L'école des fantômes, par l'Atelier Sentô

Win
Rédigé par Atelier Sentô, publié le 06/04/2017, modifié le 11/04/2017
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Actuellement en tournée pour la promo de sa bande-dessinée Onibi, l'Atelier Sentô passe ses journées dans des TGV bondés et ses nuits dans des hôtels luxueux. Les rêves de gloire et d'argent leur ont-ils tourné la tête ? Ont-ils à jamais oublié la création de jeux vidéo ? Non, car on peut créer des jeux partout et avec tout le monde. Il suffit que l'occasion se présente…

A Nantes, le mois dernier, les planches originales de notre bande-dessinée Onibi étaient exposées à la Maison de l'Erdre sur l'île de Versailles dans un magnifique pavillon d'inspiration japonaise. En complément de cette exposition, on nous a proposé un workshop de deux jours au Pôle des Arts Graphiques de la Joliverie, un lycée privé. L'occasion était trop belle : on a tout de suite réfléchi à la possibilité de créer un petit jeu vidéo.

Souvent les ateliers qui nous sont proposés concernent des enfants très jeunes, ce qui exige de prendre garde aux thèmes abordés. Mais avec des lycéens, nous avions nettement plus de liberté. Nous avons donc décidé de rendre hommage aux histoires de fantômes japonais que nous aimons tant. Nous avions déjà abordé ce thème lors du dernier Inktober (un dessin par jour pendant tout le mois d'octobre) et cela nous avait bien amusé de gribouiller des choses horribles.

Quand nous dirigeons un atelier, nous mettons l'accent sur la partie graphique : création des personnages et décors puis leur intégration dans le jeu. Deux jours (c'est-à-dire une douzaine d'heures), ça reste court pour créer un jeu de A à Z. Nous préparons le scénario et la programmation à l'avance de sorte à arriver le jour J avec un prototype fonctionnel. Il nous faut donc réfléchir à l'histoire que nous voulons raconter. Puisqu'il s'agissait d'une collaboration avec des lycéens, il nous paraissait intéressant de choisir une adolescente comme personnage principal. Le cinéma japonais contemporain regorge de ces histoires d'amours adolescents qui basculent dans le fantastique, comme par exemple dans la belle adaptation filmée de la licence Project Zero par Mari Asato.

Pour ce qui est de la technique, à chaque fois que nous faisons un jeu en atelier, nous utilisons Unity et son plugin Adventure Creator. Pourquoi Unity ? Parce qu'il permet d'exporter les jeux en html5 et d'y jouer directement sur navigateur. Les participants à nos ateliers sont parfois très jeunes et souvent peu familiers des jeux vidéo et il est important que le produit fini soit le plus accessible possible. Adventure Creator, quant à lui, offre une série d'outils simplifiés pour créer un point&click. Avec son système d'actions à sélectionner et à relier entre elles, il permet de créer un jeu sans taper une seule ligne de code. Idéal pour nous car cela va nous aider à créer un prototype très rapidement.

Lors des précédents ateliers, nous avions créé des jeux en vue de profil, la parallaxe (défilement des plans à une vitesse qui dépend de leur éloignement) donnant l'illusion de la profondeur. C'est une technique adaptée au travail en groupe : chacun dessine un ou plusieurs éléments (un arbre, une maison, un buisson, …) qui, par leur accumulation, forment un paysage complet.

Mais cette fois, on voulait faire quelque chose de différent. Inspirés par quelques jeux que nous adorons (par exemple Little Party de Turnfollow et Sacramento de Dziff), nous avons choisi de faire de ce projet notre premier jeu en 3D ! Alors par contre on ne s'est pas mis à la modélisation pour autant. Nous avons juste prévu d'intégrer des dessins en 2D dans un espace en 3 dimensions. La caméra sera placée derrière le personnage et suivra son déplacement. C'est le genre de plan dont nous raffolons au cinéma depuis le magnifique film Elephant de Gus Van Sant. On espère ainsi créer une vraie immersion, la sensation d'entrer littéralement à l'intérieur d'un dessin à l'aquarelle.

Il nous a fallu quelques jours pour nous familiariser avec le fonctionnement de la partie 3D de Unity mais heureusement le logiciel est assez intuitif. Nous avons dessiné les éléments de notre jeu de manière très simplifiée et les avons répartis dans l'espace jusqu'à créer un début de décor. C'est amusant de planter ça et là des arbres, des maisons, des lanternes et voir aussitôt se créer un minuscule village japonais, semblable à ceux que nous avons explorés. En déplaçant la caméra, nous avons l'impression de nous y promener et, pour un premier essai, c'est déjà une petite victoire !

Le temps presse : il faut partir pour Nantes. On fignolera un peu dans le train mais déjà on a un prototype jouable avec une partie des dialogues et même une énigme finalisée. Bien assez pour montrer aux élèves afin de leur donner une idée et les guider lors de la réalisation des graphismes. Mais cela, nous l'aborderons le mois prochain...

The Coral Cave - Teaser français

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