Initialement sorti en 2012 puis réédité en 2013 et 2014 pour les consoles de Sony et la Wii U dans une version plus complète, Lone Survivor : The Director’s Cut est un Survival-Horror tout droit sorti de l'esprit tordu de Jasper Byrne, un développeur indépendant qui ne cache pas son amour pour la série Silent Hill. Avec Lone Survivor : The Director's Cut, Jasper Byrne relève le défi de nous faire vivre nos pires peurs, malgré le style rétro adopté ... Est-ce une réussite ?
Jouez seul dans le noir, augmentez le volume du son, c'est bon ? Une fois le "rituel" respecté, vous êtes prêts à entrer dans le monde de Lone Survivor. Un monde complètement ravagé par une épidémie dont on ne connait pas l'origine, et depuis combien de temps elle existe. L'histoire commence avec un jeune homme masqué dont on ne sait rien, même pas son nom (il est référé comme "Vous", le joueur).
Vivant dans son appartement pendant toute l'épidémie, notre héros commence à manquer de vivres, et est alors contraint à sortir dans ce monde effrayant. Nous comprenons alors pourquoi le jeune homme n'était jamais sorti : l'épidémie change les personnes en monstres agressifs. Commence alors une partie de cache-cache entre notre héros et ces créatures.
Graphiquement, Jasper Byrne a adopté un style rétro pour le rendu général du jeu. Le pixel art est beau, c'est indéniable, et on aime contempler le travail réalisé, mais il apporte un problème majeur : à une période où les jeux sont de plus en plus réalistes, ce rendu pixélisé, aussi travaillé soit-il, enlève une grosse part de peur au joueur (En soulignant aussi le fait que certains messages, écrits en gros pixels, soient presque illisibles) ... Un Survival-Horror qui ne fait pas peur ? Détrompez-vous. Ce que le jeu propose avant tout, c'est un voyage au centre de la folie et de la peur psychologique. Tout peut être réel comme faire partie de votre imagination, et ça apporte à l'ambiance quelque chose d'assez unique. L'ambiance, parlons-en. Jasper Byrne et Superflat Games ont réussi à créer une ambiance vraiment dérangeante, voire même malsaine, malgré le tas de pixels. Quelques passages sont justement présents pour tester les peurs des joueurs : claustrophobie, peur du noir, le jeu vous testera à tous les niveaux et c'est là son grand tour de force, il vous fera passer par des émotions qu'on ne pensait pas possible venant d'un jeu aux graphismes rétro.
La musique du jeu participe beaucoup à l'ambiance, passant de silencieuse à presque stridente en la présence des monstres. Elle joue un grand rôle dans la descente aux Enfers du héros, devenant vraiment perturbante par moments. On notera que la musique devient beaucoup plus douce dans la chambre de sauvegarde, presque réconfortante ...
Pour mieux rentrer dans l'ambiance, le jeu est rempli d'interactions avec l'environnement, certaines plus utiles que d'autres, mais qui apportent une profondeur non négligeable au background du jeu. Au-delà des interactions, le jeu est rempli de clins d'œil aux classiques du genre comme Resident Evil et, surtout, Silent Hill, à vous de les retrouver.
Si le jeu maîtrise l'horreur, on ne peut pas en dire autant de son côté "survie", qui, bien qu'assez complet pour un jeu de cette envergure, est tâché par plusieurs petits défauts qui peuvent gêner le joueur. L'immeuble est assez labyrinthique pour s'y perdre (certaines portes sont très difficiles à percevoir à cause de la 2D du jeu) mais heureusement il y a une carte par zone qu'il faudra trouver au préalable. L'endroit étant relativement sombre, une lampe torche est très rapidement mise à disposition du jeune homme pour mieux avancer, à utiliser avec précaution, les monstres étant attirés par la lumière et il faut faire aussi attention aux piles qui se vident très vite. Pour aider le joueur, des miroirs ont été placés à des endroits clés du jeu, qui serviront de téléporteur pour revenir en sécurité à notre appartement. Ils seront bien utiles pour éviter les couloirs infestés de monstres.
Ces personnes victimes de l'épidémie feront tout pour vous empêcher d'arriver à votre objectif, et si l'une d'elle vous repère, elle attaquera. Note très importante qui influe sur le gameplay : les ennemis ne peuvent pas être évités, c’est-à-dire, si l’un d’entre eux se trouve devant vous, vous devrez faire un choix sur comment aborder la situation. Plusieurs solutions s'offrent au joueur pour les affronter : la manière douce comme se cacher dans les recoins sombres (recoins parfois pas très visibles à cause de la 2D, ce qui fait que l'on se retrouve très souvent à tâtonner en espérant avoir une interaction au risque de se faire blesser), utiliser les viandes pourries pour les attirer et en profiter pour prendre la poudre d'escampette ou déployer des fusées éclairantes pour les effrayer, très utiles mais aussi très rares, donc à utiliser avec précaution. La manière forte consiste à utiliser le pistolet que l'on nous donne assez tôt dans le jeu et tirer sur tout ce qui bouge, tant que le nombre de munitions le permet ...
