Test - Mother Russia Bleeds : quand le beat’em all tourne au bain de sang !

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Rédigé par Avorpal, publié le 13/09/2016, modifié le 14/09/2016
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Vous savez ce qu’il y a de pire que de croiser la route de quatre russes tout en muscles, furieux comme des ours à la diète et bourrés de stéroïdes de combat ? Nous non plus à vrai dire et nous avons pourtant bien cherché. Jouer à Mother Russia Bleeds, du studio Le Cartel et édité par le label Devolver Digital, c’est comme manger une salade aux pixels dégoulinants de sang, aux baignes briseuses d’os sur fond de révolte populaire en ex URSS, le tout assaisonnée d’une pincée de nostalgie pour les beat’em all rétro à la Final Fight ou Street of Rage. Que du bon donc !

Le rétro, c’est chic

Si l’expression « faire du neuf avec du vieux » peut paraitre désuète en 2016, c’est pourtant celle qui nous vient à l’esprit en jouant à Mother Russia Bleeds. Nous sommes bien entendu coutumier à cette pratique, le jeu indé se fait fort depuis plusieurs années de remettre aux goûts du jour les trésors vidéoludiques de notre enfance. Ici, il est question du beat’em all, le défouloir par excellence à la subtilité douteuse qui remplissait nos bonnes vieilles salles d’arcades pendant la fin des années 80 et le début des années 90.

Mais en 2016, il ne suffit pas de se contenter de reproduire à la lettre les jeux vidéo du passé pour convaincre le joueur averti. Il faut également apporter sa touche personnelle, sa valeur ajoutée qui va embraser les esprits. Mother Russia Bleeds parvient-il, avec son beat’em all à la violence complètement assumée à se détacher de ses illustres ancêtres ?

La drogue c’est mal, m’voyez

Pour quiconque ayant posé ses paluches sur un beat’em all, Mother Russia Bleeds brosse dans le sens du poil. On y retrouve les mêmes sensations de gameplay qu’à l’époque. Ainsi, nous nous déplaçons de la gauche vers la droite jusqu’à ce que notre progression soit bloquée pour cause de junkies venant chercher des noises à notre russe en colère. Afin de progresser à nouveau, il sera nécessaire de nettoyer la zone à coup de tatanes dans la tronche voir même de batte de baseball ou de couteau. De baston en baston, nous progressons jusqu’à la fin du niveau où nous attend patiemment un boss et ainsi de suite jusqu’à avoir épuisé les 8 stages différents du jeu. Jusque-là, du très classique mais qui se voit agrémenter par quelques bonnes idées. La plus centrale d’entre elles, celle qui va également être largement évoquée dans le scénario (car oui il y a un scénario, nous y reviendrons), c’est celle de la drogue.

Suite à des expérimentations faites à nos 4 personnages, ces derniers sont devenus accros à la nekro, une substance verte qui, lorsque injectée dans les veines, permet de se donner un sacré coup de fouet ou d’ignorer la douleur – comprenez, se soigner. De manière assez barbare, il est possible lorsque notre seringue est vide, de se jeter sur un adversaire terrassé et en pleine convulsion pré-décès pour le ponctionner de toute la nekro qu’il a dans le sang façon vampire soviétique. Si au début du jeu, seule la seringue verte est proposée, il existe jusqu’à 10 autres drogues différentes aux effets surprenants. De quoi varier les petits plaisirs de la vie en somme.

Et tu tapes, tapes, tapes…

Du côté du scénario, Mother Russia Bleeds fait l’effort de nous proposer une véritable histoire avec son lot de dialogues. Ne vous attendez pas à une intrigue très recherchée mais elle a malgré tout le mérite de donner le ton et de nous proposer un contexte qui fonctionne merveilleusement bien. De plus, via quelques bonnes surprises, nous suivons nos russes enragés avec plaisir dans leur croisade pour casser des bouches par pur esprit de vengeance. Malheureusement, au-delà du plaisir d’aligner les gnons à la chaine, quelques problèmes peuvent parfois ralentir l’expérience.

Tout d’abord, les hitbox sont un tantinet capricieuses et il arrivera bien souvent qu’un coup qui devait porter soit sans effet ou qu’un événement à esquiver comme un train ou une moto nous touche en nous passant visiblement à côté. C’est frustrant surtout qu’ici, les erreurs ne pardonnent pas. Les dégâts que peuvent nous infliger la horde d’ennemis à laquelle nous faisons régulièrement face sont colossaux au point de faire disparaître subitement notre barre de vie avec le style d’un Gérard Majax. Si la difficulté est paramétrable, préférez partir en mode scénario à deux si possible pour plus de confort puisqu’il est possible de se ressusciter mutuellement grâce au nekro. Et puis la bagarre à deux, c’est toujours mieux c’est bien connu.    

Plein les yeux

Derrière Mother Russia Bleeds, quatre pairs de mains se sont afférés pour nous produire ce qui restera pendant longtemps l’un des jeux vidéo indépendant le plus sanglant que nous avons eu l’occasion de tester. Mais au-delà du simple déluge d’hémoglobine, l’esthétisme en pixel art de Mother Russia Bleeds est riche et variée. Chaque niveau traversé se démarque des précédents par son ambiance et par la nuée de détails que l’on peut apercevoir en fond. Ici, un chien dévore les entrailles d’un manifestant, là un sadomasochiste en tenue du dimanche observe la tuerie que nous produisons sans avoir l’air de s’en soucier. Au-delà de sa violence évidente, Mother Russia Bleeds tente également de nous faire marrer. Et le pire, c’est qu’il y arrive le bougre grâce aux répliques bien senties de nos héros au langage ordurier ou à l’absurdité de certaines scènes.

Pour ce qui est de la durée de vie, comptez entre 5 à 10 heures pour finir le mode histoire selon si vous jouez seul ou en coop (qui ne fonctionne qu’en local). À cela s’ajoute les différents types de drogues cités plus haut à débloquer ainsi qu’un mode arène qui propose 10 lieux pour affronter des vagues successives d’ennemis jusqu’à ce que mort s’en suive. C’est à peu près tout pour le contenu mais grâce à son mode multijoueur qui permet d’accueillir jusqu’à quatre manettes, Mother Russia Bleeds est typiquement le jeu que l’on recommence de temps en temps ne serait-ce que pour le plaisir de s’offrir un bain de sang accompagné de craquements d’os en bonne compagnie.

Da !
Un scénario dans une URSS complètement barrée et infiniment violente, un gameplay qui certes, s’essouffle au fil des heures pour son manque de variété mais qui reste réjouissant grâce aux effets des drogues, un mode histoire qui vous donnera du fil à retordre, un mode multijoueur en local et des graphismes de haute volée… Bref, Mother Russia Bleeds n’est pas le beat’em all parfait en tout point mais pourtant, il nous régale. Le mode histoire offre un challenge plus qu’élevé, notamment en solo et les 10 arènes disponibles permettent de se jeter dans la mêlée sans chichis pour tenter d’améliorer son score, seul ou jusqu’à 4 joueurs. Cerise sur le gâteau, l’ost signé par Fixions est punchy et accompagne avec brio l’action ! Bref, si Final Fight, c’était et c’est toujours votre came, foncez !

Mother Russia Bleeds - Gameplay Trailer 2016

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