeurs ne sont pas une source intarissable de revenus, donc forcément, si tous les artistes décidaient de prendre ce chemin, les contributeurs devront faire des choix.
L'avantage par rapport au chemin classique, c'est qu'il y a beaucoup moins d'intermédiaires (seulement Patreon et les commissions pour les services de facturation (Paypal/banques)) et que donc l'auteur n'a pas forcément de faire un très gros succès (ou des centaines de milliers de vues sur YT) pour gagner sa vie.
Il faut, je pense, voir ça comme une alternative et non comme un moyen de remplacer complètement l'industrie "classique" (qui doit tout de même évoluer cela dit).
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Sinon, pour reparler de David Revoy, l'auteur de Pepper & Carrot, il sera intéressant de suivre la dernière initiative qui a été lancée par lui et l'éditeur Glénat (son billet de blog à ce sujet : http://www.peppercarrot.com/en/article378/derivation-publishing-by-glenat).
Pour résumer la situation :
David Revoy fait tourner un Patreon depuis quelque temps pour financer sa bande dessinée Pepper & Carrot, dont les chapitres sont disponibles gratuitement sur son site web. Les patrons qui donnent $3 ou plus ont droit à quelque bonus, mais la bande-dessinée elle-même est accessible à tous.
L'auteur est aussi un défenseur de la philosophie open-source, il utilise intégralement des logiciels libres (Linux, Krita, Inkscape) pour ses dessins et ses planches sont toutes publiées sous licence Creative Commons Attribution 4.0, ce qui permet en gros à n'importe qui de redistribuer ou modifier ses planches tant qu'ils créditent proprement les auteurs originaux et qu'ils précisent bien les éventuels changements qu'ils auraient apportés aux travaux d'origine. Cela inclus les utilisations commerciales.
Par ailleurs, les planches, ainsi que les textes des bulles sont toutes disponibles sur un dépôt Git sur Github .
Là où ça devient intéressant, c'est que l'éditeur français Glénat vient de rentrer dans la boucle afin de publier Pepper & Carrot au format papier. Il est donc intéressant de se pencher sur la façon dont va se passer le contrat d'édition, et de la position du patreon dans tout ça.
En gros :
Voilà pour les grandes lignes, je vous invite à lire le billet de son blog pour plus de détails.
Quel est votre avis sur cette initiative ? David Revoy semble être assez satisfait en tout cas.
Les points positifs que je peux imaginer de cette façon de fonctionner pour l'auteur :
L'éditeur fait globalement son boulot normal (marketing + investissements pour la publication papier), mais il y a des engagements en moins des deux côtés.
Si tout se passe bien, les deux en profitent, et dans le cas contraire, ça change peu de choses pour l'auteur qui ne misait pas ses revenus sur les ventes de l'éditeur. Bien sûr, il est aussi possible qu'un éventuel succès de l'éditeur sur sa version ne se traduise pas en succès similaire pour l'auteur lui-même.
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