Les munitions et les fusées éclairantes ne sont pas les seules ressources mises à disposition pour le joueur, bien au contraire. Elles sont divisées en trois catégories, les documents, la nourriture et les objets importants. Les documents seront là pour informer le joueur sur certaines mécaniques de jeu et apporter un peu de profondeur au scénario. Pour la deuxième catégorie, malheureusement, tout l'aspect cuisine a été un peu raté. La nourriture ici servira à redonner un peu de vie au personnage s'il est blessé et, très souvent, manger un aliment tel qu'il est ne redonnera que très peu de vie. Pour compliquer, le héros peut mourir de faim s'il n'est pas nourri régulièrement. Pour offrir de grandes quantités de regain de vie, il y a deux options : cuisiner l'aliment à l'aide d'ustensiles ou associer deux aliments, et dans les deux cas, des problèmes se posent. Certains ustensiles ne s'obtiennent que si une certaine condition est remplie (Le joueur qui joue pour la première fois ne sachant pas laquelle part avec un gros handicap, vu qu’il n’aura pas accès à toute la cuisine) et les associations sont mal pensées : en effet, il peut arriver qu'un aliment A puisse être associé avec un aliment B mais pas l'inverse, c’est assez énervant ... Quelques indications sur ce qui peut être cuisiné et associé n’auraient pas été de trop. La dernière catégorie concerne les objets-clés qui existent dans tous les Survival-Horror, qui serviront à résoudre quelques énigmes (ciseaux, clés, etc.), ainsi que les ressources importantes (munitions, piles, ...).
Parmi ces objets, il y a les pilules. Celles-ci ont un fonctionnement bien particulier, elles vous aideront à mieux dormir lors de vos retours à votre chambre, mais auront un effet néfaste sur la santé mentale du personnage. Ces pilules sont surtout présentes pour aider le joueur en difficulté car si elles sont utilisées alors qu’il n’a plus de ressources, des munitions ou autres objets apparaitront comme par magie au réveil du protagoniste, au dépend de sa santé mentale. Mais il y a un souci : le joueur lambda qui ne sait rien du jeu arrivera très rapidement à cours de ressources, forçant ainsi l’utilisation des pilules. Prenons un exemple : le joueur arrive dans un couloir infesté de monstres, il utilise une fusée éclairante pour les apeurer (sachant qu'on ne peut pas les esquiver, a moins d'avoir un trou dans le mur, ce qui est assez rare) on arrive au bout du couloir et la porte est fermée à clé, il faut faire alors demi-tour ... On aura donc gaspillé une fusée précieuse pour rien, et si c'était la dernière, il faudra recourir aux pilules, ce qui est très frustrant quand on connait l'effet secondaire. Une personne qui joue pour la première fois multipliera ce genre d’erreurs, et l'une des deux mauvaises fins sera presque garantie (Cinq fins : deux mauvaises, une neutre, une bonne et une cachée, ces deux dernières ayant été rajoutées dans la Director’s Cut).
C'est à la fois l'aspect le plus important du jeu et celui dont le joueur est le moins informé, et c'est là le plus gros défaut du jeu. Comme cette mécanique n'affecte pas physiquement le personnage, le joueur ne s’en préoccupe jamais vraiment, que sa santé mentale soit au top ou au plus bas, c'est pareil pour lui. Ce que le jeu ne vous informe pas, c'est que quasiment toutes vos actions auront une conséquence directe sur la santé mentale du héros et très souvent dans le négatif.
Heureusement, il existe aussi quelques façons d'améliorer la santé mentale, comme cuisiner le plat préféré du héros ou réaliser des quêtes annexes, qui consistent à "aider" des PNJ ou trouver des objets. Attention, si vous vous y prenez mal, l'effet inverse est aussi possible, soyez prévenus ...
C’est vraiment dommage car le jeu a un vrai système de survie, complet et digne des meilleurs Survival-Horror, mais sa complexité (Sans parler des maladresses) peut vraiment être rédhibitoire pour les non habitués, qui sortiront sûrement frustrés de l’expérience.
Avec son ambiance digne des meilleurs jeux d'horreur et son gameplay qui utilise à merveille les codes du Survival-Horror, Lone Survivor est une perle pour tous les amateurs du genre. Les autres pourront aussi y trouver leur compte si quelques maladresses de design et la complexité du gameplay ne les rebutent pas. On pourra aussi pester contre le manque d'informations sur des mácaniques essentielles du jeu, et le scénario qui reste trop dans l'implicite, mais ce serait oublier toutes les qualités que le jeu possède, à commencer par un Pixel Art plutôt joli, une ambiance perturbante, un gameplay complet, et une grande rejouabilité qui propose aux plus audacieux un mode expert à découvrir, de relever le challenge des trophées et de débloquer les autres fins.
Fiche de jeu :
Nom du jeu : Lone Survivor : The Director's Cut
Nom du(des) développeur(s) : Jasper Byrne et Superflat Games
Genre(s) : Survival-Horror/Aventure
Support(s) : PC, Mac, Linux, PS3, PS Vita, PS4, Wii U.
Description : Survivez dans un monde ravagé par une épidémie dans ce jeu aux graphismes rétro.
Date de sortie : 23 Avril 2012 (PC, Mac, Linux), 25 Septembre 2013 (PS3 et PS Vita), 15 Octobre 2014 (PS4 et Wii U)
(Note : La dernière image est en anglais mais le jeu existe bien en français.)
saur sur la Xbox, merde ! Bravo pour ton test très complet. Ca donne envie d'y jouer.
Jeu aussi magnifique graphiquement qu'au niveau du Gameplay et de l'histoire! Il s'avère cependant assez dur et bonne chance à ceux qui veulent débloquer les trois fin!
Ton test résume parfaitement le jeu, bien joué!
Merci à vous, heureux que le test vous ai plu J'avoue avoir longtemps hésité avec la note maximale, pour les raisons que tu cites Arccuz, mais il y a trop de petits défauts qui au final peuvent exaspérer le joueur, en plus de la complexité du gameplay ^^.