Test - The Bunker, jeu vidéo ou film interactif ?

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Rédigé par Avorpal, publié le 23/09/2016, modifié le 24/09/2016
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Vous vous souvenez, de la Full Motion Video, cette technologie qui affichait de véritables vidéos filmés dans un jeu vidéo afin d’avoir un rendu aussi réaliste que possible ? Si devant le nombre de jeux de qualité douteuse ayant employé ce rendu, la FMV a été de moins en moins utilisée, on en retrouve encore des traces de nos jours, à commencer par le brillant Her Story. The Bunker, développé par Wales Interactive (Master Reboot, Soul Axiom) en partenariat avec Splendy Interactive, nous propose lui aussi un jeu entièrement filmé pour un rendu proche de ce que nous pourrions trouver au cinéma. La question est : allons-nous assister à un film ou jouer à un véritable jeu vidéo ?

Peut-être que tu penseras à moi quand tu seras seul ?

La guerre nucléaire a frappé l’Angleterre et plus largement, la totalité de l’Europe. Les bombes sont tombées par dizaines et ont entrainé tout le pays dans un enfer saturé en radiations. Heureusement, certaines régions avaient anticipé cette guerre et sont parvenues, avant qu’il ne soit trop tard, à construire des bunkers souterrains. À partir de ce point de départ qui rappelle la saga Fallout, nous allons faire la connaissance de John et de sa mère mourante (incarnés respectivement par Adam Brown et Sarah Greene).

Si autrefois, le bunker était peuplé par des dizaines d’hommes et de femmes, ils sont semble-t-il les derniers survivants. Très vite, un élément perturbateur va chambouler le quotidien de John outre le décès de sa maman : une panne est détectée par l’ordinateur central du bunker, l’obligeant à affronter seul sa phobie : sortir de sa chambre.

Les premières minutes de The Bunker sont prometteuses. Les acteurs sont convaincants et le scénario est assez bien amené pour nous donner envie d’aller plus loin. Et puis très vite, l’excitation tombe à plat. The Bunker étant en FMV complète, nous sommes littéralement dans un film avec des éléments d’interaction.

À la manière d’un jeu d’aventure à la première personne à l’ancienne, nous ne nous déplaçons pas librement dans les différentes zones du bunker, les transitions entre chaque écran à explorer étant assurées par un bout de vidéo. Premier problème : la latence entre une volonté action et sa réalisation est d’environ une seconde. Cela peut paraitre peu mais à force, cette seconde nuit et à l’immersion et au confort de jeu.

Peut-être que tu me demanderas de revenir à nouveau ?

Nous passons une grande partie du jeu seul, aux commandes de John. Si Adam Brown n’est pas toujours constant dans son jeu d’acteur, on sent un véritable investissement pour incarner son personnage, si bien que l’on finit par s’attacher à lui. D’ailleurs, dans l’ensemble, le casting de The Bunker fonctionne à merveille au point que l’on est parfois déçu de reprendre la souris en main après une scène. Et c’est là toute la force et la faiblesse du jeu.

Après avoir terminé les deux heures qui nous ont été nécessaire pour en venir à bout, nous serions presque désireux d’en voir plus à travers un court métrage ou un film plutôt qu’avec un autre jeu, ce qui est un problème de notre point de vue. L’utilisation de vidéos filmées apporte-t-elle une plus-value à The Bunker comme c’était le cas pour Her Story ? Définitivement non.

Pire encore, le format filmé impose des contraintes, supprime des libertés acquises depuis longtemps dans d’autres jeux vidéo du même acabit. Et comme si le game design n’était pas déjà assez souffrant, il nous retire littéralement le plaisir de résoudre les quelques énigmes du jeu puisque John nous répète régulièrement ce que nous devons faire pendant notre exploration du bunker.

D’ailleurs, à ce propos, le bunker, d’une taille modeste, est rempli de documents et d’enregistrements des anciens occupants des lieux. Et si nous sommes assez friands de découvrir des morceaux de scénario à travers les flashbacks de John, les traces écrites ne sont que moyennement intéressantes puisque celles-ci se contentent pour la plupart de nous évoquer des statistiques afin de nous faire comprendre à quel point c’est la fin du monde. Seul un fil conducteur aux sujets de morts mystérieuses dans le bunker nous tiendra en haleine jusqu’à découvrir la vérité.

Mitigé
The Bunker n’est pas une mauvaise histoire en soi. La dernière partie de l’aventure nous réserve quelques surprises et si le cheminement pour y arriver n’est pas toujours des plus passionnants, nous sommes parfois happés par le scénario au point d’en oublier que nous sommes dans un jeu. En revanche, les deux fins, abruptes au possible, déçoivent sans pour autant être catastrophiques. Si nous n’avions rien contre les jeux vidéo au gameplay minimaliste à la Firewatch ou The Stanley Parable, celui de The Bunker n’est pas seulement simpliste, il est également mal fichu et considérablement alourdi par la latence du au format vidéo. Le manque de challenge finira de nous convaincre que malgré certains bons passages, The Bunker n’est pas un jeu vidéo mais un film interactif qui aurait mérité pour son bien d’être séparé en deux parties : un véritable jeu d’aventure accompagné d’un court métrage sous la forme d’un cross média comme l’a récemment fait Quantum Break avant lui par exemple.

The Bunker - Le jeu qui se prenait pour un film | Test

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