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Comme beaucoup d'indés, Peter Moorhead ne fait pas dans le classique, mais va explorer de nouveaux horizons, loin des clichés des triple A des gros éditeurs. Il le dit lui même, il est "designer de fictions interactives" et a pour but de créer des "paysages digitales émotionnels à explorer et à interagir avec". Voyons ensemble si ce Stranded remplis ces objectifs.

On commence l'aventure directement, sans background, dans notre vaisseaux pour vite en sortir et constater qu'il s'est écrasé sur une planète peu commune où vivent des géants de pierre. Pour l'histoire, on s'arrête là. Le fait d'être lancé tel quel dans le jeu fait son effet. Le jeu a cette particularité que, sur cette simple base, votre imagination va prendre le relais et les questions vont commencer à tomber. Qu'est-ce que cette planète? Comment réparer mon vaisseaux? Qui sont ces géants de pierre? Que font-ils là? Etc. Vous aurez vite compris que vous êtes là pour découvrir et explorer, les environnements étant différents selon qu'on soit le jour ou la nuit et certains événements ne se passent qu'à certaines occasions.

Et ceci marche grâce à son ambiance unique. On a droit à du pixel art magnifique, avec des animations efficaces et une ambiance sonore et une identité visuelle unique. Ça sent le travail d'artisan et toute la bonne volonté et le perfectionnisme possible. Et bien qu'étant réfractaire au pixel art qui sur-peuple les productions indés actuelles, j'avoue avoir été conquis par celui-ci. Bref, le côté artistique rempli son rôle à merveille, c.-à-d. qu'il sert le jeu de façon magistral, nous poussant à partir à l'exploration.

... Car ce jeu possède quelques défauts assez lourds! Le gameplay n'est pas ici le principale et on comprend facilement sa présence timide et son côté lent. Il s'agit d'exploration et de fiction interactive pour reprendre les mots du concepteur, ce qui est très bien venu. Mais là où le bas blesse, c'est qu'il empêche, du moins lors de la première partie, de visiter certaines zones.

Je m'explique. Le jeu est découpé en plusieurs tableaux, vous cliquez là où vous voulez aller. Pendant ce temps, impossible de revenir en arrière ou de changer de direction: le personnage se déplace du point A au point B et plus aucun clic n'est permis. Il faut attendre qu'il s'arrête pour pouvoir revenir sur ses pas.

Second choix discutable, si vous voulez allez au tableau suivant, vous devez amener le personnage au bord de l'écran, pour ensuite recliquer pour que ce dernier marche enfin vers la zone suivante. Ceci rajoute une lourdeur au jeu, et lors de la première partie, vous pouvez donc skipper certains endroits uniquement par cette confusion.

Au final, le jeu a de quoi désarçonner si on ne sait pas à l'avance à quoi s'attendre. Acheter principalement pour son spitch de départ et ses graphismes, il se montre au début frustrant à cause de sa lenteur et de ses choix de gameplay qui mettront à mal nos habitudes de fun immédiat et d'actions nerveuses pour ensuite éclore et nous livrer toute sa poésie.

Le jeu ne plaira pas à tout le monde et se consacre à une niche de joueurs. Mais pour ceux-ci, son charme opérera malgré une durée de vie assez courte (moins d'une heure pour faire le tour) et une impression de jeu à l'état d'ébauche. On aurait aimé un peu plus de consistance et un environnement plus large à explorer. Stranded est ce qu'il est, ni plus ni moins et on attend avec impatience la prochaine aventure de Peter Moorhead, à l'oeuvre sur Murder, une courte histoire dans le style cyberpunk explorant "les conséquences de la moralité et de la sensibilité".

Nom du jeu: Stranded
Nom du développeur: Peter Moorhead
Genre: Aventure
Support: Windows, Mac, Linux
Description rapide: Jeu d'aventure minimaliste où l'ambiance prévaut sur le gameplay et l'histoire.
Date de sortie: 20 mai 2014